a.b. mise au point (nucleaire/ allemagne/euro/nez rouge)
Dans le cadre d'une polémique impliquant une de ses récentes prises de position publiques ( voir son intervention sur Arte ), Alain Badiou m'a demandé de diffuser la mise au point qui suit. Je le fais d'autant plus volontiers que comme je le lui ai répondu : naturellement je vais la transmettre largement. Non seulement aux motifs que tu évoques dans ta réponse mais aussi par ce que ce bref texte, pour circonstanciel qu'il soit, n'est pas seulement une excellente mise au point à l'usage de ceux que tu dénonces comme tes calomniateurs, mais aussi un rappel "clair et distinct" de tes positions sur les enjeux politiques de l'heure. Un éclairage qui sera donc d'un indispensable usage propédeutique pour tous les nombreux camarades, militants, intellectuels et progressistes sincères dont l'ignorance hélas "acquise" est aujourd'hui aggravée par la confusion, la sottise instrumentalisée et la cuistrerie hégémonique des sophistes idéologues multimédiatisés.
Cher ami,
Je suis blessé par ce que tu laisses circuler sur ton réseau d'opinion, sans réaction de ta part qui soit à la hauteur de l'ignorance crasse et des insultes. Laisser passer que je n'accorde aucune attention aux vilenies de la réaction, voire même que suis complaisant à leur égard, est une pure et simple calomnie. Je suis au contraire constamment intervenu sur les questions que les calomniateurs ignorants m'accusent de compter pour rien : sur la faramineuse régression sociale, sur la destruction de l'école publique, sur la désindustrialisation sauvage et le chômage de masse...Je suis tout le contraire de ce qu'ils prétendent : un critique attentif et constant des assauts que nos adversaires capitalistes livrent au peuples de tous les pays, y compris le nôtre évidemment.
Par ailleurs, aller jusqu'à dire que j'ignore "l'OTAN" est un grave mensonge : depuis des décennies, je traque les actions guerrières et anti-populaires de l'OTAN, j'ai demandé depuis toujours que l'on rompe clairement et définitivement avec cet instrument de vassalisation aux menées américaines, j'ai proposé une nouvelle analyse des l'impérialisme contemporain. Qu'ils me lisent, tous ces baveux bavards !
Au passage : j'ai toujours été favorable au développement de l'industrie atomique, et très méfiant à l'égard d'une certaine écologie, dont je vois trop bien que son désir est celui d'un capitalisme "propre", pure chimère à vrai dire. Prôner la "décroissance" dans un monde où trois milliards de gens sont privés de tout accès et à la propriété et au salariat est entièrement irresponsable. J'ai même avancé que l'écologie pouvait devenir, comme les religion, un opium du peuple. Alors, messieurs les sceptiques et les calomniateurs : lisez avant de parler.
M'imputer une quelconque complaisance envers l'islamisme est là encore une grave calomnie. Je considère explicitement ces mouvements comme de type fasciste, organisés en fait sur le modèle des mafias internationales, et en outre internes aux trafics du capitalisme mondialisé, vendant du pétrole, des oeuvres d'art et du coton à grande échelle ! Pour quelqu'un comme moi, qui se réclame du communisme, définir un groupe ou un "état" comme fasciste est certainement l'imputation la plus grave qui puisse exister ! J'ai comparé les meurtriers suicidaires de Daech (ou autres groupuscules islamo-fascistes) aux miliciens de Pétain: pour quelqu'un comme moi, élevé par un père résistant, je ne crois pas non plus qu'il y ait pire désignation.
Je pourrais allonger cette liste : on ne me trouvera en défaut sur aucun engagement de type communiste aujourd'hui.
Deux questions seulement demeurent, du reste liées : le fait que je serais favorable, dans les conditions actuelles, à une fusion de l'Allemagne et de la France, et le fait que ne crois d'aucune utilité de sortir de l'Euro et de l'Europe.
Ces deux questions sont liées. Elles relèvent de l'interprétation contemporaine de l'internationalisme. Je rappelle l'énoncé sans équivoque de Marx : les prolétaires n'ont pas de patrie. C'est directement au niveau international que se fait la politique vraie, et l'organisation proprement communiste (et non pas socialiste) créée par Marx a été immédiatement une internationale. C'est bien plus vrai aujourd'hui que du temps de Marx : la mondialisation du Capital est bien plus avancée, tout comme sa concentration internationale entre un très petit nombre de multinationales.
