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Sheldon Adelson, le milliardaire qui veut acheter la Maison-Blanche, la Knesset et bombarder l’Iran

Publié par Gilles Munier sur 9 Mai 2014, 05:46am

Catégories : #Sionisme

Sheldon Adelson, le milliardaire qui veut acheter  la Maison-Blanche, la Knesset  et bombarder l’Iran

Par Gilles Munier

Il n’y a qu’aux Etats-Unis où l’on peut assister à un tel spectacle : un multi milliardaire – en l’occurrence Sheldon Adelson, 8ème fortune mondiale, roi des casinos-hôtels (Las Vegas, Macao, Singapour) - organisant à huis clos un examen de passage pour choisir son favori républicain à la prochaine présidentielle. Conditions posées : s’engager à soutenir Israël envers et contre tout, refuser la création d’un Etat palestinien et bombarder l’Iran. En octobre dernier, Adelson suggérait aux dirigeants américains de faire exploser une bombe atomique dans une zone iranienne désertique et de menacer d’en lancer une sur Téhéran si le régime ne renonçait pas au développement de son programme nucléaire (1).

Depuis que la Cour suprême des Etats-Unis a autorisé les milliardaires à financer sans limitation leurs comités de soutien - appelés super-Pac / Super Political Action Committees -, les hommes politiques font la cour aux méga-donateurs. En 2012, Adelson n’était pas parvenu à faire investir Newt Gingrich qui qualifiait les Palestiniens de « peuple inventé » comme candidat du Parti républicain. Il s’était rabattu sur Mitt Romney, faute de mieux, et dépensé 40 millions de $ pour qu’il batte Barack Obama. Son candidat n’a pas été élu, alors il remet ça. Pour que le prochain président des Etats-Unis soit 100% pro-israélien et anti-iranien, il est prêt va mettre encore plus d’argent sur la table. Reste à trouver le bon cheval.

Examen de passage pro-israélien

Le multi milliardaire a donc invité les candidats à la future primaire républicaine à plancher devant la Coalition juive républicaine réunie au Vénitian de Las Vegas, un de ses luxueux casinos-hôtels. Tous se sont prêtés à l’examen de passage, sans honte. Tant pis si une tribune publiée dans le New York Times les traite de lécheurs de bottes (2). Etaient présents : Jeb Bush (ancien gouverneur de Floride) qui fait figure de favori, Chris Christie (gouverneur du New Jersey), Scott Walker (gouverneur du Wisconsin), et John Kasich (gouverneur de l’Ohio). Dick Cheney (ancien vice-Président des États-Unis) était aussi là, mais en « vedette américaine ».

La réunion se tenait à huis clos. La Coalition juive républicaine, financée par Adelson, dira plus tard qui elle a choisi. Ce ne sera sans doute pas Chris Christie. Selon le New York Times, le malheureux s’est fait rabrouer par Adelson et Morton Klein, président de la ZOA – Zionist Organization of America - après avoir déclaré qu’il avait « survolé les territoires occupés en hélicoptère ». Dans ces milieux ultra-sionistes, Israël s’étend jusqu’au Jourdain, si ce n’est plus. Les « territoires occupés » en 1967 ne sont au minimum que des « territoires disputés ».Christie s’est excusé platement en disant qu’il s’est « mal exprimé … qu’il est un ami indéfectible et un fervent partisan d’Israël » (3). Pour détendre l’atmosphère, Dick Cheney a critiqué la politique iranienne de Barack Obama et dit qu’il fallait laisser Israël bombarder l’Iran, mettant en exergue le rôle du général Amos Yadlin dans la destruction du réacteur nucléaire irakien en 1981 et du syrien en 2007 (4).

Israël, future puissance spatiale ?

Parallèlement, Adelson fait tout pour renforcer les faucons du Likoud. Il a mis à leur service Israël Hayom (Israël aujourd’hui), quotidien gratuit le plus lu d’Israël qui lui appartient. Il a acheté dernièrement le titre du défunt Maariv (Le Soir, fondé en 1948) et son site Internet NRG, ainsi queMakor Rishon (De première source), un quotidien religieux conservateur. Cerise sur le gâteau offert à son ami Benjamin Netanyaou : Adelson a donné 16,4 millions de $ à Israeli Space IL pour envoyer un engin sur la Lune et faire de l’Etat dit hébreu une puissance spatiale.

