"la résistance, seul chemin du possible"
"La Résistance, seul chemin du possible"
• La voix de la résistance : à Nablus et à Jénine,
la résistance s’oppose vaillamment à la barbarie sioniste !
Au cours de la dernière semaine de février 2007, l’armée et les services secrets de l’entité sioniste ont déclenché plusieurs raids sur la ville de Nablus et la région de Jénine, situées au nord de la Cisjordanie occupée.
Ce n’est pas la première fois que les forces sionistes lancent des raids et commettent des assassinats de combattants palestiniens. Mais cette dernière attaque intervient au moment où les forces politiques palestiniennes étaient engagées dans un processus d’entente et de débats internes pour parvenir à une paix civile et tenter de desserrer l’étau imposé contre le peuple par les « forces du mal », Israël et ses alliés du Quartet, auxquels il faut ajouter leurs alliés arabes, le régime jordanien en tête.
L’attaque sioniste est, comme les opérations précédentes, destructive et sanguinaire. Elle exprime le mécontement de la classe politique sioniste qui ne veut pas une paix sociale palestinienne, qui ne veut pas d’un gouvernement d’unité nationale, même si les pourparlers en cours pour la formation d’un tel gouvernement risquent d’accoucher d’une « souris » ! L’attaque est la réponse sioniste aux accords de La Mecque, aussi bien dans le volet de la paix civile que dans celui de la formation du gouvernement.
Quand Israël est mécontent, il tue et détruit ! Et quand il est satisfait, il vole la terre et accentue sa domination !
Dimanche 25 février, dès l’aube, les forces militaires de l’occupation israélienne ont massivement envahi la ville de Nablus. Plus de 80 véhicules militaires, accompagnés de bulldozers et survolés d’hélicoptères se sont déployés dans plusieurs quartiers de la ville sous le prétexte de rechercher les résistants. La ville fut encerclée par des barrages installés à toutes les entrées de la ville. Le couvre-feu fut instauré, plusieurs maisons furent occupées par les soldats, et notamment aux abords de la vieille ville, et transformées en casernes. Plusieurs routes furent coupées par des blocs de ciment, coupant ainsi la ville en deux. Les hôpitaux ont été encerclés par des soldats qui fouillaient les malades entrant et sortant des hôpitaux. Des dizaines de Palestiniens ont été arrêtés.
Mais les résistants ont riposté à cette invasion. Des groupes de jeunes sont sortis et ont affronté les soldats de l’occupation, qui ont tiré et blessé au moins 8 jeunes, au début du premier jour. Deux soldats sionistes ont été blessés.
Les forces d’invasion ont diffusé un communiqué en arabe, appelant la population à ne pas « collaborer » avec les résistants et a précisé que leur invasion visait à l’arrestation de sept d’entre eux : Umar Akoub, Mahdi Akoub, Mahdi Abu Ghazaleh, Amin Labada, Abdel Rahman Shinawi, Sufyan Qandil et Fahmi Rihan. Et simultanément à l’invasion, les forces de l’occupation ont brouillé les radios et télés palestiniennes locales qu’ils ont utilisés pour lancer leurs communiqués, prévenant la population que l’opération risque de durer quelques jours.
La radio Sawt Tariq al-Mahabbe a été notamment utilisée par l’armée de l’occupation pour faire passer ses communiqués militaires. L’armée sioniste a attaqué des journalistes, leur lançant des bombes lacrymogènes et a empêché les équipes médicales d’entrer dans la zone assiégée.
Tayseer Nasrallah, membre du conseil national palestinien, a lancé un appel à la communauté internationale, au Quartet et à la Ligue arabe, leur demandant d’intervenir et de faire pression pour faire cesser cette dernière agression contre la ville de Nablus, rejettant les prétextes avancés par les forces de l’occupation pour envahir encore une fois la ville de Nablus.
Il a déclaré que l’Etat sioniste vise à entraîner les Palestiniens à l’anarchie, à faire échec aux efforts politiques déployés pour l’application de l’accord de la Mecque et des décisions qui en sont issues, et notamment la formation d’un gouvernement d’unité nationale. Israël vise, a-t-il ajouté, l’échec du plan de sécurité dans la ville de Nablus, que l’Autorité nationale palestinienne a préparé avec toutes les forces locales, politiques, sociales et civiles, de la ville, afin que la loi soit respectée dans la ville, après la période d’anarchie sécuritaire de ces derniers mois.