Je comprends la tentation populaire, devant ce monstre inégalitaire et féroce, de trouver un abri dans un repli national. Mais elle est sans issue. C'est au contraire en tentant à tout prix d'internationaliser l'action communiste qu'on peut espérer se situer à la hauteur historique de l'adversaire capitaliste. Le "repli national" sera toujours en fait absorbé et retraité par la réaction dans la forme du chauvinisme fascisant. C'est ce qui déjà domine dans la plupart des pays de l'Est, et c'est ce qui menace ici même avec le Front National, lequel demande avec ardeur la sortie de l'Euro et de l'Europe. Quant à l'Angleterre, sa sortie de l'Europe est clairement un geste réactif, et aucunement un geste progressiste. L'opinion pour la "sortie" est animé par le désir d'être plus librement encore vassalisée par les USA et de s'insérer plus aisément dans la concentration mondiale du capital. Au demeurant, les anglais n'ont jamais été dans l'euro, ils avaient gardé le fameux "pouvoir national" sur leur monnaie, la livre : ont-ils été plus progressistes ? D'aucune façon. Ils ont été plus aisément les toutous des agressions américaines dans le monde entier et les auteurs d'une gigantesque réaction sociale dans le pays.
Mon orientation fondamentale, c'est de réaliser un pas en avant vers la résurrection mondiale de l'idée et des pratiques communistes, sans laquelle on ne fera rien. Et dans ce cadre seulement, de voir ce que peut devenir une puissance moyenne et décadente comme la France (dont l'intelligentsia, depuis les années 80, est la plus réactionnaire du monde, ce qui rend très paradoxal de s'en prendre à moi, qui fait quand même, avec quelques rares autres, figure d'exception !).
Maintenant, si on raisonne de façon purement pragmatique, dans la cuisine étatique existante, je soutiens, et je suis prêt à soutenir dans tout débat public, qu'un ensemble franco-allemand serait un cadre infiniment plus propice au déploiement d'une volonté internationaliste neuve que ne le sont séparément la France et l'Allemagne, pour ne rien dire de la brinquebalante Europe.
On ne s'établira à la hauteur du défi planétaire que nous lance le capitalisme concentré au niveau mondial qu'en surmontant les limites nationales de façon réelle. Une organisation communiste mondiale est la voie qui donne sens (vu que la masse prolétaire actuelle, très largement asiatique ou africaine, est en fait nomade, transnationale) à l'impératif marxiste "les prolétaires n'ont pas de patrie". C'est le coeur de la question. Cependant, créer en Europe une puissance à l'échelle contemporaine du Capital, de type Chine, ou USA, ce qu'est un ensemble franco-allemand, ne peut et ne doit être envisagé que comme une (improbable) possibilité d'un cadre intermédiaire mondialement favorable à l'extension de la politique communiste.
Voilà, cher Dominique. Pourrais-tu transmettre aux calomniateurs ceci : pour critiquer quelqu'un, mieux vaut lire ce qu'il écrit que de s'alimenter aux ragots des adversaires.
Je suis évidemment prêt dès septembre à répondre à un appel de ta part pour discuter tout ça.
Amicalement,
Alain
Anouk Barberousse & Philippe Huneman - Relecture tripodienne d’Alain Badiou (extraits)
B-A-BA de la pensée badivine
Quoi qu’il en soit, Badiou est effectivement, comme il le dit lui-même en toute modestie, « le philosophe vivant français le plus lu et commenté »[5]. Reste à savoir comment et par qui.