Le journaliste israélien pacifiste Uri Avnery (5) se demande comment les Amé­ri­cains ordi­naires réagissent au « spec­tacle d’un mil­liar­daire – en par­ti­culier un mil­liar­daire juif – qui choisit leur futur pré­sident à leur place. On nous dit que l’antisémitisme est en hausse en Europe et dans le monde. Dans le monde mental fou des anti­sé­mites, les Juifs dominent le cosmos. Et nous avons ici un Juif, sorti tout droit des pages des Pro­tocoles des Sages de Sion, qui essaie de nommer le diri­geant du pays le plus puissant de la Planète… » (6). Pour l’instant, l’élection de tel ou tel président américain n’est pas fonction du nombre de millions de $ versés à leur super-PAC – les citoyens ont encore leur mot à dire - mais ils y contribuent grandement.

Photo: Sheldon Adelson (The Times of Israel- 26/3/14)

(1) Adelson: US should drop atomic bomb on Iran, par Maya Shwayder (Jerusalem Post – 24/10/13)

(2) Chris Christie apologizes for ‘occupied territories’ remark

(3) The Line to Kiss Sheldon Adelson’s Boots, par David Firestone (NYT – 31/3/14)

(4) LISTEN: In Private Speech, Dick Cheney Talks Bombing Iran and GOP Donors Applaud

(5) Uri Avnery (91 ans) journaliste et militant pacifiste israélien a été membre de l’Irgoun dans sa prime jeunesse (il en a démissionné en 1941). Ancien député, il est cofondateur de Gush Shalom (Bloc de la Paix), une organisation israélienne favorable à la création d’un Etat palestinien. Il a rencontré Yasser Arafat à plusieurs reprises, et se définit comme « post sioniste ».

(6) Le monstre sur la colline (Association France Palestine Solidarité – 10/4/14)

Article écrit en hébreu et en anglais sur le site de Gush Shalom le 5 avril 2014 – Traduit de l’anglais « The Monster on the Hill »pour l’AFPS : FL/​SW

 

 

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Qui dirige l’État d’Israël ? Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, évidemment. FAUX.

Par Uri Avnery (revue de presse : france-palestine.org – 19/2/15)*

Le vrai dirigeant de l’État d’Israël est un certain Sheldon Adelson., 81 ans, Juif américain, roi de casino, qui a été classé dixième fortune du monde, valant 37,2 milliards de dollars lors de la dernière évaluation. Mais qui procède à cette évaluation ?

Outre ses casinos de Las Vegas, de Pennsylvanie, de Macao et de Singapour, il possède le parti républicain des États-Unis et, depuis peu, les deux chambres du Congrès des États-Unis.

Il possède aussi Benjamin Netanyahou.

LE LIEN D’ADELSON avec Israël est une affaire personnelle. À l’occasion d’un rendez-vous à l’aveugle, il tomba amoureux d’une femme israélienne.

Myriam Farbstein est née à Haïfa, elle a fréquenté un lycée prestigieux, a fait son service militaire dans un institut israélien spécialisé dans la guerre bactériologique et c’est une scientifique à plusieurs champs de compétence. Après la mort par overdose d’un de ses fils (de son premier mariage), elle s’est consacrée à la lutte contre la drogue, en particulier le cannabis.

Les époux Adelson sont des soutiens fanatiques d’Israël. Pas de n’importe quel Israël, mais d’un Israël de droite, dominateur, arrogant, violent, expansionniste, annexionniste, intransigeant, colonialiste.

Avec “Bibi” ils ont trouvé leur homme. A travers Nétanyahou ils espèrent diriger Israël comme leur fief privé.

Pour s’en assurer, ils ont fait une chose extraordinaire : ils ont créé un journal israélien, exclusivement consacré à la promotion des intérêts de Benjamin Nétanyahou. Pas des intérêts du Likoud, ni d’une politique définie, mais de Netanyahou personnellement.

