Hommage à Roman Cieslewicz
• PHOTO-GRAPHIK — une exposition des plus belles réalisations du travail de Roman Cieslewicz (1930-1996), affichiste, illustrateur, graphiste (collaborateur de la revue Albatroz dans les années 80), actuellement à la Maison Européenne de la Photographie • 5-7 Rue de Fourcy, 75004 Paris • Métro : St. Paul • Tél : 01 44 78 75 00 • jusqu'au 26 Octobre 2008, 11h/19h45 (sauf lundi, mardi et fêtes). 3 - 6 euros.
Hommage à Roman Cieslewicz 1930-1996
J'ai eu la chance de fréquenter Roman durant quelques années où j'enseignais à l'ESAG, et dois avouer que le troisième syllabe de son patronyme «wicz» qui se prononce <witz> en français, veut dire «blague» en hongrois… Et si les noms ont une quelconque influence sur une œuvre, alors il faut reconnaître que c'était un homme avant tout drôle comme peuvent l'être les clowns tristes… toujours prêts pour le bon mot, le mot juste.
"Mon rêve, c'était de faire des images publiques, pour que le plus grand nombre de gens puisse les voir. Alors pour moi, c'était l'affiche - l'image publique - qui était le plus important. Je pensais déjà à l'affiche avant même d'entrer à l'Académie. Sortir dans la rue. C'est très important. Quand je pense à la variété des objets qui entourent l'homme, je crois que le plus important, c'est l'affiche. Parler, dire, transmettre, annoncer. Informer. (…) Je n'ai jamais conçu une image indépendante de son contenu. Je veux toujours que l'image soit maximale et que l'information soit maximale. Il faut agir sur le maximum d'imagination." (in, Wieslawa Wierzchowska, Auto-portraits, Éditions Interster, Varsovie, 1994.).
Œuvre entièrement réalisée selon des procédés graphiques traditionnels, sans ordinateur.
Comptant parmi les plus grands graphistes de la deuxième moitié du XXème siècle, il a influencé d'une façon décisive le développement des arts graphiques et de l'affiche. Devenu célèbre, il exposait dans le monde entier. Cieslewicz fut l'un des créateurs de "l'école polonaise de l'affiche", dont les principes les plus importants étaient la simplicité et la clarté de l'expression plastique, l'utilisation des signes synthétiques, de métaphores poétiques, et la richesse des moyens d'expression. Il produisit un grand nombre d'affiches de photomontages et de dessins de presse, tout en s'occupant d'édition, de typographie, de photographie et d'exposition. Il fut membre de l'Association des Artistes Graphiques Polonais, de l'Alliance Graphique Internationale (AGI), et de l'International Center for the Typographic Arts.
Né le 13 janvier 1930 à Lvov, il est mort le 21 janvier 1996 à Paris.
Entre 1943 et 1946, il a fréquenté l'École de l'Industrie Artistique de Lvov. En 1946, il s'est installé à Opole, où il fut employé par la cimenterie "Groszowice". Il reprit ensuite ses études au Lycée des Arts Plastiques de Cracovie pendant l'année scolaire 1947/1948. L'année suivante, il est entré à l'Académie des Beaux-arts de Cracovie et à la Faculté de l'Affiche. Il étudia dans les ateliers de Zbigniew Pronaszko, Czeslaw Rzepinski et Mieczyslaw Wejman. En 1955, il acheva son diplôme dans l'atelier d'affiche de Jerzy Karolak et Maciej Makarewicz. Une fois installé à Varsovie, il réalisa des affiches pour la Centrale de Distribution des Films (CWF), les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), la Chambre Polonaise de Commerce. De 1959 à 1962, il fut directeur artistique du mensuel "Ty i ja" ("Toi et moi"). Il conçut également la charte graphique de la revue artistique "Projekt" (avec Wojciech Zamecznik, Jozef Mroszczak et Hubert Hilscher), du mensuel "Polska", et des catalogues de la Galerie Contemporaine de Varsovie. Il collabora avec les Éditions Artistiques et Graphiques (WAG), RSW "Ruch", ainsi qu'avec des théâtres, des institutions culturelles et des maisons d'édition : PIW, "Czytelnik", "Iskry", WAIF. La conception graphique d'expositions intéressait également Cieslewicz : il créa, entre autres, la scénographie du pavillon polonais aux Foires de Leipzig (1957) et de Moscou (1959), du pavillon d'Elektrim à Pékin (1961), et du pavillon Ce-Te-Be à la Foire Internationale de Poznan (1963).