La pensée Badiou est à deux étages, ainsi qu’il le présente lui-même. D’abord il y a une métaphysique– représentée par L’Être et l’événement (Le Seuil, 1988), et par la Théorie du sujet (Le Seuil, 1982) –, assez absconse puisqu’elle stipule que la théorie mathématique des ensembles est l’ontologie véritable, clame que la vérité n’est pas du tout un accord entre discours et réalité mais un événement pour nous mystérieux auquel il faut être fidèle, et que l’événement lui-même y reçoit des caractérisations dignes de la théologie négative sans qu’on puisse s’en former aisément une idée claire (sinon qu’il ne rentre pas, lui, dans la théorie des ensembles)[6]. Ensuite, il y a les théories locales, de philosophie esthétique et, en particulier, politique. Beaucoup des admirateurs de Badiou (il suffit de lire par exemple les commentaires laissés sur Mediapart à la suite d’un article qu’un de nous commit contre Badiou il y a quelques temps sur ce media …[7]) sont essentiellement des fans de sa pensée politique, ou à la limite de ses écrits sur le cinéma. Mais c’est surtout son essai sur Nicolas Sarkozy qui l’a lancé dans le grand monde (après quelques polémiques homériques suscitées par son livre sur « le nom “juif” »[8]). Il faut reconnaître que le succès du syntagme qui en fait le titre, « De quoi X est-il le nom ? », ne cesse d’impressionner. Saluons l’artiste : au bas mot on compte aujourd’hui une centaine de reprises, où X est remplacé par, au choix, Daech, les violences récentes de Cologne, un youtubeur décérébré au pseudonyme cocasse de Durendal, ou même, et vertigineux à souhait, « le nom »…
Mais la politique badiousienne n’en finit pas de rappeler au mortel simplet qu’elle se fonde ultimement sur sa « métaphysique ». Dans un raccourci grotesque, le philosophe entreprenait d’ailleurs récemment (lors de sessions badiousiennes au théâtre d’Aubervilliers) de déduire l’hypothèse communiste de la méthode dite « diagonale » employée par Cantor pour prouver que le cardinal de l’ensemble des nombres entiers est strictement inférieur à celui des réels. Or la plupart des Badiousiens « politiques » se satisfont de savoir que cette métaphysique est profonde, mais ils n’y comprennent rien. Il leur suffit de savoir qu’il s’agit là d’un monument-de-la-Pensée-contemporaine ; c’est le cas, puisque c’est Badiou qui le dit ! Bref, le prophète auto-réalise ses prophéties. Et il y a désormais pour le confirmer une revue tout entière à sa pensée consacrée – comme c’est le cas pour Platon ou Nietzsche…
Plusieurs articles ont montré les problèmes abyssaux des thèses de Badiou défendues dans son magnum opus, L’Être et l’événement, en particulier celui de Ricardo et David Nirenberg[9]. L’ennui est qu’évidemment ceux qui y adhérent ne s’embarrassent pas de cela, que souvent ils ne comprendraient pas, et ceux qui comprennent l’affaire n’ont pas besoin de ces démonstrations pour trouver fumeuse la métaphysique du garde rouge. On peut charitablement laisser de côté le fait qu’une thèse majeure de Badiou (« l’ontologie c’est les mathématiques »), si elle n’est pas trivialement fausse, est déjà quasiment dans Husserl sous une forme plus modeste (« l’ontologie formelle c’est la théorie des multiplicités donc les mathématiques »)[10]. Reste que sa « métaphysique de l’être » semble surtout réécrire en des termes bien grandiloquents le langage et les opérateurs de la théorie des ensembles, puis à proposer un saut extrême en faisant de l’objet mathématique « ensemble vide » un concept ontologique, portant sur le monde, sans déployer les conditions sous lesquelles les mathématiques pourraient dire quelque chose du monde. Ce dernier point constitue une objection philosophique radicale à la métaphysique de Badiou, et le rapproche au fond de Pythagore (« tout est nombre ») plutôt que de Platon (comme il le souhaiterait), ainsi que les Nirenberg le rappellent opportunément.
Le programme philosophique de Badiou, si on doit en dire deux mots, semble le suivant : réconcilier Jacques Lacan et Martin Heidegger par la théorie des ensembles. Ces trois choses n’ayant absolument aucun rapport, la tentative semble aussi bien désespérée que fascinante (le choix de l’adjectif vous classera parmi les zélotes ou les détracteurs du maître). Plus concrètement, on voit mal qui pourrait évaluer et critiquer cela : qui connaît la théorie des ensembles, en général, ignore parfois jusqu’à l’existence de Heidegger (et en tout cas, ignore tout de son enseignement) ou de Lacan, et réciproquement. Ces données en quelque sorte stratégiques suggèrent que cette philosophie, quel que soit son contenu, puisse être admirée par beaucoup mais comprise par quasiment personne. Et à lire L’Être et l’événement, concernant la théorie des ensembles, on voit mal comment quelqu’un qui l’ignore pourrait en apprendre quoi que ce soit dans ce livre (d’autant que Badiou saute souvent les démonstrations), tandis qu’un mathématicien aura tendance à y voir une affaire de philosophe, usant certes de mots étranges mais qu’il croira justifiés dans la discipline (s’il est charitable), et s’abstiendra d’y mettre le nez.