Il y a quelques années j’ai inventé un mot hébreu pour les journaux diffusés gratuitement. “Hinamon” se traduit approximativement par “torchon gratuit” ou “numéro gratuit” et visait à dénigrer. Mais je n’imaginais pas un monstre comme “Israël Hayom” (“Israël aujourd’hui”) – journal disposant de fonds illimités, diffusé quotidiennement dans les rues et les galeries commerciales de tout le pays par des centaines et peut-être de milliers de jeunes gens rémunérés.

Les Israéliens aiment se procurer des choses qui ne coûtent rien. Israël Hayom est actuellement le quotidien qui a la plus grande diffusion en Israël. Il draine des lecteurs et des ressources de publicité de son seul concurrent, Yedioth Ahronoth (“Dernières nouvelles”), qui occupait cette position jusqu’à présent.

Yedioth a réagi vigoureusement. Il est devenu un ennemi acharné de Netanyahou. Yossi Werter, un reporter du journal de centre-gaucheHaaretz (dont la diffusion est beaucoup plus faible) pense même que l’élection actuelle se réduit à une lutte entre les deux journaux.

C’est très exagéré. Si l’on en juge par leur contenu politique et social, peu de choses les différencient. L’un et l’autre sont hyper-patriotiques, bellicistes et de droite. C’est la recette journalistique pour séduire les masses partout dans le monde.

Yedioth appartient à la famille Moses, un clan centré sur le monde des affaires. Le directeur actuel, de la troisième génération, Arnon (“Noni”) Moses, fuyant la publicité, est le patron d’un vaste empire économique qui s’appuie sur le journal. Le journal sert ses intérêts économiques, mais n’a pas d’intérêts politiques particuliers.

Adelson est unique.

EN ISRAËL, les paris sont interdits par la loi. Nous n’avons pas de casinos et les maisons de jeu clandestines sont traquées par la police. Lorsque nous étions tout jeunes on nous enseignait que les magnats des casinos étaient de mauvaises gens, presque autant que les marchands d’armes. Ils prennent l’argent des pauvres gens accros au jeu, les précipitant dans le désespoir et même le suicide. Voyez Dostoievski.

Les Israéliens lisent Israel Hayom (après tout, cela ne coûte rien), mais ils n’aiment pas nécessairement l’homme et ses méthodes. C’est pourquoi des membres de la Knesset furent encouragés à déposer une proposition de loi d’interdiction de tous les journaux gratuits.

Netanyahou et le Likoud firent obstruction à cette proposition de loi par tous les moyens. Mais au cours des votes préliminaires (nécessaires pour les propositions de loi présentées par des membres à titre personnel) ils furent battus de façon surprenante. Même des membres de la coalition de gouvernement de Nétanyahou ont voté pour. Les caméras ont surpris Nétanyahou se précipitant littéralement vers son siège dans l’amphithéâtre de la Knesset avant le début du vote.

Le vote pour fut acquis par 43 voix contre 23. Près de la moitié des membres du Likoud n’avaient pas participé au vote. Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et son parti votèrent pour la proposition de loi. Les ministres Yair Lapid et Tzipi Livni aussi.

Entre le vote préliminaire et l’adoption finale, une telle proposition de loi devait franchir plusieurs étapes. Il y avait tout le temps de l’enterrer dans l’une des commissions. Mais Netanyahou était furieux. Quelques jours après le vote, il renvoya Lapid et Livni du gouvernement, entraînant la rupture de la coalition de gouvernement et la dissolution de la Knesset.

Pourquoi Netanyahou a-t-il commis un acte aussi insensé avant la mi-parcours de son (troisième) mandat ? Il n’y a qu’une seule explication logique possible : il en avait reçu l’ordre d’Adelson, afin d’éviter l’adoption de la loi.

Si c’est le cas, Adelson est désormais notre législateur en chef. Peut-être est-il aussi notre faiseur de gouvernement en chef.

