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salman abu sitta — traces de poison : la sombre histoire d'israël

Traces de poison : La sombre histoire d'Israël



L'historien palestinien Salman Abu-Sitta a écrit en 2003 cet article très intéressant qui traite d'un épisode inconnu de la guerre 1948.
Il montre que les dirigeants israéliens ont utilisé des armes biologiques avant même que l'Etat d'Israel soit créé, sous le nez des impérialistes britanniques pendant les derniers jours de leur Mandat. Les sionistes évidemment le nient mais les plus de 4 millions de bombes déversées sur la population civile lors de la dernière guerre du Liban indiquent l'ampleur de la barbarie des dirigeants israéliens et ce dont ils sont capables.


 
À l'époque où les écrans de télévision sont remplis d'images de soi-disant Armes de Destruction Massive (ADM) en Irak sur une population au bord de la famine, l'Occident ferme les yeux sur le premier terroriste biologique du Moyen-Orient, Israël, où se trouve le plus important dépôt d'ADM entre Londres et Pékin.

Quand il est confronté à cette anomalie, l'ambassadeur des Etats-Unis aux Nations-Unies, John Negroponte, répond avec son cynisme habituel, "Israël n'a utilisé ces armes ni contre sa population ni contre ses voisins."

En supposant que l'ambassadeur soit bien informé, cette déclaration est un pur mensonge. Israël a utilisé des armes biologiques avant même qu'il soit créé sur le sol arabe en 1948 et depuis.

L'objectif est, selon Ben Gurion, un génocide, et si celui-ci n'est pas totalement réalisé, l'objectif est d'empêcher les Palestiniens dépossédés de revenir dans leurs maisons.


EMPOISONNER LES RESSOURCES EN EAU D'ACRE

À la suite de l'occupation d'Haïfa par les sionistes le 23 avril 1948, à la barbe des forces du Mandat Britannique commandées par le Général Stockwell, homme que l'histoire critique toujours pour cet échec, des milliers de gens ont convergé vers Acre, ville voisine, qui était toujours Arabe sous la "protection" des forces Britanniques.

Acre était la prochaine cible sioniste. Les Sionistes ont assiégé la ville depuis la terre, et ils ont commencé à arroser la population, jour et nuit, d'une pluie d'obus de mortier. Célèbre pour ses murs historiques, Acre a pu longtemps tenir le siège.

L'approvisionnement en eau de la ville venait par aqueduc d'un village voisin, Kabri, à environ 10kms au nord. Les Sionistes ont injecté la typhoïde dans l'aqueduc à quelque endroit intermédiaire où il traverse des colonies sionistes. (
voir la carte)

On peut maintenant raconter l'histoire grâce aux dossiers du Comité International de la Croix Rouge (CICR) qui sont maintenant disponibles, 50 ans après l'événement.

Une série de rapports, sous la référence G59/1/GC, G3/82, envoyés par M. de Meuron, le délégué du CICR, entre le 6 mai et le 19 mai 1948, décrivent les conditions de vie de la population de la ville, frappée par une soudaine épidémie de typhoïde et les efforts pour la combattre.

Le compte rendu d'une conférence tenue en urgence à l'hôpital Libanais de la Croix Rouge à Acre le 6 mai pour traiter l'épidémie de typhoïde est d'une importance toute particulière.
Assistaient à la réunion : le Général de Brigade Beveridge, le chef des services médicaux britanniques et le Colonel Bonnet de l'armée britannique, le Dr Maclean des services médicaux, M. de Meuron, délégué du CICR et d'autres responsables de la ville.

Le compte-rendu déclarait qu'il y avait au moins 70 victimes civiles connues, que d'autres n'étaient peut-être pas signalées.

Il a été déterminé que l'infection était "transmise par l'eau", non pas en raison des conditions peu hygiéniques ou de l'entassement des personnes, comme le prétendaient les Israéliens.

Il a été décidé de substituer cet approvisionnement par de l'eau provenant de puits artésiens ou de la station agricole, située juste au nord d'Acre (voir la carte), et non de l'aqueduc.

Des solutions de chlore ont été mélangées à l'eau, la vaccination de la population civile a commencé, les déplacements de la population civile ont été contrôlés (de peur que les réfugiés se dirigeant vers le Nord, vers le Liban, propagent l'épidémie de Typhoïde, comme l'avaient prévu les sionistes).


Dans ses autres rapports, de Meuron a mentionné 55 victimes parmi les soldats britanniques, qui ont été hospitalisés à Port Said.

Le Général Stockwell a mis à la disposition de de Meuron un avion militaire pour qu'il aille à Jérusalem chercher des médicaments. Les Anglais, qui laissaient la Palestine entre les mains des Juifs, ne voulaient pas qu'un autre incident embarrassant retarde leur départ.

Le Général de Brigade Beveridge a dit à de Meuron que c'était "la première fois que cela se produisait en Palestine". Cela récuse l'histoire israélienne, y compris celle de l'historien israélien,
Benny Morris, qui déclare que l'épidémie était due "aux conditions peu hygiéniques" des réfugiés.

Si c'était le cas, comment se fait-il qu'il y ait eu un nombre presque identique de victimes parmi les soldats britanniques ?

Pourquoi ces conditions de vie n'ont-elles pas causé d'épidémie dans les autres lieux de concentrations de réfugiés, qui vivaient dans des conditions bien pires, à Jaffa, à Lod, à Nazareth et à Gaza ?

