hyperinflation des produits alimentaires
En France, les produits laitiers sont attendus à la hausse de 4 à 5 % pour le moins et le litre de lait pourrait grimper de 10 %. En Afrique, le prix du lait a doublé avec les conséquences que l’ont imagine pour une population déjà en détresse alimentaire.
Aux Etats-Unis, le prix du gallon (3,8 litres) de lait est en hausse de 15 % et certains produits laitiers atteignent des prix 50 % supérieur à ce qu’ils étaient il y a six mois. En Allemagne, les accords entre industriels et grandes surfaces ont conduits le prix de la plaquette de beurre de 250 grammes de 0,79 à 1,19 euros depuis le 1er août, le prix du fromage blanc a bondi de 40 %.
Si le prix général du panier alimentaire moyen a subit une inflation rampante depuis 2002, cette forte inflation du lait ne fait que révéler un phénomène d’hyperinflation généralisé. Voici, selon le site internet de L’Express, les 5 principaux produits hors laitiers qui seraient touchés :
- Œufs : de + 5 à + 10 %
- Bière : de + 5 à + 7 %
- Jambon : + 6,5 %
- Biscuits : de + 7 à + 10 %
- Poulet : + 14 %
Sans compter les pâtes, le riz, le soja et l’huile dont les prix mondiaux explosent également.
Ces hausses arrivent à un moment où la plupart des ménages vivent déjà sur la corde raide et où l’ensemble des populations humaines sont en situation difficile voir de forte précarité. Les ONG et autres banques alimentaires qui fournissent de l’aide humanitaire aux populations en grandes difficultés sont obligées de diminuer leurs achats et donc leurs livraisons, ne pouvant faire face à la hausse générale des prix.
Mais que se passe t-il ?
Les médias débitent tous les mêmes arguments : 1) la Chine avale tous les aliments du monde, en volume et en produits nouveaux pour leur marché, comme les yaourts ; 2) la folie des biocarburants avale tous le maïs. Si le « c’est les chinois » n’est que du bourre-mou, la culpabilité des biocarburants est réelle, néanmoins ce n’est pas la seule cause. En voici quelques autres :
- Les stocks mondiaux de céréales diminuent d’années en années, et le phénomène a démarré bien avant les biocarburants. Les stocks de riz sont à leurs plus bas depuis les années 70. Sous le joug du GATT puis de l’OMC, les nations ont été forcées à abandonner leurs politiques de réserves pour se reposer uniquement sur les « marchés mondiaux ».
- Les « petits » producteurs de lait ont été amenés à abandonner leur activité dans de nombreux pays à cause des niveaux élevés de l’investissement de base et des prix bas auxquels leur production était achetée. La France compte encore 3,8 millions de vaches laitières, élevées par 100 000 agriculteurs, mais 5 000 de ces éleveurs abandonnent chaque année leur activité pour pouvoir continuer à vivre. Pour les remplacer, de grandes exploitations laitières ont été installées dans certaines zones du monde comme en Haïti ou dans l’Idaho, où souvent les ouvriers sont traités comme des esclaves. En mars dernier, le sénateur américain du Vermont Patrick Leahy a engagé une procédure pour sauver les producteurs laitiers, qui ne pourront se maintenir à moins de leur garantir un prix minimum juste, pour leur production.
- ADM, Cargill, Bunge, Kraft et quelques autres des cartels céréaliers affichent des profits record. Au-delà de l’arnaque des biocarburants, c’est le racket qui en est la cause. Ce que les producteurs touchent de l’argent dépensé par le consommateur final n’est qu’une part infime du prix affiché. Jadis aux Etats-Unis, les producteurs de lait touchaient entre 60 et 70 % du prix de vente au détail, désormais c’est moitié moins.
- Le mauvais temps vient s’ajouter à tout cela et aux faibles moyens de l’agriculture en général dans le monde, ce qui provoque des pénuries. La sécheresse en Australie a diminué la production de lait d’un milliard de litre pour une production mondiale de 620 milliards de litres.
Manque de mécanismes d’investissement, libre-échange et cartellisation viennent donc s’ajouter à la folie spéculative des biocarburants pour détruire le cycle agro-industriel nourrissant les populations, au Nord comme au Sud. Le sous-investissement chronique dont souffre l’agriculture dans le monde comme l’ensemble des secteurs productifs, n’est la conséquence du système d’hyperspéculation que l’on a laissé se développer sous le nom de mondialisation, en réalité un système d’oligarchie. Seulement dans le cadre d’un nouveau Bretton Woods -un système international réguler par les gouvernements pour un développement mutuel des nations et des peuples- ces problèmes pourront être résolus.
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