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le metteur en scène Juliano Mer-Khamis assassiné à Jénine

  Le metteur en scène Juliano Mer-Khamis assassiné à Jénine

 

Nous apprenons l’assassinat d’un militant et artiste admirable, Juliano Mer-Khamis, de père palestinien et de mère israélienne, avait fait le choix de s’installer à jénine et d’y ouvrir le Théâtre de la Liberté, pour suivre l’exemple de sa mère Arna qui avait consacré les dernières années de sa vie aux enfants du camp de réfugiés de Jénine. A qui profite ce crime ? Ci-dessous l’hommage qui lui est rendu sur le blog du monde et une très belle lettre qu’il avait adressée à son ami Azmi Bishara.

 

"Il s’appelait Juliano Mer-Khamis et nourrissait un dessein déraisonnable et inconvenant : rapprocher les peuples israélien et palestinien. Son projet n’avait rien de la mièvrerie des rencontres sportives organisées à des centaines de kilomètres du théâtre des opérations. C’est au contraire dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, ancien “bastion du terrorisme” selon la terminologie israélienne du début de la deuxième intifada, que cet Israélien volontiers provocateur avait décidé de porter le fer de convictions héritées d’un couple de parents communistes eux-mêmes sangs mêlés (Arna Mer et Saliba Khamis).

Contre vents et marées, il y avait défendu le théâtre ouvert en 1989, en pleine première intifada, par sa mère et rasé au cours de la seconde après l’assaut donné en avril 2002 au lieu où s’étaient retranchés des miliciens palestiniens. Selon l’AFP, ce militant a été assassiné lundi 4 avril dans ce même camp de Jénine par un groupe d’hommes armés.

Acteur et réalisateur, Juliano Mer-Khamis avait consacrée à l’oeuvre de sa mère emporté en 1995 par un cancer, un documentaire extraordinaire : Les enfants d’Arna (voir un extrait ci-dessous). Sans nul doute le meilleur film pour comprendre la seconde intifada.

Source : http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/04/04/un-symbole-israelo-palestinien-assassine-a-jenine/

 

 

 

Lettre de Juliano Mer Khamis à Azmi Bishara, poursuivi par la "justice" israélienne.

 

 

"Azmi, mon frère

Tu as eu le bon sens de voir ce qui se préparait - les forces de sécurité avec le système judiciaire d’Israël ont décidé de prendre des mesures contre ce qu’ils appellent la « menace stratégique » des Palestiniens citoyens d’Israël, et de se débarrasser de leurs dirigeants. Ils veulent que nous revenions aux jours de la loi martiale - à la peur, aux permis, aux noires cellules des forces de sécurité, à l’époque où seuls les collaborateurs pouvaient réclamer au moins quelques-uns de leurs droits.

A l’intérieur des frontières de 1967, Israël n’employait pas encore les méthodes qu’il utilise actuellement dans les territoires occupés. Il n’exécutait pas les gens sans procès, ne tolérait pas les arrestations massives, ne causait pas la famine ni ne détruisait les infrastructures. Aujourd’hui, en tant que « seule démocratie du Moyen-Orient », Israël prétend fonctionner par des moyens justes et légaux.

Mais « la loi » est faite par les forces de sécurité et la police, les conseillers judiciaires du gouvernement et le système judiciaire sont ses employés à plein-temps. Ta condamnation était décidée bien avant que ne soient prononcées les accusations contre toi et tu n’as aucun moyen de prouver ton innocence devant ces criminels de guerre. Ils parlent un langage différent du nôtre - à leurs yeux celui qui est contre la guerre et aspire à la coexistence pacifique de deux nations est considéré comme un criminel et persécuté. Tu ne peux pas conduire une lutte politique depuis la barre des témoins. Ils ne te permettront pas de déclarer que tu te bats pour les deux nations. Dans les tribunaux de la police d’Etat, ils te mettront une corde autour du cou.

La terrible défaite qu’a infligée la résistance libanaise à l’armée israélienne les rend fous. En face d’une organisation vaincue et cruelle, nous devons agir sagement, avec intelligence. Après tout, il est plus sage pour un combattant de la liberté qui est isolé par une unité militaire de se retirer, ou d’échapper, pour attendre un moment plus favorable pour retourner le feu - et je ne parle pas d’échange de tirs mais du « feu » de la pensée et des écrits.

Azmi, mon frère - ILS ONT PEUR. Les commandants sont terrifiés et leurs soldats ont peur. Je les rencontre souvent dans le camp de réfugiés de Jénine où ils tirent sur les enfants qui jettent un coup d’œil depuis les étages supérieurs ou du coin d’une rue.