Le second jour de l’invasion, Adnane al-Tibi, 41 ans a été tué, et son fils Ashraf, blessé, dans la vieille ville. Dans le quartier Makhfiya, à l’ouest de la ville, les forces de l’occupation ont encerclé deux immeubles, prétendant que des combattants s’y trouvent. Elles ont obligé les familles à en sortir et ont tiré des roquettes en direction des deux immeubles. L’appartement de Allam Tubayla a été incendié.
Les pompiers ont été empêchés d’éteindre le feu.
Plus de 150 Palestiniens ont été arrêtés, âgés entre 16 et 55 ans. Les soldats investissent les maisons et sèment la terreur dans les familles. La maison d’un dirigeant des Brigades des martyrs al-Aqsa a été détruite par explosion d’une charge, dans le quartier Yasmina, dans la vieille ville. Des dizaines de maisons ont été touchées par l’explosion.
L’école secondaire Jamal Abdel Nasser a été transformée en centre d’arrestations : des dizaines de citoyens y ont été emmenés pour subir les interrogatoires. Plusieurs officiers des renseignements participaient aux interrogatoires.
La maison de sheikh Nabegh Hatim Breyk, 43 ans, a été investie, il est directeur de la chaine télévisée al-Sanabil. Il a été arrêté. Le siège de la télé a également été occupé et fouillé, et le matériel confisqué.
Les familles des combattants réclamés par l’occupation ont été arrêtées et brutalisées par les soldats. Les mères et les épouses des résistants ont été arrêtées afin qu’elles soient utilisées comme moyens de pression sur les résistants.
Ghassan al-Masri, responsable du Fateh et membre du département politique de l’OLP, a demandé au secrétaire général de la Ligue arabe d’agir auprès du Quartet, qui poursuit son siège contre le peuple palestinien, pour faire cesser l’agression israélienne.
De leur côté, les institutions civiles palestiniennes de la ville de Nablus ont rapidement réagi à l’invasion : en se mobilisant pour porter secours à la population assiégée dans la vieille ville notamment, refusant de répondre aux appels des sionistes qui demandaient à la population de rester dans leurs maisons, et en dénonçant le silence complice de la communauté internationale, dont le seul but consiste à faire pression sur les Palestiniens, selon les termes du communiqué des institutions civiles, du 26 février.
Le communiqué a lancé un appel à la population, lui demandant de secourir rapidement les assiégés en brisant le blocus alimentaire et médical.
Sur les causes de l’invasion, plusieurs personnalités de la ville ont nettement mis en cause la volonté israélienne d’empêcher la paix civile et la remise en ordre de la ville, processus enclenché il y a quelques semaines avec la participation de toutes les forces politiques palestiniennes. Pour ces personnalités, le nouvel état-major de l’armée veut régler ses comptes et montrer sa puissance en s’attaquant à la ville de Nablus, ville de la résistance.
De leur côté, les forces armées de la résistance, et notamment les Brigades des martyrs d’al-Aqsa et les Brigades al-Awda (affiliées au Fateh) ont déclaré qu’elles n’étaient plus tenues par la trêve qu’elles avaient accepté il y a plusieurs mois déjà, trêve des opérations contre l’entité sioniste. Dans un communiqué commun, elles ont déclaré que le choix de la résistance est maintenu jusqu’au départ de l’occupation et de ses agents. « Pas de cessez-le-feu, ni trêve, ni bonnes intentions avec les sionistes qui ne respectent aucune parole. Israël ne pourra pas nous faire arrêter la résistance ».