L’ARGENT JOUE un rôle de plus en plus important en politique. La propagande électorale se fait à la télévision, et cela coûte très cher. En Israël comme aux États-Unis, des fonds légaux et illégaux financent la campagne, de façon directe ou indirecte. La corruption est encouragée ou tolérée par les tribunaux. Les très riches (qualifiés par euphémisme en Amérique de “nantis”) exercent une influence excessive.

Lors des dernières élections présidentielles aux États-Unis, Adelson a déversé des flots de dollars dans la compétition. Il a soutenu Newt Gingrich, puis Mitt Romney, avec d’énormes sommes d’argent. En vain. Peut-être les Américains n’aiment-ils pas être dirigés par des capitaines de casinos.

Pour les prochaines élections présidentielles aux États-Unis, Adelson a démarré de bonne heure. Il a convoqué au siège de ses casinos de Las Vegas tous les principaux candidats républicains, afin de les sonder sur leur allégeance à sa personne – et à Netanyahou. Personne n’a osé refuser de se rendre à la convocation. Un sénateur romain se soustrairait-il à l’injonction de César ?

En Israël, de tels rituels sont superflus. Les Adelson – Miri comme Sheldon – savent qui est leur homme.

Le journal Israel Hayom est, bien sûr, une grosse machine de propagande, totalement vouée à la réélection de Netanyahou. Tout cela de façon parfaitement légale. En démocratie, qui peut dire à un journal à qui il doit apporter son soutien ? Nous sommes encore une démocratie, grâce à Dieu !

CELA PEUT paraître étrange qu’un pays permette à un étranger, qui n’a jamais vécu dans le pays, d’avoir un si énorme pouvoir sur son avenir, et sur son existence même.

C’est là qu’intervient le sionisme. Selon le credo sioniste, Israël est l’État des Juifs, de tous les Juifs. Chaque Juif du monde appartient à Israël, même s’il réside temporairement ailleurs. Il y a quelques jours, Netanyahou a revendiqué publiquement représenter non seulement l’État d’Israël mais aussi l’intégralité du “Peuple Juif”. Pas besoin de leur demander.

Par conséquent, Adelson n’est pas réellement un étranger. Il est l’un des nôtres. Il est vrai qu’il ne lui est pas possible de voter en Israël, bien que sa femme le puisse probablement. Mais beaucoup de gens, dont lui, pensent qu’il a, étant juif, parfaitement le droit d’interférer dans nos affaires et de dominer nos vies.

Par exemple, la désignation de notre ambassadeur aux États-Unis. Ron Dermer est américain, né à Miami, et il a milité au parti républicain. Désigner un membre américain du parti républicain comme ambassadeur d’Israël auprès d’une administration démocrate peut sembler bizarre. Pas si bizarre si Nétanyahou a obéi aux ordres de Sheldon Adelson.

C’est Adelson qui avait préparé le brouet de sorcière qui met actuellement en danger la relation vitale d’Israël avec Washington. Son laquais, Dermer, a poussé les Républicains du Congrès – qui dépendent tous des largesses d’Adelson ou espèrent en bénéficier – à inviter Nétanyahou à prononcer un discours anti-Obama devant les deux Chambres.

Pendant que s’ourdissait ce complot, Dermer rencontra John Kerry mais ne lui parla pas de la venue de Nétanyahou. Netanyahou non plus n’en informa pas le Président Obama qui, furieux, annonça qu’il ne rencontrerait pas le Premier ministre.

Du point de vue des intérêts vitaux d’Israël, c’est pure folie que de provoquer le président des États-Unis d’Amérique, lui qui contrôle le flux des armes d’Amérique vers Israël et le pouvoir de véto américain aux Nations Unies. Mais, du point de vue d’Adelson, qui veut élire un président républicain en 2016, c’est logique. Il a déjà menacé d’engager des sommes d’argent illimitées pour empêcher la réélection de tout sénateur ou représentant qui ne serait pas présent au discours de Netanyahou.

Nous sommes proches d’une guerre ouverte entre le gouvernement d’Israël et le président des États-Unis.

Quelqu’un joue-t-il notre avenir à la roulette ?