Apparemment, tu représentes une « menace stratégique » pour l’ « Etat Juif ». Il semble que ta vision d’un « Etat pour tous ses citoyens » est une menace pour l’existence d’Israël, un pays qui a été créé par la force, qui a imposé à une autre nation contrôle et discrimination. Les idées d’égalité ou de coexistence que représente le parti Balad privent le gouvernement d’Israël des principaux éléments idéologiques qu’il utilise pour justifier son existence - pouvoir, despotisme, ségrégation, racisme, barrières et clôtures.

Azmi, mon frère, tu n’as pas fui !

Tu as utilisé habilement les circonstances et réussi à échapper au peloton d’exécution que préparait pour toi le « système judiciaire ». En combattant aguerri, tu as échappé aux balles des forces de sécurité et tu t’es caché. Que ce soit dans les grottes de Galilée, du Qatar, de Dubaï ou du Caire, peu importe.

Beaucoup te conseilleront vivement de revenir. Beaucoup se réjouiraient de te voir pourrir dans les geôles de la police d’Etat. D’autres te sacrifieraient volontiers - ton courage dissimulant leur impuissance et leur peur. Toutes sortes de calomniateurs vont pousser comme des champignons après la pluie, et proclamer que les dirigeants n’abandonnent pas leurs troupes. Ils diront de toi que tu es un lâche et bien d’autres choses. Ignore tous ces appels au « courage et sacrifice ». N’écoute pas tes opposants politiques qui vont demander qu’on te pende haut et court sur la place de la ville. Continue ta lutte du dehors, comme tant d’autres personnes illustres. Qu’est-ce que l’exil sinon un sacrifice !

Sois sûr que le jour viendra où tu pourras revenir, porté sur les épaules de tes camarades.

Nous avons toujours exalté l’exemple des combattants de la liberté qui ont réussi à échapper aux cachots des forces de sécurité. Nous nous réjouissons lorsque les guérilleros sont libérés de leur prison par leurs camarades. Nous applaudissons à tes victoires qui révèlent la vraie face de ce gouvernement de marionnettes. Tu n’as pas échappé à l’arrestation. Tu as évité d’être exécuté sans jugement - « exécution ciblée » dans le jargon local. Sois béni pour cela !

Bien à toi,

Juliano Mer Khamis

(Traduit par Jean-Claude PONSIN)

CAPJPO-EuroPalestine

 

 

Juliano Mer-Khamis, directeur du « Théâtre de la Liberté » assassiné à Jénine

 4 avril 2011 par Schlomo

 

Ils ont tué Juliano !
Il n’y a pas de morts plus importants que d’autres. En Palestine, chaque jour un homme, une femme, un enfant est assassiné directement ou indirectement par les sionistes.
Juliano Meïr Khamis était l’un des trois fils d’Arna Meïr et de Saliba Khamis. Elle, ancienne militante sioniste devenue anarchiste lorsqu’elle découvrit ce qu’était vraiment le sionisme, lui dirigeant du Haddash le parti communiste israélien. A 18 ans, les garçons ont du « choisir » s’ils étaient Juifs ou Arabes car pour les infâmes autorités sionistes  il n’est pas possible d’être arabe de religion juive.
J’ai connu Juliano, avec Spartak et Abit aux côtés de Arna, alors qu’elle ouvrait les écoles à domicile dans le camp de réfugiés de Jénine, les bibliothèques dans le camp, qu’elle développait les fêtes et le théâtre pour que les enfants oublient un moment l’horreur de l’occupation.
Puis lorsque le cancer a rongé Arna, Juliano l’a accompagné pour dire au revoir au Camp et à Jénine. Puis il a repris, construit, développé ce qu’elle avait ébauché, le théâtre !
Juliano, fils d’Arna et de Saliba était la Palestine dans ce qu’elle aura un jour de meilleur ; le produit de l’amour et de la lutte, de l’art et de la résistance. 

 

J’ai de la peine pour sa compagne, à ses frères à ses amis, à la population de Jénine et en particulier du camp de réfugiés et de la colère !
Que soient maudits ceux qui directement ou indirectement l’ont assassiné !
Et que nul ne se laisse tromper lorsque les trompettes de la désinformation vont se mettre à sonner, ce sont les ennemis du peuple palestinien qui ont exécuté le fils d’Arna  !