Au troisième jour de l’invasion, le mardi 27 février, la population de Nablus est sortie des maisons, pour découvrir les dégâts immenses commis par les forces israéliennes. Alors qu’elles annoncent poursuivre l’opération militaire, les forces de l’occupation se sont redéployées aux alentours de la ville. Les forces de la résistance ont annoncé que l’opération sioniste a échoué, malgré les dégâts immenses occasionnés sur les propriétés des habitants. Les résistants se sont affrontés aux soldats et leur ont fait subir des pertes importantes, en matériel. Dans un communiqué des Saraya al-Quds, des Brigades Abu Ali Mustafa et des Brigades d’al-Aqsa, les résistants se sont adressés à l’état-major israélien, lui promettant des opérations de qualité. « L’ennemi ne comprend que le langage de la force. Il devra supporter toutes les conséquences de ses actes et agressions, et notamment de son agression perdante à Nablus ». De son côté, Sheikh Hamid Bitawi, président de la ligue des ulémas et membre du conseil législatif dans la région de Nablus a taxé l’opération de barbare, disant qu’elle n’exprime que la mentalité de destruction de l’occupant. Bitawi a accusé le gouvernement de l’occupation d’envahir Nablus pour détourner les regards de ce qui se passe dans la ville d’al-Quds, appelant les Palestiniens à se mobiliser pour la défense de la ville sainte et d’empêcher sa judaïsation.
Les organisations de la résistance palestinienne ont riposté à l’attaque contre Nablus en menant plusieurs opérations contre les cibles israéliennes, et non seulement dans la ville de Nablus. Les Saraya al-Quds ont lancé des pluies de roquettes sur les colonies de Sderot, la ville occupée d’al-Majdal (Ascalan), et la base militaire Ketsovim, au nord de la bande de Gaza.
Mercredi 28 février, les forces de l’occupation entrent de nouveau à Nablus, semant la terreur et la destruction. N’ayant pas réussi à arrêter ni à assassiner les résistants, elles s’en prennent à leurs familles. La mère du jeune Amine Labada, et Manal Faqîh, enceinte de 5 mois, ont été arrêtées sous le prétexte que leurs fils et époux est recherché. Les soldats israéliens s’en sont pris également aux magasins de la vieille ville : destructions des portes, pillage du contenu. Ils ont souillé la mosquée Satour, montant jusqu’au minaret. Voilà les actes de bravoure de l’armée la plus morale au monde.
Jeudi, 5ème jour de l’invasion : la ville de Nablus est toujours envahie. Les soldats sionistes utilisent des chiens pour entrer dans les immeubles, et faire sortir leurs habitants. L’immeuble al-Hindi, dans le quartier Rafidia, a été encerclé, les soldats de l’occupation pensant y trouver les résistants. Les habitants ont dû en sortir et être fouillés.
L’architecte Adli Ayyash a décrit la situation dans la vieille ville de catastrophique, à cause des destructions systématiques menées par les troupes sionistes. 30.000 personnes vivent dans la vieille ville, dans des maisons collées les unes aux autres. Le fait de faire exploser des maisons, des appartements ou des magasins met en danger l’ensemble du quartier de Hammam al-Nasr. Il a expliqué que le réseau électrique et le réseau de l’eau ont été gravement touchés.
• Jénine : assassinat de trois résistants des Saraya al-Quds (Jihad islamique)
Ali Samoudi, Jénine 28 février
Les unités spéciales de l’armée sioniste ont assassiné mercredi matin trois dirigeants de la branche armée du Jihad islamique, les Saraya al-Quds, dans le camp de Jénine. Parmi eux, se trouvaient le dirigeant des Saraya en Cisjordanie, Ashraf Saadi, qui était le résistant le plus recherché de l’appareil sécuritaire israélien. Les trois martyrs sont : Ashraf Mahmud Saadi, 32 ans, Muhammad Ibrahim Abu Na’isa, 34 an et Alaa Rafiq Briki, 27 ans. Tous habitaient dans le camp de Jénine.
Des témoins ont affirmé qu’à environ 1 heure du matin, à l’une des entrées du camp, une voiture où se trouvait Ashraf Saadi et ses deux compagnons se dirigeait vers le camp. Les résistants ont remarqué qu’ils étaient épiés, et d’un coup, un hélicoptère est apparu, survolant le camp à faible altitude. La voiture des résistants a été la cible de tirs nourris, les obligeant à se cacher dans une ruelle pour éviter les tirs. Ahmad Khaled, du camp, a vu les unités spéciales tirer des coups de feu en direction de la voiture et toucher le conducteur, qui n’est autre que le martyr Briki. La voiture heurte le mur d’une maison. Umm Ahmad raconte que Ashraf est sorti de voiture et a essayé de s’enfuir vers une autre entrée du quartier, mais il fut surpris par des éléments d’une force déguisée, qui ont tiré sur lui. Ashraf est tombé, criblé de balles. Les habitants du quartier affirment que Abu Na’isa et Briki furent tués dans la voiture même, au début de l’attaque.
