revenus des ministres belges
En Belgique, un ministre perçoit un salaire brut de 178.921 euros (7.217.655 FB) par an. Il faut y ajouter: 2.519 euros de pécule de vacances, 4.786 euros de prime de fin d'année, une indemnité annuelle de 3.312 euros pour les frais de représentation, une autre de 12.802 euros pour le logement. Total: 202.340 euros (8.162.375 FB) pour un ministre «ordinaire». Plus pour le Premier ministre et les vices premiers.
A titre de comparaison, le revenu moyen imposable de la population tourne autour de 11.000 euros (440.000 FB). Et il dépasse de peu les 5.000 euros à Saint-Josse, la commune la plus pauvre du pays.
Les ministres disposent aussi d'une voiture avec chauffeur et plus petit mais pas moins juteux d'une carte Visa. On a connaissance de l'utilisation qu'en ont faite les ministres du gouvernement flamand en 2002. Steve Stevaert, ce socialiste qui soigne son image d'homme politique proche des gens, est celui qui a le plus usé sa carte: il l'a sortie dans 97 restaurants pour une facture totale de 22.210 euros (895.951 FB). Il devance Patrick Dewael (VLD), qui atteint 18.059 euros. La plus grosse note de resto de Stevaert: 842 euros (34.000 FB) aux Baguettes impériales (Bruxelles, 1 étoile Michelin). Dewael fait mieux: 3.390 euros (136.752 FB) au Stucki (Bâle, Suisse).
6.671 euros de plus en poche grâce à la réforme fiscale
Un député ou un sénateur touche brut 69.219 euros (2.792.287 FB) par an. Ne calculez pas: par mois, cela fait 5.768 euros (232.691 FB). Si ce montant est imposable, ce qui ne l'est pas, par contre, c'est une indemnisation supplémentaire de frais qui s'élève à 19.381 euros (781.828 FB).
Quand vient l'hiver, tombe la prime de fin d'année: 2.020 euros (81.487 FB). Quand vient l'été, le pécule de vacances: 5.307 euros (214.084 FB). Ce qui permet de se payer déjà un très beau camping en Ardenne.
Il y a également les frais de déplacement du domicile au lieu de travail, pour lesquels ils ont droit à 0,25 euro le kilomètre. Vous, si vous voulez déduire de vos impôts ces mêmes frais de déplacement, vous serez limités à 0,15 euro le kilomètre. En vertu de la loi que ces parlementaires ont votée. Si vous prenez le bus ou le train, votre employeur vous rembourse peut-être une partie. Les députés et sénateurs n'ont pas besoin d'un tel remboursement car ils peuvent emprunter gratuitement les transports en commun. On comprend que cela ne les motive pas trop à adopter une loi offrant des transports bon marché.
A l'inverse, ils ont dû être plutôt enthousiastes en votant la dernière réforme fiscale. Celle-ci a supprimé les deux tranches d'impôts les plus élevés. Gain pour les parlementaires: 1.008 euros (40.663 FB) chaque année. Gain pour les ministres: 6.671 euros (269.107 FB)
Parmi les parlementaires, 36 touchent encore un joli supplément. Ce sont les membres du bureau de la Chambre et du Sénat: le président, les premier, deuxième, troisième vice-présidents, les secrétaires, les chefs de groupes, les questeurs (chargés de l'intendance, du protocole, etc.). Selon la fonction, ce supplément va de 11% à 72% de la rémunération de base, sans compter de nouvelles indemnisations non imposables de frais. Ce qui fait que Herman de Croo (VLD), président de la Chambre, gagnerait même un peu plus que le Premier ministre. Mais, défend-il, «la démocratie n'a pas de prix»1.
Une pension dès 52 ans, une carrière complète après 20 ans
Tous les partis présents au Parlement acceptent le système, y compris le Vlaams Blok qui montre si facilement du doigt les pratiques financières des autres. Les parlementaires rétrocèdent bien une partie de leur rémunération à leur parti, mais pas trop. Au PS et au SP.a, par exemple, c'est 10%. Au Vlaams Blok, 15%. Les parlementaires Ecolo et Agalev sont ceux qui reversent le plus: respectivement 50% et 25%.
Les modalités de la pension du parlementaire sont elles aussi assez coquettes. Un, il peut prendre sa retraite dès 52 ans (65 ans pour vous). Deux, il a une carrière complète, c'est-à-dire lui donnant droit à l'entièreté de la pension, après 20 ans de mandat (45 ans pour vous). Trois, le montant correspond à 75% de la rémunération parlementaire. Celui qui réunit ces trois conditions touche donc 4.326 euros (174.510 FB) par mois.
Un ex-parlementaire qui n'a exercé son mandat que deux ans nous a confié qu'il touchait une pension de 411 euros (16.580 FB) par mois, en plus évidemment d'autres retraites. Pour à peine deux ans, il touche presque le montant de la pension moyenne en Belgique, qui tourne autour de 600 euros (24.000 FB). S'ils étaient soumis aux mêmes conditions, les députés et sénateurs auraient peut-être songé à relever sérieusement le montant des retraites, plutôt que de voter une loi reculant de cinq ans l'âge de la pension pour les femmes.
Car, finalement, imposer aux politiciens les conditions de vie de la majorité de la population, n'est-ce pas le prix de la démocratie?
Knack, 17/9/03.
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