Uri Avnery a été membre de l’Irgoun dans sa prime jeunesse. Ancien député, journaliste et militant pacifiste (91 ans), il est cofondateur de Gush Shalom (Bloc de la Paix), une organisation israélienne favorable à la création d’un Etat palestinien. Il a rencontré Yasser Arafat à plusieurs reprises, et se défini comme« post sioniste ».

Photo : Uri Avnery

Article écrit en hébreu et en anglais, publié sur le site de Gush Shalom le 14 février 2015 Traduit de l’anglais : « The Casino Republic » pour l’AFPS : FL/PHL.

 

 

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Par Gilles Munier / 4 jours à téhéran

Ayant passé une partie de ma vie à soutenir l’Irak dans ses combats, je ne pensais pas aller un jour en Iran. Aussi, lorsque j’ai reçu un courriel m’invitant à participer fin octobre dernier à la conférence des « Penseurs et des cinéastes indépendants », organisée par l’ONGNew Horizon à Téhéran, j’ai cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie… J’ai remercié les organisateurs et leur ai demandé de consulter ma biographie sur Wikipédia pour vérifier s’ils ne s’étaient pas trompés !

C’était bien une invitation. La réponse est arrivée le jour même par la voix de Hamed Ghashghavi, secrétaire aux affaires internationales de la conférence, qui m’a dit dans un français impeccable : « Nous savons qui vous êtes, nous connaissons vos engagements, venez si vous êtes intéressé, vous êtes le bienvenu…».

J’y suis allé, via Dubaï, la ligne Paris-Téhéran étant fermée à titre de sanction contre l’Iran. Cela me rappelait les 13 ans d’embargo imposés à l’Irak, la traversée du désert en taxi - Amman-Bagdad ou Damas-Bagdad - en moins.

Lobbies sionistes … 11 septembre

La conférence se tenait dans un des grands hôtels de la ville. Principal thème du programme: la campagne des lobbies israéliens contre l’Iran, notamment aux Etats-Unis avec Gareth Porter, un journaliste d’investigation américain de renom – auteur de « Manufactured Crisis: The Untold Story of the Iran Nuclear Scare » qui va être traduit en persan - et par le journaliste brésilien Pepe Escobar qui en ont démonté les mécanismes.

J’ai toujours considéré que l’Iran a le droit d’effectuer des recherches dans le domaine nucléaire à des fins pacifiques, comme je l’ai été pour l’Irak dont le réacteur Tamouz a été en partie détruit par l’aviation israélienne en 1981. Et, je ne vois pas pourquoi les Iraniens n’en feraient pas autant dans le domaine militaire puisqu’Israël possède - selon l’ancien président Jimmy Carter - entre 150 et 300 ogives nucléaires. Cela dit, il serait préférable qu’aucun pays du Proche-Orient n’en possède. Mais, il ne faut pas se faire d’illusions : aucune grande puissance n’imposera à Israël la destruction de son arsenal nucléaire, en tout cas pas la France qui en est à l’origine, comme elle l’a été des centres de recherches irakien et iranien (du temps du Chah).

Les activités des lobbies pro-israéliens en France, en Italie, en Belgique et en Grande-Bretagne ont été décrites par, respectivement, Maria Poumier – ancienne maître de conférences aux universités de La Havane et de Paris VIII – Claudio Moffa – professeur d’histoire à l’université de Teramo – Isabelle Soumaya Praile, vice-présidente de l’Exécutif des musulmans de Belgique et Stefen Sizer, un pasteur anglican britannique.

Maria Poumier était depuis quelques semaines en Iran où elle présentait Amia repetitason documentaire sur l’attentat commis à Buenos Aires en 1994 contre le Centre communautaire juif dont l’Iran a été accusé. Pour elle qui est allée enquêter sur place, il s’agit d’une opération sous faux drapeau effectuée par les services secrets israéliens. L’intervention du pasteur Sizer portait principalement sur la montée de l’évangélisme chrétien sioniste, sujet auquel il a consacré plusieurs ouvrages.

La séance consacrée aux attentats du 11 septembre, avec les interventions de l’américain francophone Kevin Bar­rett, de Wayne Madsen – ancien consultant à la NSA - du cinéaste Art Oliver, et de Thierry Meyssan, réfugié à Damas, n’ont rien révélé de vraiment nouveau sur le sujet. La demande d’ouverture d’une enquête internationale sur ces attentats, formulée par ce dernier, a été retenue dans le communiqué final de la conférence.

