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Pourquoi l’attentat contre bhutto ?

Pourquoi l’attentat contre Bhutto ?

 

L’accord entre Bhutto et Moucharraf, voulu et soutenu par Wahington, constitue une déclaration de guerre contre les islamistes du Pakistan, qui n’ont pas tardé à réagir.

La première déflagration vient de retentir dans la bataille que les islamistes ont juré de mener contre la perspective d’un changement de régime au Pakistan, inspiré et organisé à Washington. Elle a pris la forme d’un double attentat à la bombe visant Benazir Bhutto, qui est le pivot d’une machination américaine, quelques heures seulement après son arrivée à Karachi après des années d’exil.

Les bombes ont raté de peu Bhutto, mais tué près de 150 personnes et ont blessé des centaines de ses partisans extatiques qui avaient envahi les rues de Karachi pour l’accueillir. Le pare-brise de son véhicule a été brisé et les membres de son entourage grimpés sur le toit de celle-ci ont été blessés. L’une des automobiles du convoi a été détruite.

Cette attaque n’est pas une surprise. Les militants islamistes voient le retour de Bhutto dans la vie politique pakistanaise comme un coup orchestré contre eux par l’occident, comparable à l’arrivée de l’Alliance du Nord à Kaboul en 2001. Le dirigeant islamiste Baitullah Meshud a donné l’ordre aux cellules de militants pro Al Qaeda à Karachi de s’en prendre à la vie de l’ancienne Premier Ministre en avançant pour cela trois raisons :

Elle est la seule politique de l’opposition qui a soutenu l’assaut de l’armée sur la Mosquée rouge, un foyer du radicalisme islamiste, et elle continue à condamner les idéologues de ce courant.

Elle a déclaré qu’elle autoriserait des incursions des forces américaines au Pakistan afin de poursuivre Osama Ben Laden.

Elle a déclaré qu’elle autoriserait l’Agence Internationale de l’Energie d’interroger le Docteur A. Q. Khan, le scientifique du nucléaire qui est accusé d’avoir communiqué des technologies sensibles à des pays opposés à l’occident.

Les puissances occidentales, pendant ce temps-là, finalisaient leurs plans pour le Pakistan et la région. Jeudi, le jour de l’attaque, Lord Malloch-Brown, ministre d’état aux affaires étrangères et au Commonwealth, arrivait au Pakistan pour discuter d’un futur gouvernement pro-occidental à Islamabad. Le jour précédent, le Haut Commissaire adjoint britannique à Karachi appelait le Gouverneur Ishratul Ebad pour s’assurer que le retour de Bhutto s’effectuerait en grande pompe.

Le retour de Bhutto au Pakistan fait partie d’un arrangement compliqué organisé par Washington et ses alliés pour s’assurer qu’un gouvernement pro-occidental prenne le pouvoir après les élections législatives qui auront lieu dans trois mois. Ce plan a commencé à être mis en oeuvre au début de ce mois par la promulgation d’une Ordonnance de Réconciliation Nationale par le général Moucharraf, soumis à une forte pression américaine. Par cette ordonnance toutes charges passées et présentes retenues contre les parlementaires - dont Bhutto - qui ont été accusés de corruption, ont été abandonnées. Cela ouvrait la voie à la réélection de Moucharraf à la présidence et à un accord avec Bhutto qui permettrait, après que Moucharraf ait renoncé à ses fonctions de chef des armées, la constitution d’un gouvernement civil d’union pro-occidental. C’est du moins ce que Washington espère.

Voila ce que les islamistes pakistanais sont décidés à combattre et des sources estiment que l’attentat de jeudi n’est que le premier d’une série d’attaques contre les alliés occidentaux à Islamabad, Lahore et Karachi.

L’attaque contre Bhutto a été soigneusement préparée et sa méthode était identique à celle des attentats en Irak. Personne n’a revendiqué l’attentat, mais la liste des suspects est longue, et Bhutto elle-même accuse les éléments islamistes de l’ISI, l’agence du renseignement pakistanaise.

J’étais sur le site de l’attentat dans la rue Karzaz cinq minutes avant l’explosion. Le moment de l’attaque - juste avant minuit - a été minutieusement choisi. La foule des supporters s’étaient réduite à 10 ou 20 000, au lieu des 100 à 200 000 qui s’étaient rassemblés pour la manifestation de bienvenue dans l’après midi. Cela a permis aux attaquants de s’approcher de Bhutto. A l’heure actuelle on ne sait pas s’il s’agissait d’un attentat suicide.

Les agents de sécurité du Parti Populaire du Pakistan, auquel appartient Bhutto, étaient fatigués après une longue journée, je les ai vus se reposer sur les trottoirs. Ils ont été lents à réagir à une première explosion de faible intensité, et furent piégés par la seconde bombe de forte puissance qui a détonné quelques minutes plus tard. Comme c’est couramment le cas en Irak, la première bombe, trop petite pour blesser quiconque, attire les curieux qui sont ensuite victimes de la deuxième explosion.

Il se trouve que Bhutto, qui ressentait elle aussi la fatigue de la journée à ce moment, avait quitté 10 minutes plus tôt le toit de sa camionnette où elle était protégée par une vitre pare-balle, pour rejoindre son véhicule. Seuls quelques dirigeants étaient restés sur le toit, et certains ont été blessés par l’explosion.

C’est la même Benazir Bhutto qui, il y a quelques années, était interdite de conférences dans les institutions européennes, à cause de son implication dans les scandales de la corruption. Mais les temps ont changé, et Bhutto a regagné les faveurs de l’occident.

L’accord entre Bhutto et Moucharraf était si précipité et inattendu que même certains dirigeants de son parti le PPP furent incapables de le défendre, d’autant plus que dans les semaines précédentes ils participaient à l’agitation contre Moucharraf après la suspension du président de la cour suprême. Les ministres du gouvernement ont eux aussi été pris par surprise, et lorsque Asia Times Online a interrogé le ministre des affaires étrangères Khurshid Mehmoud Kusuri sur cet accord, il a admis qu’il avait été conclu sous la pression des USA.

Bien que le PPP ait mené une campagne publicitaire coûteuse pour le retour de Bhutto, le mécontentement contre elle reste très fort dans certains secteurs. Les journaux anti-Bhutto ont déjà publié la liste des biens détenus par elle, son mari et ses enfants. Ils s’élèvent à 1,5 milliards de dollars, dont une partie se trouve sur des comptes en Suisse, qui sont aujourd’hui bloqués à cause de l’enquête sur les accusations de corruption.

Les gouvernements occidentaux ont manifestés depuis longtemps leur inclinaison pour des personnages douteux dans leurs tentatives d’organiser le monde à leur guise, bien que cette stratégie se soit rarement avérée payante à long terme. Les attentats de jeudi préfigurent les énormes problèmes à venir, si l’occident veut s’imposer au Pakistan.

vendredi 19 octobre 2007

par Syed Saleem Shahzad, Asia Times

Publication originale Asia Times , traduction Contre Info


22/10/2007
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