Le délégué du CICR, de Meuron, a admiré les efforts héroïques des médecins arabes, Al-Dahhan et Al-Araj de l'hôpital libanais de la Croix Rouge à Acre, le Dr Dabbas et Mme Bahai, de Haïfa.

La ville d'Acre, accablée par l'épidémie, est tombée facilement entre les mains des Sionistes. Ils ont intensifié leurs bombardements. Des haut-parleurs placés sur des camions ont proclamé : "Rendez-vous ou suicidez-vous. Nous vous détruirons jusqu'au dernier homme." Ce n'était pas un terme de rhétorique.

Palumbo, dans La Catastrophe Palestinienne, note le cas "typique" de Mohamed Fayez Soufi.
Soufi était allé avec des amis chercher de la nourriture dans leurs maisons situées dans une nouvelle banlieue d'Acre.
Ils ont été pris par des soldats sionistes et forcés, sous la menace des armes, à boire du cyanure.
Soufi a fait semblant d'avaler le poison. Les autres n'ont pas été aussi chanceux, ils sont morts dans la demi-heure.


Le Lieutenant Petite, un observateur français des Nations-Unies, a rapporté que le pillage était effectué de manière systématique par l'armée, qui emmenait les meubles, les vêtements et tout ce qui pouvait être utile aux nouveaux immigrés juifs et que cela faisait également partie "d'un plan juif pour empêcher le retour des réfugiés".
Le Lieutenant Petite a également rapporté que les Juifs avaient assassiné 100 civils arabes à Acre, en particulier ceux qui refusaient de partir.


D'autres horreurs ont été rapportées par de Meuron. Il a parlé "d'un règne de la terreur" et du cas du viol d'une fille par plusieurs soldats et du meurtre de son père.

Il a également écrit que tous les civils masculins avaient été emmenés dans des camps de concentration et considérés comme des "prisonniers de guerre" alors qu'ils n'étaient pas des soldats.


Ceci a laissé beaucoup de femmes et enfants sans-abri, sans protection et soumis à de nombreux actes de violence. Il a également noté l'absence d'eau et d'électricité.
Il a exigé des sionistes une liste de civils détenus en tant que "prisonniers de guerre" et il a exigé de savoir où ils étaient et la permission de leur rendre visite.


Plus important, il a demandé qu'Acre soit placée sous la protection et les soins du CICR. Toute personne qui connaît le langage sec et prosaïque habituel du CICR ne manquera pas de noter le ton d'horreur des actions sionistes dans les rapports sur Acre rédigés par de Meuron rédigés à Acre.

Cet épisode, qui a commencé par l'empoisonnement de l'eau d'Acre et s'est terminé par l'effondrement de la ville, le dépeuplement de ses habitants et son occupation par les Juifs, a aiguisé leur appétit pour renouveler ce crime.



EMPOISONNEMENT DE GAZA :

Deux semaines plus tard, après leur "succès" à Acre, les sionistes ont encore frappé. Cette fois à Gaza, où des centaines de milliers de réfugiés s'étaient rassemblés après l'occupation de leurs villages dans le Sud de la Palestine. Le but cependant était différent.

Le câble ci-dessous a été envoyé par le commandant des Forces Egyptiennes en Palestine à son quartier général au Caire :

"
15h20, 24 Mai (1948) – Nos Renseignements ont capturé deux Juifs, David Horeen et David Mizrahi, qui erraient autour des positions de l'armée.
Ils ont été interrogés et ils ont admis avoir été envoyés par l'officier Moshe pour empoisonner l'eau de l'armée (et de la population). Ils portaient sur eux des bouteilles d'eau séparées au milieu. La partie supérieure était de l'eau potable et la partie inférieure contenait un liquide contaminé par la typhoïde et la dysenterie ; le cul des bouteilles étaient équipées d'une ouverture d'où le liquide pouvait sortir. Ils ont avoué faire partie d'une équipe de 20 hommes envoyée depuis Rehovot dans le même but.
Tous les deux ont écrit leur confession en hébreu et l'ont signée. Nous avons pris les précautions médicales nécessaires
."


Dans le Journal de Guerre de Ben Gurion, on trouve la déclaration suivante, datée du 27 mai 1948 :

"(Le Chef d'Etat-Major Yigel Yadin) a intercepté un câble envoyé de Gaza disant qu'ils ont capturé des Juifs portant des germes de la malaria et qu'ils ont donné des instructions de ne pas boire l'eau".
Ceci est typique de la façon dont Ben Gourion ré-écrit l'histoire. Il connaissait parfaitement le poids de l'histoire quand de tels crimes seraient découverts.
Les procès de Nuremberg ne s'étaient déroulés que trois ans auparavant.

D'autres informations sur le contexte de ce câble sont mentionnées dans le livre de Yeruham Cohen, In Daylight and Night Darkness, Tel Aviv, 1969, pp66-68 (en hébreu).

Les criminels ont été exécutés trois mois plus tard.
Le 22 juillet 1948, le Haut Comité Arabe palestinien (HCA) a soumis un rapport de 13 pages aux Nations Unies accusant les Juifs d'utiliser les armes "inhumaines" et de mener une guerre de génocide contre les Arabes par l'utilisation de bactéries et de germes, développés dans des laboratoires spécialement construits à cet effet.

