albatroz - images, songes & poésies

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soupirs pour anne

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je ne suis pas bien sûr de moi, anne... 

je dois l'avouer avec chagrin, le corps n'accompagne plus la jeunesse de l'esprit 

(vous ne l'avez pas remarqué probablement, mais je suis né en 1910...) 

et pourtant, les femmes que m'ont marqué ont été celles qui affichaient comme vous, 

ce grand regard clair sur l'horizon de la vie, sereinement... 

étonnées d'elles-mêmes, étonnées des paysages changeants de l'amour... 

se laissant emporter, les yeux grands ouverts, par la lumière cristalline de ce rivage bienheureux, 

dévoilé soudain par un improbable éclair ...que submerge les cœurs sincères; les femmes de méditerranée ont ce courage et cette générosité que les rendent joyeuses et belles... 

et un lien indéfectible m'attache à cette Italie, que dans sa grandeur ou sa déchéance, 

reste la source de toutes les grandes éclairages;

j'ai mis longtemps à vous écrire ce mot.

 

 

après avoir lu tous ces "j'aime" dans l'ordre et dans le désordre, 

j'ai eu envie d'écrire ces phrases sur le mur, intensément :

je pense à toi ou la manière de dire : que fait-elle en ce moment ? ce moment que je ne partage pas...

c'est pour la vie ou la manière de dire : le temps se dilate à l'infini...

j'ai rêvé de toi ou la manière de dire : ce visage à couper le souffle

ne me quittes pas ou la manière de dire : les femmes de botticelli percent le mur

 

anne, j'aime que vous disiez : j'aime être fille du vent... délicate et légère... que l'on ne peut enfermer

qu'est-ce que j'aime ?  je me tâte...

pour l'instant  j'aimerai partager avec vous ce poème de Baudelaire, 

alors que je n'aime pas particulièrement les chats, mais plutôt siffler avec les oiseaux...

cependant les deux premiers vers du deuxième quatrain trouvent un profond écho en moi :

 

Les amoureux fervents et les savants austères

Aiment également, dans leur mûre saison,

Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

 

Amis de la science et de la volupté,

Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;

L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,

S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

 

Ils prennent en songeant les nobles attitudes

Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,

Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;

 

Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques

Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,

Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

 

je te cherche partout ou la manière de dire : la mémoire rieuse par vagues...

...à vrai dire, ces vagues que ne reviennent plus, anne ; je m'enfonce dans la nuit 

au sens propre et figuré avec une mémoire remplie d'échecs, de révisions déchirantes 

de ce que j'ai fait et de ce que j'aurai du faire; 

je tourne le dos à un monde que m'ignore déjà; 

j'avance vers les vagues, je m'enfonce dans la mer peu à peu pour effacer d'un coup mon ombre, 

comme l'a fait hier la poétesse Alfonsina Storni Martignoni à la Playa de La Perla 

(et comme le raconte la chanteuse Mercedes Sosa d'une voix poignante la triste lyre); 

comme a voulu le faire aujourd’hui-même une femme anonyme, 

pratiquement sous ma fenêtre, à 9 heures du matin, un matin glaciale ; 

que voulait-elle effacer cette jeune femme ? 

évanouie sur la plage, après avoir reculé sous la menace de la noyade, 

le samu l'a emporté et avec elle son secret... 

 

 

Voy a dormir

 

Dents de fleurs, coiffe de rosée, 

mains d’herbe, toi ma douce nourrice,

prépare les draps de terre

et l’édredon sarclé de mousse.

 

Je vais dormir, ma nourrice, berce-moi.

Pose une lampe à mon chevet;

une constellation, celle qui te plaît;

elles sont toutes belles : baisse-la un peu.

 

Laisse-moi seule : écoute se rompre les bourgeons…

un pied céleste te berce de tout là-haut

et un oiseau esquisse quelques voltes

 

… Merci. Ah, une dernière chose :

s’il venait à me téléphoner

dis-lui qu’il n’insiste pas et que je suis sortie…

 

Alfonsina Storni (1938)

 

 

mon monde étrange, dites vous... mon étrangeté épouse l'étrangeté du monde; 

certes, je suis partout chez moi et chez moi je me sens irrémédiablement un étranger... 

nous vivons toujours l'humiliante préhistoire de l'humanité...

avancez anne, continuez à avancer, je vous prie... 

cherchez les mots comme des ports de salut, là où trouvent refuge les âmes torturées 

qui sifflent avec les oiseaux de passage .

ce ciel enflammé en cette fin de journée, me rappel vos messages laissés sans réponse; 

je sors de ma contemplation pour revenir ici , pour vous relire, 

pour m'émerveiller de votre admirable énergie, de votre évidente joie de vivre;

 

hier, j'ai marché en groupe une bonne partie de la journée dans la campagne normande environnante, 

fraîche et tonifiante, mais sans oiseaux; 

j'ai marché pour la première avec un groupe d'inconnu(e)s silencieux au départ et puis, 

peu à peu, la parole est devenue fluide autour d'un thème qui faisait consensus : 

la ballade, la marche, le chemin, ici et ailleurs... 

en particulier, j'ai beaucoup appris sur la via francigena en parlant avec Danièle 

une véritable découverte ! 

j'ai encore en tête toute la beauté de Le Cinque Terre dans ce coin de paradis de la Liguria, 

mais je me dis qu'au printemps, la via francigena...

qu’apprenez-vous à vos élèves, anne, à part le bonheur de faire ensemble dans la légèreté et la solidarité ?

sachez que votre tendresse illumine mes journées;

peau à peau, on ira loin...

...allez savoir !

 

 



17/02/2014
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