 

 

Juliano Mer-Khamis, directeur du « Théâtre de la Liberté »
assassiné à Jénine
 
 
  LUNDI 4 AVRIL 2011

 
Juliano Mer-Khamis, le directeur israélo-palestinien d’un théâtre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a été assassiné lundi après-midi par des hommes armés dans le camp de réfugiés de la ville, a-t-on appris de sources policière et médicales.
Un groupe de tireurs non identifiés a ouvert le feu dans l’après-midi sur la voiture de Juliano Mer-Khamis, comédien et militant très connu en Israël, qui se revendiquait à la fois "juif et palestinien", le touchant de cinq balles, a précisé le chef de la police de Jénine, Mohammad Tayim.
Selon des témoins, il a été assassiné par deux tireurs masqués.
"Il a été tué par un tireur masqué qui a tiré cinq balles par la fenêtre de sa voiture", a déclaré de son côté à l’AFP le gouverneur de Jénine, Qaddoura Moussa, ajoutant qu’une femme de Bethléem avait également été blessée à la main par les tirs.
"Nous n’avons encore arrêté personne mais nous avons formé une commission de l’ensemble des services de sécurité palestiniens pour enquêter sur son meurtre et nous espérons des résultats dans les heures qui viennent", a-t-il ajouté, indiquant qu’a sa connaissance le comédien n’avait "pas reçu de menaces".
Le corps a été transféré en Israël, a constaté un photographe de l’AFP.
La victime dirigeait le théâtre de la Liberté, fondé dans le camp de réfugiés de Jénine par sa mère, Arna Mer (1930-1995), militante pour les droits des Palestiniens, tout comme son fils, et mariée à Saliba Khamis, un Arabe Israélien, dirigeant du Parti communiste israélien.
A l’origine, le "Théâtre des pierres" avait été lancé durant la première Intifada (1987-1993). Pour Arna Mer, ardente militante de la paix, il s’agissait de créer un espace préservé où les enfants échapperaient à la violence du conflit et de l’occupation.
Détruit en 2002 lors d’une opération de l’armée israélienne contre les groupes armés palestiniens, l’établissement a revu le jour en 2006 sous le nom de "Théâtre de la Liberté" grâce à Juliano Mer-Khamis, réalisateur du documentaire "Les enfants d’Arna", avec le soutien de Zakaria Zoubeïdi, chef local du groupe armé palestinien des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, qui a participé aux combats à l’époque.
Mais le théâtre ne faisait pas l’unanimité à Jénine et a été notamment visé par des tentatives d’incendie, Juliano Mer-Khamis ayant lui-même affirmé avoir été par le passé la cible de menaces.
La dernière production du théâtre était une représentation d’"Alice au pays des merveilles".

(Lundi, 04 avril 2011 - Avec les agences de presse)

***

Juliano Mer-Khamis né en 1958 à Nazareth, mort a Jénine, le 4 avril 2011) est un acteur, réalisateur et militant politique arabe israélien. Mer-Khamis est le fils d’Arna Mer-Khamis, une militante israélienne pour les droits des Palestiniens, et Saliba Khamis, Arabe israélien et l’un des chefs du Parti Communiste Israélien dans les années 1960.
Mer-Khamis a joué, pendant des années, comme acteur dans la télévision et le cinéma israéliens, ainsi que dans des films étrangers. Sa première apparition au cinéma a été dans le film « La petit fille au tambour » ( en anglais « The Little Drummer Girl » ) un thriller américain réalisé en 1984 par George Roy Hill et dans lequel a joué également Diane Keaton, film qui traite du Conflit israélo-arabe. Puis, il a joué dans le film d’Avi Nesher « Za’am V’Tehilah » (1985) avant de participer dans plusieurs films israéliens dont « 51 Bar » (1985), « Urs al-Jalil » (1987), « Tel Aviv Stories » (1992), « Zohar » (1993), « Etz Hadomim Tafus » (1994), « Overture 1812 » (1997), « Yom Yom » (1998) et dans bien d’autres. Il a également joué dans plusieurs films réalisés par Amos Gitai, dont « Berlin-Yersuhalaim » (1989), « Esther » (1986), « Kippur » (2000), « Kedma » (2002) et « Tahara » (2004). Mer-Khamis a été nommé pour le prix Ophir du Meilleur Acteur en 2002. De plus, tout a long de sa carrière, Mer-Khamis a également joué dans plusieurs films américains et franco-canadiens.
Il a aussi joué dans plusieurs pièces de théâtre, au Théâtre de Beit Lessin ainsi qu’au Théâtre de Habima.
En 2003, Mer-Khamis a produit et réalisé, avec Danniel Danniel, son premier film documentaire, « Les enfants d’Arna ». Le film raconte le travail de sa mère pour créer une troupe théâtrale d’enfants à Jénine pendant les années 1980. Sept ans après la mort de sa mère, et suite à la bataille de Jénine, en 2002, Mer-Khamis est retourné à cette ville pour rencontrer et interviewer les enfants (devenus adultes) qui avaient participé à la troupe théâtrale pour découvrir que certains d’entre eux sont devenus des combattants et ont été tués par l’armée israélienne. Dans le documentaire, réalisé en 2004, apparaissent, notamment, Zakaria Zubeidi, ancien chef militaire des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa à Jénine, et Tali Fahima, militante pacifiste israélienne qui vivait à Jénine avant son arrestation par l’armée israélienne. En 2006, suite à une campagne internationale de soutien suscitée par son film, Mer-Khamis a ouvert un théâtre communautaire pour les enfants et les adultes de Jénine, appelé « Théâtre de la Liberté ».
Le Théâtre de la Liberté était, pour Mer-Khamis, une poursuite du travail de sa mère, et il l’a créé en collaboration avec Zakaria Zubeidi, Jonatan Stanczak, militant israélo-suédois, et Dror Feiler, artiste israélo-suédois. L’objectif de ce théâtre est d’offrir des opportunités aux enfants et aux jeunes du Camp de Réfugiés de Jénine de développer leurs talents, de se connaître soi-même et d’avoir confiance en soi en utilisant un processus créatif comme modèle de changement social.
Mer-Khamis est également un militant politique dans le conflit israélo-arabe. Il proteste contre l’occupation israélienne des territoires et contre la construction des colonies israéliennes, et il est militant des droits de l’homme des Palestiniens vivant dans les territoires occupés.