Le rapport accuse également les Juifs (le mot Israël n'était pas encore utilisé) de propager le choléra en Egypte et en Syrie en 1947/48.

L'histoire a été reprise par le journaliste lauréat d'une récompense, Thomas J Hamilton, dans le New York Times publiée le 24 juillet 1948. L'histoire subit alors un nouveau tournant en ajoutant l'Egypte et la Syrie au champ des opérations juives.



CHOLERA EN EGYPTE ET EN SYRIE:

L'été 1947 fût chaud au niveau diplomatique. Le Comité Spécial des Nations Unies en Palestine (UNSCOP) était occupé à visiter la Palestine et les pays arabes afin de proposer
une partition de la Palestine pour que les nouveaux immigrés juifs, qui contrôlaient seulement 6% de la Palestine sous le Mandat Britannique, reçoivent un gros morceau de la Palestine (qui s'est avéré être de 54%) afin d'établir un Etat étranger au milieu de la terre arabe.

Les Arabes, toujours sous tutelle de la Grande-Bretagne, discutaient de la façon de résister au plan soutenu par les Occidentaux pour prendre leurs terres.

Les forces sur lesquelles on pouvait compter étaient les pays voisins ayant des frontières communes avec la Palestine.
Le Liban était faible.
La Trans-Jordanie était toujours directement contrôlée par les Anglais et le Roi Abdullah était conciliant envers les Juifs.
Restaient l'Egypte, le pays arabe le plus fort et la Syrie, récemment libérée des griffes du Mandat Français.

La Syrie était le centre de la résistance arabe à l'occupation étrangère de la Palestine. Des centres d'entraînement avaient été établis à Qatana pour préparer les volontaires arabes à entrer en Palestine sous la bannière "de l'armée arabe de sauvetage". L'Egypte et la Palestine étaient ainsi les cibles les plus importantes.

Dans son rapport de 220 pages continuellement mis à jour, intitulé : Bioterrorisme et Biocrimes: L'utilisation illicite d'agents biologiques depuis 1900, de février 2001, le Dr W Seth Carus du Centre de Recherches de Contreprolifération, Université de Défense Nationale, Washington, DC, liste le sous-titre suivant, p.87 : Affaire 1947-01 : Terroristes "Sionistes" 1947-1948.

Dans ce paragraphe, il mentionne que les manifestations du choléra en Syrie et en Egypte ont suscité une large attention dans la presse internationale.
Le premier reportage au sujet du choléra en Egypte a été publié dans le Times de Londres le 26 septembre 1947, p.4.
Avant que les derniers cas apparaissent en janvier 1948, 10.262 personnes sont mortes.

Il déclare également que le déclenchement de l'épidémie en Syrie était beaucoup moins important. Elle était limitée à deux villes, située à environ 60 kilomètres au sud de Damas, c.-à-d. près de la frontière avec la Palestine.

Le premier reportage est paru dans le New York Times du 22 décembre 1947, p.5.
"L'armée syrienne a formé un cordon sanitaire et les victimes ont été limitées à 44, dont 18 décès."

Peu après, le journal de langue française de Beyrouth, L'Orient, a rapporté que plusieurs agents sionistes, qui utilisaient le choléra pour perturber la mobilisation de l'armée des volontaires, avaient été arrêtés. On ne sait pas ce qu'ils sont devenus.

Ces incidents, ainsi que l'empoisonnement de Gaza, déclare Carus, ont été décrits dans la plainte adressée par le HCA à l'ONU et cite le rapport en disant que :
"Les Juifs projettent d'utiliser cette arme inhumaine contre les Arabes au Moyen-Orient dans leur guerre d'extermination."

Carus ajoute des informations d'autres sources au sujet de l'empoisonnement de Gaza. Rachel Katzman, la soeur de Horeen, dit, selon Carus : "J'ai rencontré l'un des commandants (de mon frère) lors d'une conférence à Jérusalem. Je lui ai demandé si mon frère avait vraiment essayé d'empoisonner des puits. "C'étaient les armes que nous avions" dit-il "et voilà."

Carus ajoute également une autre source au sujet de l'empoisonnement d'Acre : Cette source déclare : "Ce compte-rendu affirme également que les Israéliens ont empoisonné l'approvisionnement en eau de la ville arabe d'Acre, entraînant une épidémie importante, ainsi que dans d'autres villages arabes, pour empêcher les villageois de revenir, en citant l'historien militaire Uri Milstein comme source." (Wendy Barnaby, les fabricants de la peste : Le monde secret de la guerre biologique, Londres, Vision Paperbacks, 1997, pp114-116).

L'auteur a obtenu une copie d'un e-mail dans lequel un pacifiste israélien interrogeait Uri Milstein au sujet de l'histoire de l'empoisonnement d'Acre.
Milstein, historien militaire, est décrit dans l'e-mail comme quelqu'un de "très bien informé, intelligent, courageux, original, honnête" -- bien que ses opinions appartiennent à l'extrème-droite israélienne (!).

Milstein a répondu :
"Je suis désolé de le dire, mais l'histoire est vraie et le nom de l'opération était "Shlach Lachmecha" – ce qui veut dire "donnez votre pain", qui fait partie d'une expression hébreu : donnez votre pain parce que tôt ou tard vous le récupérerez, ce qui signifie que vous devez être généreux et un jour, vous en profiterez vous-même. N'est-ce pas un joli nom pour une opération qui utilise des armes biologiques ?"