Au début de 1963, il partit pour Essen où il fut engagé par la maison d'éditions de l'entreprise Krupp. Puis ce fut l'Italie, où il réalisa pour la firme Italsider cinq panneaux décoratifs dans les ateliers de production de ses fonderies à Bagnoli, Piombino, Lovere, Cornigliano et Toranto. En septembre 1963, il s'est installé avec sa famille à Paris, où il a vécu et travaillé jusqu'à la fin de sa vie. En 1971, il reçut la nationalité française. De 1965 à 1969, il fut directeur artistique du magazine"Elle", qu'il transforma selon sa propre vision graphique.
Il collabora également avec "Vogue", définit la formule graphique de la revue artistique « Opus international », du mensuel de vulgarisation scientifique "VST", du magazine "Musique en jeu", et du tri-mensuel "Kitsch". Il fit en outre de nombreux projets graphiques pour les maisons d'éditions Hachette, Ketschum et Hazan, ainsi que pour les Galeries Lafayette et le Musée Picasso.
Ses projets graphiques pour les épais catalogues de grandes et prestigieuses expositions au Centre Pompidou, à Paris, lui ont valu une estime internationale. Par la suite, il fit des affiches pour la mairie de Montreuil, devint directeur artistique de l'agence de publicité M.A.F.I.A., réalisant la campagne de publicité des chaussures Jordan et la campagne "La France a du talent", et collabora avec les Éditions du dialogue des Pères Pallotins à Paris. Il a souvent publié dans le journal "Libération", les revues "Révolution" et "L'autre journal". Pour le groupe PANIQUE, dont il a été membre, il a élaboré et édité deux numéros de la revue de "l'information panique": "Kamikaze I" (1976) et "Kamikaze II" (1991). De 1973 à 1975, il dirigea l'Atelier des Formes Visuelles à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, puis de 1975 à 1996, l'atelier de diplôme en arts graphiques à l'École Supérieure des Arts Graphiques.
Renouant avec la scénographie, il a conçu des décors pour les défilés de mode "Elle" (1968-1971), et réalisa le projet architectonique de l'exposition L'ESPACE URBAIN EN URSS, 1917-1978 au Centre Pompidou (1978). En 1979, il a mis en scène le film CHANGEMENT DE CLIMAT pour l'Institut National Audiovisuel à Paris. En 1989, sur une commande de l'Assemblée Nationale et du Ministère de la Culture, il réalisa les décors du bâtiment de l'Assemblée pour la célébration du bicentenaire de la Révolution Française. L'année suivante, ce furent des décors pour l'Hôtel de Ville de Paris à l'occasion du centenaire de la naissance du général de Gaulle.
En collaboration avec le Musée de la Littérature de Varsovie, il organisa deux expositions: 70 DESSINS DE BRUNO SCHULZ (1975) et LE PORTRAIT DANS L'ŒUVRE DE STANISLAW IGNACY WITKIEWICZ (1978). Cieslewicz ne cessa jamais de participer à la vie artistique de son pays natal. L'étape polonaise de son aventure artistique fut marquée par une série des affiches pour l'Opéra de Varsovie, pleines d'un élan baroque (PERSEPHONE, MANRU, PRISONNIER, MONTS, OEDIPUS REX).
(Extrait d'un article de Jerzy Brukwicki, mars 2004
Lien : http://paris.blog.lemonde.fr/2008/10/04/hommage-a-roman-cieslewicz-1930-1996-reloaded)
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