Au même moment, 20 véhicules blindés sont entrés dans le camp, de tous les côtés. Des affrontements ont eu lieu avec les résistants des Brigades des martyrs d’al-Aqsa et des Saraya al-Quds. Au même moment, des centaines de jeunes sortis de leurs maisons attaquaient les soldats avec des pierres.
Lorsque l’armée s’est retirée, la population est sortie et s’est directement rendue à l’hôpital, où se trouvaient les corps des martyrs. Et dans la matinée, les trois corps furent ensevelis dans le cimetière des martyrs du camp de Jénine, après avoir été portés par un cortège imposant des habitants du camp et de la ville, des jeunes, des hommes, des femmes, tous scandant des mots d’ordre appelant à la lutte contre l’occupation. Le cortège était mené par les résistants. Dans une déclaration, Walid Ubayd, porte-parole des Saraya al-Quds, a déclaré que l’assassinat signifie qu’on ne peut faire de trêve avec l’occupant, la seule alternative est la résistance. Il a fait porter à Israël l’entière responsabilité de tout ce qui peut suivre.
Ashraf Saadi était recherché depuis près de deux ans par les forces de l’occupation. Il avait échappé à plusieurs tentatives d’assassinat et d’arrestation. Sa famille a été maintes fois brutalisée afin qu’elle livre Ashraf.
La résistance riposte et s'intensifie
En réponse à l’assassinat des trois résistants, les Saraya al-Quds ont lancé plusieurs attaques contre les soldats israéliens postés dans la région de Jénine. Un communiqué de l’organisation précise que des groupes dénommés Ashraf Saadi ont lancé plusieurs attaques près de Ya’bud, à l’ouest de Jénine, sur des postes militaires israéliens.
Le gouverneur de Jénine, Qaddoura Mûsa a accusé l’occupation de revenir aux invasions et aux assassinats en Cisjordanie pour masquer son échec et empêcher la paix civile interne. Le gouverneur a affirmé que la poursuite de cette politique israélienne traduit l’incapacité du gouvernement à adopter une attitude positive envers le peuple palestinien. Il a ensuite envoyé plusieurs messages à plusieurs consulats leur demandant de faire pression sur l’Etat d’Israël et de protéger le peuple palestinien.
Un jour après l’assassinat des résistants au camp de Jénine, les forces de l’occupation ont lancé une vaste attaque, le jeudi matin, 1er mars, sur les villages entourant Jénine, comme Tamûn et al-Yâmun, et le camp al-Fari’a, prétextant la recherche des résistants.
Khaled al-Batch, dirigeant du Jihad islamique, a déclaré que l’invasion, les assassinats et la destruction menés par le régime sioniste à Nablus et Jénine « visent la résistance palestinienne, les sionistes voulant prouver au monde qu’ils peuvent tuer quand ils le veulent, surtout après leur échec cuisant au Liban. Mais l’intensification sioniste de l’agression dans les villes de la Cisjordanie et de Gaza ne nous empêchera pas de résister à l’occupation, et de nous tenir au droit à la résistance jusqu’à la fin de l’occupation. Les opérations militaires de l’ennemi sioniste contre le peuple palestinien n’affaiblissent pas la résistance, au contraire, elles augmentent sa détermination et sa fermeté et sa force. »
Le Front Populaire de Libération de la Palestine a, dans un communiqué, mis l’accent sur le fait que la récente agression de l’Etat sioniste montre, non seulement l’impunité dont il jouit lorsqu’il viole le droit international, mais aussi la faiblesse du système arabe officiel qu’Israël veut obliger à retourner à ce qui s’appelle le « processus de la paix ». « Ce qui se passe dans les régions palestiniennes confirment qu’Israël n’accorde aucun poids à quiconque dans ce monde, même si certains cherchent à poursuivre leurs relations politiques et diplomatiques avec l’Etat de l’occupation ». Le Front a demandé à « la direction palestinienne de faire appel à la Ligue arabe, au niveau des ministres des affaires étrangères, pour faire cesser les pratiques criminelles de l’armée de l’occupation, et notamment la poursuite des fouilles aux environs de la mosquée al-Aqsa ».
N° 1 (2007) Premier mars
Cirepal - Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
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