COMMENT BEN GOURION A-T-IL COMMENCE TOUT CELA ?

Le 4 mars 1948, Ben Gurion a écrit une lettre à Ehud Avriel, l'un des membres de l'Agence Juive en Europe, en lui ordonnant de recruter des scientifiques juifs d'Europe de l'Est qui pourraient "soit augmenter (notre) capacité à tuer en masse soit à guérir en masse ; les deux sont importants".

Cette citation tronquée est donnée par Avner Cohen qui a cité un auteur du Centre de Recherches Ben Gurion à Sdeh Boker.

Pour comprendre la signification de cette citation, nous devons nous souvenir de la doctrine de Ben Gurion : la destruction de la société palestinienne en Palestine est une condition nécessaire pour l'établissement de l'Etat d'Israël sur ses ruines. Comme corollaire à cette doctrine, le nettoyage ethnique est devenu partie intégrale du Sionisme.

Si les Palestiniens ne disparaissent pas par des massacres et des expulsions, ils disparaîtront par "extermination".
Ces mots ont été spécifiquement utilisés dans la lettre du HCA mentionnée ci-dessus.

L'importance de ce terme est qu'il était rarement utilisé par les Arabes au sujet de leur destin. Les horreurs de l'Europe étaient vagues ou peu connues à l'époque.

La mise en garde par Ben Gurion "de guérir des masses" est encore une autre torsion de Ben Gurion qui avait un oeil sur l'histoire.
Parce qu'il est inconcevable que les Arabes aient eu la capacité ou la volonté en 1948 de pratiquer "le massacre de masse" des Juifs à l'aide d'armes biologiques.
Comme cela s'est produit, Ben Gurion fut le premier à utiliser de telles armes. Son legs, beaucoup plus raffiné et étendu, reste vrai encore aujourd'hui.

Avner Cohen, un camarade du Centre pour les Etudes Internationales et de Sécurité, et du Programme sur la Sécurité et les Désarmements à l'Université du Maryland, a écrit un article complet sur les armes biologiques et chimiques d'Israël qui a été publié dans le Non-Proliferation Review, en automne 2001.

Malgré son contexte qui fournit une compréhension sympathique aux motivations d'Israël, son article expose en 50 pages de détails, de sources libres et de quelques interviews, la création et le développement du centre de terrorisme biologique d'Israël.

Ben Gurion était déterminé à atteindre cet objectif extraordinaire et fort peu probable : enraciner Israël au cœur du monde arabe. "Nous sommes inférieurs aux autres peuples en nombre, mais personne ne nous est supérieur en prouesses intellectuelles", remarquait Ben Gurion.

Dans les année 1940, il avait réuni autour de lui Ernst David Bergmann, Avraham Marcus (Marek) Klingberg (de l'Armée Rouge) et les frères Aharon et Ephraim Katachalsky (Katzir) – tous experts en microbiologie. Ils formèrent le noyau du "Science Corps" dans la Haganah pendant le Mandat Britannique.

Ephraim Katachalsky avait été nommé commandant de cette nouvelle unité, renommée HEMED, en Mai 1948.

Un conflit a éclaté entre Chaim Weizmann qui souhaitait établir un institut scientifique pour la science "propre", alors que Ben Gurion insistait pour établir un centre "sale" pour les armes biologiques. Tous les deux ont vu leurs souhaits se réaliser.

L'institut Weizmann pour la recherche scientifique a été construit à Rehovot.
Une nouvelle unité à l'intérieur de l'HEMED, consacrée aux armes biologiques et appelée HEMED BEIT, a été formée en tant que branche de l'armée israélienne. Son directeur était Alexandre Keynan, un microbiologiste de l'école médicale à l'Université Hébraïque à Jérusalem.

Avec le dépeuplement de 530 villes et villages palestiniens pendant la Nakba de 1948, beaucoup de bâtiments et de maisons se sont vidés et plus de la moitié des immigrés juifs y ont été logés dans les années 50.

Le chef d'Etat-Major Yigal Yadin a choisi, pour abriter la nouvelle unité de développement d'armes biologiques, un manoir situé dans une grande orangeraie à l'ouest de Nes Ziona.
Cette unité, connue sous le nom d'Institut pour la Recherche Biologique d'Israël (IIBR), est toujours là aujourd'hui.
Le bâtiment a été agrandi, il est entouré par un mur de trois mètres de haut, des sondes de détection de mouvement et des tours d'observation.

Tandis que l'IIBR représente la façade d'une institution scientifique, produisant des articles "propres" et recevant des invitations aux conférences scientifiques, le développement des véritables armes biologiques est réalisé à l'intérieur de l'IIBR dans un centre classé secret défense (Machon 2, l'un des quatre) financé et contrôlé directement par le Ministère de la Défense.


Le site internet d'IIBR déclare que le personnel de l'institut comprend 300 employés, dont 120 d'entre eux sont titulaires d'un Doctorat, en plus de 100 techniciens certifiés.

Mais ces chiffres sont faux parce qu'il y a beaucoup d'autres scientifiques qui occupent des postes dans des services de microbiologie dans les facultés de Médecine à l'Université de Tel Aviv et à l'Université Hébraique de Jérusalem

Ephraim Katzir a été récompensé pour service rendu à l'Etat en étant élu président d'Israël en 1973. Aharon Katzir a été tué dans l'attaque japonaise contre l'aéroport de Lod le 30 mai 1972.