***

L’assassinat de Juliano Mer Khamis est une nouvelle tragique pour le peuple palestinien et pour tous les combattants pour une paix juste au Proche-Orient.
Né de père militant palestinien d’Israël et de mère juive israélienne, Juliano Mer Khamis, qui était un acteur connu en Israël, aurait pu développer une carrière lucrative dans ce pays. Mais il a préféré sans hésitation mettre son talent au service des jeunes Palestiniens.
Lors de la première intifada à Jénine, sa mère Arna a animé auprès des jeunes du camp de réfugiés un travail culturel, particulièrement théâtral, qui leur permettait de résister à leur vie quotidienne marquée par les violences, les humiliations et l’oppression imposée par les autorités israéliennes.
Ce travail, Juliano l’a continué en créant en 2006 le Théâtre de Liberté de Jénine après avoir réalisé le film « Les enfants d’Arna », qui raconte le travail de sa mère, sa création d’un premier théâtre, et le destin tragique lors de l’opération Rempart en 2002 de plusieurs jeunes très actifs dans ce premier Théâtre.
J’ai pu constater directement lors de ma première visite au Freedom Theatre en 2007 combien le travail artistique et l’état d’esprit de Juliano auprès des jeunes leur permettaient de libérer leurs angoisses, de s’épanouir, de mieux maîtriser leur vie quotidienne.
Juliano était par son histoire personnelle promoteur d’une réconciliation entre Palestiniens et Israéliens, mais de la seule réconciliation réelle et durable, celle qui passe par la reconnaissance et la réparation des crimes sionistes et par la libération du peuple palestinien.
Il s’attaquait aussi aux divisions parmi le peuple palestinien, militait pour les libertés dans le monde arabe, et ses dernières pièces, notamment l’adaptation de la « Ferme des animaux » de George Orwell, bousculaient les conservatismes.
Il avait déjà été l’objet d’une agression il y a deux ans.
Il a signé le 17 octobre la pétition parue dans « Le Monde » sous le titre « Boycotter Israël c’est lutter pour une paix juste »
Je me souviendrai de lui comme d’un ami chaleureux, gai, qui dégageait un certain charisme, et qui était volontiers provocateur pour mieux exprimer sa volonté de justice et de dénonciation de toute hypocrisie.
Il aimait la vie, il l’aimait « autant qu’il est possible » comme disait Darwich dans l’un de ses poèmes. Mais maintenant que cela ne lui est plus possible, il nous appartient de continuer, à notre mesure, ses combats et ses idéaux.
Nous exprimons nos plus sincères condoléances à Jenny sa compagne, à ses proches et à toute l’équipe du Théâtre de la Liberté.
Une soirée d’hommage à sa mémoire aura lieu prochainement.

Pour l’UJFP,
Jean-Guy Greilsamer, ancien président des « Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine ».



05/04/2011
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