Etat islamique en Irak et au Pays de Cham

L’émergence de l’Etat islamique – autre sujet abordé – a été présentée comme une sorte de complot américano-israélo-saoudien. Interviewé par des journalistes iraniens, je n’ai pas caché qu’il s’agissait d’une analyse spécieuse et contre-productive. « Vous devriez poser la question au général Qassem Suleimani » leur ai-je dit, « il est bien placé pour savoir ce qui se passe en Irak ! ». « La montée en puissance d’Al-Qaïda, puis de l’Etat islamique est d’abord à porter au compte de l’invasion et de l’occupation de l’Irak, puis à la politique sectaire et obtuse de Nouri al-Maliki » et qu’à mon avis, ai-je ajouté : « les Etats-Unis vont en profiter pour entrainer l’Iran dans le bourbier irakien, ce qui n’est pas de l’intérêt de Téhéran, visé aussi par le plan de remodelage du Moyen-Orient ». Je n’ai pas eu l’impression de choquer mes interlocuteurs. La seule prise de parole intéressante concernant l’Etat islamique fut celle d’Imran Hussein, spécialiste sunnite de l’eschatologie musulmane, qui entrevoit dans le bouleversement causé à l’équilibre proche-oriental le risque à terme d’une guerre opposant les sunnites aux chiites au niveau mondial dont les Israéliens tireraient le plus grand profit.

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Conférence controversée à Téhéran

Par Gilles Munier (Afrique Asie – novembre 2014)

« Horizon nouveau », conférence reportée après l’élection d’Hassan Rouhani à la présidence iranienne, s’est tenue avec succès à Téhéran le 29 septembre et 1er octobre dernier. Une trentaine d’invités, dont beaucoup d’Etatsuniens - écrivains, journalistes, militants d’ONG – ont passé au crible les menées anti-iraniennes des lobbies israéliens occidentaux. Une session a été consacrée à la menace EIIL sur le Proche-Orient, et une autre à la dernière agression contre Gaza avec les interventions de représentants du Hamas et du Djihad islamique. Un appel à amplifier le boycott des produits israéliens a été lancé par Medea Benjamin et l’ancien Marine Kenneth O’Keefe, connus aux Etats-Unis pour leurs dénonciations des crimes US et israéliens. Art Olivier, ancien candidat libertarien à la vice-présidence des Etats-Unis, a annoncé le tournage de son film sur Rachel Corrie, manifestante non-violente américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003.

Il fallait s’attendre à ce que la session consacrée aux attentats du 11 septembre – où il fut rappelé que 60% des Américains ne croient plus à la version officielle de l’événement - pose problème. Les sites pro-israéliens US ont sauté sur ce prétexte pour qualifier la conférence de « conspirationniste », d’« antisémite », allant jusqu’à inventer la présence de l’humoriste Dieudonné (!) sur les lieux pour justifier leurs accusations. Qu’importe si Reza Montazani, organisateur de la réunion, avait précisé que le sionisme était seul en cause, qu’il ne tolèrerait aucun dérapage anti-juif… et qu’il n’y en a pas eu.

Photo ci-dessous: Une vue de la salle de conférence :

4 jours à Téhéran
 
 
 
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New Horizon: Les participants à la Conférence de Mashhad (mai 2018)

 

Par Gilles Munier/

 

Le 13 février dernier, le Département du Trésor américain a décidéd’interdire toute transaction et contact avec l’ONG iranienne New Horizon accusée d’aider la Force al-Qods des Gardiens de la Révolutionà recruter des agents étrangers.

New Horizon  est également accusée de recueillir des renseignements auprès des invités participant aux conférences internationales qu’elle organise.

Antisémitisme, conspirationnisme, négationnisme…

Ces conférences réunissent des libres penseurs et des artistes venus des quatre continents. Elles ont pour thèmes : la politique américaine au Proche et au Moyen-Orient, l’impérialisme politique et militaire occidental, les activités des lobbies sionistes dans le monde, et n’ont pas pour objectif, comme l’affirme le communiqué du Département du Trésor, de « propager l’antisémitisme, des théories conspirationnistes et la négation de l’holocauste ».