Peu après l'empoisonnement d'Acre et de Gaza, Ben Gurion a lancé un projet pour développer "des capacités non conventionnelles bon marché" en 1955.
Pourquoi cette précipitation ? Comme l'indique Cohen, Munya Mardor, le fondateur de l'Autorité de Développement des Armes d'Israël (RAFAEL), dit que Ben Gurion "était de toute évidence concerné par le fait que nous ne puissions pas réussir avant la date limite qu'il avait fixée, inquiet que l'ennemi puisse avoir cette capacité et que nous n'ayons rien pour le décourager ou exercer des représailles".

Il s'est avéré que la précipitation avait pour but d'être prêts pour la date de l'agression tripartite contre Suez de 1956.

Ben Gurion était prêt à bombarder l'Egypte avec des armes biologiques si sa campagne échouait.
Comme si ce n'était pas suffisant, Israël a signé un accord avec la France pour mettre en place un programme nucléaire la même année.
L'émissaire de Ben Gurion en France n'était autre que le diplomate amoureux de la paix, Shimon Pensky (Perez).

Anver Cohen dit que la localisation de l'IIBR est classée secret-défense et n'est indiquée sur aucune carte ou photographies aériennes. Il est pourtant possible de déterminer sa localisation avec exactitude.



OU EST L'IIBR?

Dans les années 30, la route entre Ramleh et Nabi Rubin, un site religieux populaire visité chaque année, traverse Wadi Hunein, un sol sablonneux avec quelques marais.

La riche famille Al-Taji Al-Farouki de Ramleh avait acheté une partie importante de cette terre et y exploitait des plantations de citrus qui étaient exportés par centaines de milliers de caisses marquées "oranges de Jaffa" vers l'Europe.

Shukri Al-Taji s'y était construit un beau manoir (photo) sur le sommet d'une colline -- un bâtiment rectangulaire de deux étages situé sur une parcelle de 134.029 m².

Le numéro de la parcelle de terrain est 549/32 et le titre de propriété est inscrit au Registre des Terres sous le n° E42/260 le 16 mars 1932.

Il a également construit une mosquée sur la route goudronnée entre Jaffa et Qubeiba.

Sur une autre colline, à un kilomètre à l'ouest, son cousin Abdel-Rahman Hamed Al-Taji avait construit une maison composée de plusieurs bâtiments.
Les manoirs au milieu de vastes orangeraies montraient une scène idyllique dans un environnement tranquille.

C'est l'endroit que Yigal Yadin a choisi pour sa recherche sur les armes biologiques. Le manoir de Shukri Al Taji est devenu la maison de l'IIBR.
Le site internet de l'IIBR (
www.iibr.gov.il) montre fièrement sur sa première page l'entrée du bâtiment, qui n'est rien d'autre que le manoir des Shukri avec sa façade ornée d'arches et ses grands arbres luxuriants (comparez avec la photo ci-dessus).

Shukri est mort de chagrin au Caire, quelques dix années après.


Si vous partez de Nes Ziona vers l'ouest sur la route 4303, tournez à gauche sur la route 42 en direction du Sud, vous trouverez l'IIBR sur votre droite, à peu près à 500 mètres. (
voir la photo de la localisation)

Les coordonnés de l'IIBR sont :

Selon la grille Palestine/Israël : 128.263 E, 147.022 N

Nouvelle grille israélienne : 178.263 E, 647.022 N

Coordonnés géographiques : E 34D 46' 27 N 31D 55' 7


L'endroit est appelé "Ayalon" en hébreu. Directement à l'ouest sur la côte, il y a la plate-forme de lancement de missiles de Palmahim.

Les autres bâtiments d'Al-Taji ont été expropriés et utilisés.
La mosquée est transformée en synagogue, appelée "gulat Israel".
La maison d'Abdel-Rahman a été transformée en hôpital psychiatrique.




POURCHASSER LES COUPABLES

Sara Leibovitz-Dar est une journaliste d'investigation tenace. Le traumatisme vécu par ses parents dans leur Lituanie natale lui a laissé une marque indélébile. Elle déteste l'injustice et, en particulier, son acceptation silencieuse.
Elle a étudié l'empoisonnement de Gaza et d'Acre et la destruction de l'avion libyen civil.
L'historien militaire israélien, Uri Milstein, a identifié pour elle les officiers responsables des crimes biologiques.

En 1993, Sara a essayé d'interviewer le commandant qui était responsable de l'empoisonnement d'Acre. Il a refusé de parler.
"Pourquoi êtes-vous à la recherche de problèmes qui se sont déroulés il y a 45 ans ?" a-t-il demandé.
'Je ne sais rien sur le sujet. Qu'obtiendrez-vous en le publiant ?"

Sara a interviewé l'officier responsable de l'empoisonnement de Gaza. Il a refusé de répondre, "Vous n'obtiendrez aucune réponse à ces questions. Ni de moi et ni de quiconque."

Sara a persisté. Elle a demandé au Colonel Shlomo Gur, l'ancien chef de l'HEMED, s'il était au courant des opérations secrètes en 1948.
"Nous avons entendu parler des épidémies de typhoïde à Acre et des opérations de Gaza. Il y avait beaucoup de rumeurs mais je ne savais pas si elles étaient vraies ou non" a-t-il répondu.

Sara a publié ses résultats dans le Hadashot sous le titre "Microbes dans le service d'Etat", le 13 août 1993, pp6-10. Sara, qui travaille maintenant à Ha'aretz, concluait par le commentaire suivant :
"Ce qui a été fait à l'époque avec une conviction et un fanatisme profonds est maintenant caché avec honte".

Fidèle à la tradition israélienne, Sara a refusé par deux fois de répondre par e-mail à une demande de l'auteur.

Ils n'ont pas tous peur de parler.

Naeim Giladi est un juif irakien qui a été attiré en Israël par des agents du Mossad au début des années 50.
Travaillant avec le fanatisme et le dévouement d'un nouveau sioniste, il a rapidement découvert qu'à l'intérieur de l'establishment Ashkenaze, "il n'y avait pas beaucoup d'opportunités pour ceux d'entre nous qui étions des citoyens de seconde classe", a-t-il indiqué au rédacteur de The Link à New York où il a émigré après avoir quitté Israël.

"
J'ai commencé à découvrir les méthodes barbares utilisées pour débarrasser l'Etat naissant d'autant de Palestiniens que possible. Le monde recule aujourd'hui à l'idée d'une guerre bactériologique, mais Israël a été probablement le premier à l'utiliser réellement au Moyen-Orient.
Les forces juives vidaient les villages arabes de leur population souvent par des menaces, parfois en descendant une demi-douzaine de jeunes hommes de telle sorte que les Arabes ne puissent pas revenir. Les Israéliens ont mis des bactéries de typhus et de dysenterie dans les puits pour empêcher les réfugiés de revenir
." (The Link, Vol. 31, Issue 2, avril-mai 1998).

Un autre témoin qui a parlé, un ancien agent du Mossad, Victor Ostrovsky, affirme que des tests mortels ont été pratiqués sur des prisonniers arabes à l'intérieur du bâtiment de l'IIBR.



L'ENQUETE HOLLANDAISE :

Le 4 octobre 1992 à 18h21, le vol 1862 d'El Al est parti de l'aéroport Schiphol d'Amsterdam en direction de Tel Aviv, avec à son bord trois membres d'équipage, un passager et 114 tonnes de fret.
Sept minutes plus tard, il s'est écrasé contre une barre d'immeubles à Bijlmer.

Le vol 1862 d'El Al est le pire désastre aérien dans l'histoire hollandaise, tuant au moins 47 personnes (le nombre réel est inconnu parce que beaucoup de victimes étaient des immigrés) et a détruit la santé de 3000 résidants hollandais.

Des cas de maladies mystérieuses, de rougeurs, de difficultés respiratoires; de troubles nerveux et de cancers ont commencé à surgir dans ce quartier et au-delà.

Le gouvernement hollandais, de connivence avec Israël, a menti à ses citoyens en disant que l'avion transportait des parfums et des fleurs. Quelques fleurs !
Il a fallu plusieurs années à l'énergique et opiniâtre rédacteur scientifique du quotidien Néerlandais NRC Handelsblad, Karel Knip, pour découvrir les faits. Knip a publié le 27 novembre 1999 l'enquête la plus détaillée et étayée sur les manoeuvres du terrorisme biologique de l'IIBR.

D'abord il a découvert que l'avion transportait 220 litres, entre autres, de DMMP, substance utilisée pour fabriquer un quart de tonne de Sarin, gaz neurotoxique 20 fois plus mortel que le cyanure.
Il transportait une cargaison provenant de Solkatronic Chemicals de Morrisville, en Pennsylvanie, destinée à l'IIBR en Israël, sous licence du Ministère du Commerce américain. Ce qui est contraire à la Convention sur les Armes Chimiques (CAC) dont sont signataires les Etats-Unis, mais pas Israël.

Avecdétermination et ténacité, Knip a passé en revue la littérature scientifique produite par l'IIBR et les services de microbiologie de la faculté de Médecine de l'Université de Tel Aviv et de l'Université Hébraique depuis 1950. Il a pu identifier 140 scientifiques impliqués dans la recherche sur les armes biologiques (AB).

Ce chiffre pourrait être plus important car des scientifiques ont des doubles postes ou se déplacent. Beaucoup prennent invariablement leurs congés sabbatiques aux Etats-Unis.

Il y a des liens très forts avec le Walter Reed Army Institute, l'Uniformed Services University, l'American Chemical and Biological Weapons (CBW) Center à Edgewood et l'Université de l'Utah.

De façon remarquable, Knip a pu identifier trois catégories des productions de l'IIBR : les maladies, les toxines et les convulsifs, et leur développement à chaque décennie depuis les cinq dernières.

La recherche s'est déplacée des virus et des bactéries aux toxines parce qu'ils sont beaucoup plus toxiques. Les gaz neurotoxiques connus sous le nom de Tabun, Soman, Sarin, VX, Cyclo-Sarin, RVX et Amiton sont tous des gaz mortels et fonctionnent de la même façon.

Knip est allé plus loin. Il a cherché l'aide d'experts dans ce domaine comme le Professeur Julian Perry Robinson, de l'Université du Sussex à Brighton, le Dr Jean Pascal Zanders de SIPRI à Stockholm et le Professeur Malcolm Dando, de l'Université de Bradford.
Ils l'ont guidé dans sa recherche et lui ont expliqué ses découvertes.