L’an dernier, à Mashhad, le rabbin David Weiss de la secte juive orthodoxe Naturei Karta était présent à la tribune, ainsi que Niko Peled, fils du général « Matti » Peled, membre de l’Etat-major de l’armée israélienne lors de la guerre de juin 1967 et, en 1984, député à la Knesset sur une liste progressiste pour la paix avec les Palestiniens. Parler de propagation de l’antisémitisme dans ces conditions est purement mensonger, diffamatoire.

Bien évidemment, New Horizon est en relation avec le ministère iranien des Affaires étrangères. Gholamreza Montazami, son secrétaire général, est d’ailleurs un ancien diplomate. Des invités sont reçus au ministère. En septembre 2014, j’ai assisté à une réunion présidée par Ghazanfar Roknabadi, ancien ambassadeur d’Iran au Liban. Qu’y-a-t-il  d’anormal à cela ?

Bolton, anti-iranien forcené

Ce qui rend furieux les néoconservateurs pro-israéliens au pouvoir aux Etats-Unis, et notamment John Bolton, chef du Conseil national de sécurité - conseillé par le milliardaire ultra-sioniste Sheldon Adelson et les Moudjahidine du peuple - c’est la présence aux conférences de New Horizon de personnalités américaines opposées au déclenchement d’une guerre contre l’Iran.

John Bolton

En juillet 2017, à Villepinte (banlieue parisienne) où se tenait un rassemblement organisé par les Moudjahidine du peuple, Bolton, anti-iranien forcené, avait déclaré que la prochaine réunion se tiendrait à Téhéran en 2019, le « régime des mollahs » renversé entretemps n’ayant pu fêter avant son 40ème anniversaire…

Selon le quotidien Le Figaro, qui cite un diplomate français, les hommes politiques américains touchent 25 000$ pour participer au rassemblement de Villepinte (les Français 12 500$ !).

Sur la liste noire du terrorisme

Désormais, toutes les personnes en  rapport avec New Horizon ou ses dirigeants - Nader Talebzadeh Ordoubadi - son président -Gholamreza MontazamiZeinab Mehanna Talebzadeh, Hamed Ghashghavi - sont susceptibles d’être considérées par la CIA et le FBI comme étant des agents iraniens, et de voir leur nom inscrit sur leur liste noire du terrorisme.

Mais, qui peut croire un seul instant que Philip Giraldi - ancien officier de la CIA et des services secrets militaires américains -, ou Scott Bennett – ancien membre des Forces spéciales US et de l’administration GW Bush, spécialiste des psy-ops – présents à la conférence de Mashhad, sont du genre à se laisser recruter par les services secrets iraniens ?

Le but recherché par John Bolton est d’effrayer les personnalités ouvertes au dialogue avec des Iraniens. Il n’est pas certain que le terrorisme intellectuel à grande échelle y parvienne, car l’opinion publique américaine rejette massivement le déclenchement d’une guerre contre l’Iran. Mais avec Donald Trump à la Maison-Blanche, on peut s'attendre au pire (ou à son contraire).

Cela dit, en Iran, en France, comme ailleurs, il n’y a aucune raison de se laisser intimider par le fichage étatsunien et par les menaces proférées par le Département du Trésor américain.

Sur le même sujet, lire aussi :

4 jours à Téhéran

(28/11/14)

En Iran, j’ai donné des conférences sur les origines de l’Etat islamique…

(23/6/15)

Nucléaire : l’Iran droit dans ses bottes face aux exigences occidentales

(11/8/15)

Retour de Mashhad : «Le monde nouveau qui pointe à l’horizon»(23/5/18)

Et :

Sheldon Adelson, le milliardaire qui veut acheter la Maison-Blanche, la Knesset et bombarder l’Iran

(mai 2014)

La république casino

(par Uri Avnery – février 2015)

Attention ! Moudjahidine du Peuple iranien

(31/9/16)



31/05/2019
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