Knip a également découvert une coopération étroite entre l'IIBR et le programme britannico-américain sur les Armes Biologiques. Ce programme travaille sur la propagation des virus et des bactéries par les rongeurs et les insectes et couvre la variole, les maladies fongiques et la maladie du Légionnaire.

Il faut noter que cette maladie est apparue à Philadelphie il y a quelques années, et, étonnamment, dans un hôtel d'Eilat mi-janvier 2003.

L'intérêt dans l'usine de poison Elate-Ricin est limité à très à peu d'établissements aux côtés de l'IIBR. On se souviendra que des
biologistes amateurs ont été arrêtés au Royaume Uni en janvier 2003 alors qu'ils essayaient de préparer du Ricin.


La tendance nouvelle et dangereuse dans la recherche d'Armes Biologiques à l'IIBR est le développement des incapacitants qui paralysent, désorientent, entraînent des mouvements incontrôlables et de graves douleurs d'estomac. La plupart de ces incapacitants ont des antidotes qui soignent les dommages causés. Ces incapacitants ont été et sont utilisés contre les Palestiniens pendant l'Intifada.

Une importante collaboration sur la recherche sur les armes biologiques existe également avec l'Allemagne et la Hollande. C'est probablement la raison du silence officiel hollandais sur l'accident mortel d'Amsterdam.

La coopération avec les Etats-Unis est complètement libre. Les "Programmes communs de Recherche Médicale, Biologique et Nucléaire pour la Défense" énumèrent ouvertement les coopérations avec Israël sur des neurotoxiques et des convulsifs sous prétexte de trouver des antidotes.
Il est facile de comprendre que pour trouver un antidote, il faut identifier le poison lui-même.
Le Dr Avigdor Shafferman, directeur de l'IIBR, contribue fréquemment à ce programme. (voir
www.acq.osd.mil/cp/nbc98/annexd.pdf)- Annexe D.

La Commission Préparatoire de l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques à La Haye (OPCW) ferme les yeux sur les activités criminelles israéliennes. De façon ironique, les chercheurs israéliens guident l'OPCW sur les méthodes pour détecter les armes chimiques.

Les chercheurs israéliens, R Barak, A Lorber et Z Boger de l'IIBR, CHEMO Solutions et Rotem Industries ont proposé des moyens de détection des agents de guerre chimique.

Aucune institution internationale ne semble être disposée à appliquer ces méthodes à Israël

Le mécanisme pour effectuer cette surveillance est disponible. Le Centre Médical des renseignements des Forces Armées américaines a les moyens d'inspecter les laboratoires suspects. Mais il est peu vraisemblable de voir une équipe d'inspecteurs dirigée par l'américain Blix fouiller les chambres secrètes de l'IIBR.

Ceci ne s'applique cependant pas aux scientifiques consciencieux. Le Professeur Keith Yamamoto, de l'Université de Californie et le Dr Jonathan King du MIT ont critiqué la recherche américaine sur les armes biologiques et ils ont montré que tenter de modifier des toxines (comme le fait l'IIBR) peut difficilement être considéré comme de la recherche "défensive".
Mais qu'Israël fasse l'objet d'une telle critique ne semble pas être pour demain.



LES VICTIMES PALESTINIENNES :

Les crimes biologiques perpétrés contre les Palestiniens à Acre et à Gaza en 1948 sont toujours d'actualité.

En 1997, les agents du Mossad ont tenté d'assassiner
Khaled Mish'al, le directeur du bureau politique du Hamas à Amman.

Le Roi Hussein était furieux face à la violation flagrante de la souveraineté de la Jordanie et du Traité de Paix avec Israël. Comme la tentative a échoué grâce au garde du corps de Mish'al, Israël a envoyé une femme médecin avec l'antidote.
La toxine utilisée était probablement du SEB injecté à l'aide d'un pistolet spécial d'une portée de 50 mètres et qui a pu lui injecter la toxine dans le cou.

Les histoires sur du gaz neurotoxique utilisé sur des écoliers abondent. Voici des cas dans lesquels des armes chimiques et biologiques ont été utilisées.

Neil Sammonds énumère les cas suivants :

des défoliants chimiques sur des récoltes palestiniennes à Ain Al- Beida en 1968, à Aqraba en 1972, à Mejdel Beni Fadil en 1978 et dans le Néguev en 2002.

• des armes chimiques, dont de l'hydrogène de cyanure, du gaz neurotoxique et des bombes au phosphore ont été utilisés dans la guerre contre le Liban en 1982.

• du gaz mortel a été utilisé sur des prisonniers palestiniens et libanais.


Mais le cas qui a été largement publicisé dans le monde entier et parfaitement documenté par plusieurs ONG internationales est l'utilisation d'incapacitants, en particulier à Khan Younis, en février 2001.
Les images des victimes se tordant de douleur dans des convulsions incontrôlables ont éclaboussé les écrans de télévision du monde entier.

James Brooks, de "Just Peace in Palestine/Israël" a fait un compte-rendu détaillé de cette attaque à l'arme biologique contre des civils chaque jour où cela s'est produit.

D'abord, les victimes ont pensé que c'était du gaz lacrymogène. Il avait une faible odeur de menthe. "Cela sentait le sucre" a indiqué une victime. Ca changeait de couleur "comme un arc-en-ciel".

Quinze minutes plus tard, la victime avait l'impression que "son estomac se déchirait, avec une sensation de brûlure (dans la poitrine), elle ne pouvait pas respirer." Puis les convulsions commençaient.
La victime faisait des bonds, gesticulait de gauche à droite, dans une sorte de crise hystérique. Certaines victimes s'évanouissaient.
La victime vomissait en permanence et ensuite la douleur revenait. Cela a duré des jours ou, pour certaines, des semaines.

En plus des nombreux rapports de la presse et des organisation pour les Droits de l'Homme, des victimes empoisonnées au gaz convulsif de Khan Younis ont été filmées par le réalisateur américain James Longley, dans un documentaire qui "jette le spectateur la tête la première dans le tumulte de Gaza occupée par les Israéliens".
Longley a compilé un document de 43 pages d'interviews avec 19 victimes du gaz, leurs parents, des infirmières et des médecins.

Ces incapacitants diaboliques ont entraîné les protestations de quelques ONG, mais c'est tout. Aucune enquête internationale ou censure d'aucune sorte, bien que cela ait été utilisé à plusieurs reprises en mars à Al-Birch, à Naplouse et en Cisjordanie et encore à Gaza, pas plus tard que le mois dernier.

Bien au contraire. Les sionistes ont orchestré une condamnation et une désapprobation de grande envergure quand, en novembre 1999, Suha Arafat, l'épouse du président, a accusé les Israéliens d'utiliser du "gaz poison" en présence de la candidate américaine Hillary Clinton.
Le sommet de l'hypocrisie et du cynisme a été atteint quand les autorités israéliennes exaspérées ont déclaré que la déclaration de Suha était "une violation du processus de paix" !

Il y a pour l'instant des effets invisibles et à long terme des toxines et des incapacitants.

Le 3 février 2003, le Dr Khamis Al-Najjar, le directeur du Centre de Recherches sur le Cancer du Ministère de la Santé à Ramallah a fait état d'une augmentation alarmante des cas de cancer, en particulier parmi les femmes et les enfants.

Le rapport couvre la période 1995-2000 et montre 3646 cas, dont plus de la moitié sont des femmes. Les cas à Gaza sont plus importants qu'en Cisjordanie.
Le rapport, citant le taux d'augmentation, prévoit que les cas tripleront dans un proche avenir.

Si l'on tient compte de la paranoïa des Israéliens au sujet de la démographie palestinienne et à en juger par leurs précédents résultats, il est possible que l'effet cumulé de l'application des toxines et des incapacitants par les Israéliens ait produit une augmentation du nombre de cas de cancer.

Une étude semblable doit encore être faite sur les foetus et les nouveaux-nés.



A PARTIR DE LA, OÙ ALLONS-NOUS ?

Israël a signé mais n'a pas ratifié la Convention sur les Armes Chimique et n'est pas membre de la Convention sur les Armes Biologiques.

Israël ne reconnaît pas l'application de la Quatrième Convention de Genève dans les Territoires Palestiniens Occupés de Cisjordanie et de Gaza, comme le fait le reste du monde. Ceci n'est pas étonnant. Israël viole toutes les règles.

L'article 147 de la Convention de Genève stipule que "causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé (des civils) est une "grave infraction", qui, selon l'article 146, requiert que "chaque Partie contractante aura l'obligation de rechercher les personnes soupçonnées d'avoir commis, ou d'avoir ordonné de commettre l'une ou l'autre de ces infractions graves, et elle devra les déférer devant ses propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité." Si cela était appliqué, Sharon et ses officiers seraient derrière des barreaux dans un tribunal Belge et pour longtemps.

Il y a pléthore de conventions qu'Israël a constamment violées, à commencer par le Protocole de Genève de 1925 sur le gaz toxique jusqu'à la Convention sur la Prohibition du Développement, de la Production, du Stockage et de l'Utilisation des Armes Chimiques de 1993.

Dans ce contexte, cela ressemble à un simulacre de justice que d'envoyer des centaines d'inspecteurs dans les ateliers détruits et les maisons privées en Irak, alors que d'énormes tonnes d'armes de destruction massive les regardent en Israël.

Peut-être que les 10 millions de personnes dans 600 villes du monde entier qui ont manifesté contre la guerre en Irak les 15 et 16 février essayaient de souligner cette ironie en refusant cette guerre. Certaines pancartes le disaient en termes clairs.

Peut-être que des voix en Israël devraient être écoutées plus attentivement.

Le maire de Nes Ziona, ville située à seulement 10 kilomètres du centre de Tel Aviv, se plaint que la proximité de l'IIBR de sa ville pose un grand danger à la population, en cas d'accident. Il a raison.

Le Comité Scientifique de la Knesset fait état de 22 victimes dont trois sont mortes au cours de ces 15 dernières années. Mais les autres étaient des cas bénins.

Quelle serait la situation si un gros accident se produisait un jour de vent, causant l'explosion de tonnes d'éléments toxiques et leur évaporation dans le ciel, dans une zone très peuplée, où vivent trois millions de personnes sur un secteur d'à peine de 1.000 Kms², ce qui fait 35 Km sur 35 Km ?

Ben Gurion, alors qu'il mijotait ses pires plans pour "exterminer" les Arabes, n'a pas imaginé ce scénario dans ses rêves les plus fous.

 

Salman Abu Sitta
Article paru en anglais dans l'édition d'Al-Ahram le 27 février 2003. L'auteur est le président de la Palestine Land Society, Londres.

Traduction : MG/MR pour ISM


10/01/2007
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