Quoi qu’il en soit, cette métaphysique profonde peut impressionner : celui qui parle ainsi n’est pas n’importe quel militant du Nouveau Parti Anticapitaliste qui, ensuite, encensera la dictature du prolétariat. Non, cette idée maoïste saugrenue que nous vend le Maître doit bien être philosophique si elle s’appuie in fine sur une telle métaphysique !
Ainsi à l’étranger comme en France, les philosophes académiques des départements de philosophie ne raffolent pas de la pensée Badiou. On pourrait certes objecter qu’il n’y a pas que la philosophie académique dans la vie ; reste que vu le lexique de l’Être et l’événement ou de la Théorie du sujet, on ne voit pas trop comment des lecteurs qui ne sont pas philosophes professionnels pourraient y comprendre quelque chose (s’il y a quelque chose à comprendre) et surtout, avoir des outils pour évaluer ce qui est dit. Parmi ces derniers – ultime et subtile manœuvre – ceux qui peuvent vraiment lire de la sorte doivent déjà s’y connaitre en mathématiques, ce qui limite le nombre de lecteurs compétents (et on doute de les trouver dans des départements de Cultural Studies ou de Communication…). Seulement en général, ce petit groupe de chercheurs – philosophes de la logique, des mathématiques ou des sciences, métaphysiciens analytiques éventuellement – ignore totalement Badiou. On peut y voir l’effet de cette abominable philosophie analytique dont Badiou déplorait l’hégémonie il y a quelques années[16], ou bien dans une étrange diatribe dans Le Monde contre Aristote son supposé ancêtre. Néanmoins, en dehors de cela il n’y a pas grand monde susceptible de lire Badiou sérieusement.
Mais en dehors de ce petit cercle, le système de légitimation quadruple cerné plus haut fonctionne à plein. À partir de la position du penseur Badiou pourra ainsi parler de n’importe quoi, il aura toujours le monopole de la vision philosophique de la chose en question. Il peut donc, malgré son couteau entre les dents et son col Mao, endosser dans le même temps la position du vieux sage et venir disserter sur l’Amour ou le Bonheur, en multipliant son audience. On attend maintenant Badiou sur les bienfaits du sommeil, le covoiturage, l’enfance, la malbouffe ou la detox.
Pour terminer ce portrait de Badiou en « philosophe » hype, nous prendrons un seul exemple amusant de l’effet d’épate de sa pensée. Parmi ces petits textes destinés au grand public instruit et anticapitaliste, le penseur en a publié un l’an dernier sur le bonheur[17]. Dans sa recension parue dans le Figaro le 28 janvier 2015, Éric Zemmour, peu suspect pourtant de sympathies maoïstes, est sidéré par la profondeur du texte. Il écrit, sans rire : « Un ouvrage d’Alain Badiou, même bref, se mérite. (…) Hâtons-nous lentement. Mais restons aux aguets. Notre grand philosophe est un de ces faux lents qui défouraille sans prévenir. »[18] Indéniablement, la pensée Badiou est comme un trou noir : elle aspire tout ce qui d’aventure s’approchera dans la densité quasi-infinie de son obscurité. Ce qui n’est point étonnant, puisque, comme pourrait dire Badiou, ou comme eût pu écrire Tripodi, l’événement est un trou noir de la pensée (et réciproquement).
Outre les tags, le texte accumule les marqueurs stylistiques : X qua X (« gendering qua gendering », et l’on voit mal pourtant comment le gendering pourrait être chose mais passons….), le non-X (l’inénarrable « non-philosophie »), les parenthèses saugrenues qui font chic telles que (non)-being (« a (non)-predication of the neutral »), les traits d’union hors de propos (in-difference, ne-utral, dis-position…), les guillemets mis en valeur comme dans : « is put into “being” by the subject of feminism – and I write “being“ and not being » (parce que « being » est un tag de valence plutôt négative, comme on le sait depuis Heidegger et Lévinas). Ici aussi, la profusion de ces marques renvoie le lecteur à l’ensemble de textes qu’il affectionne, et fonctionne donc comme un indicateur de rectitude idéologique. Et les marques, ici, ont beaucoup en commun avec les marques au sens propre, celles du marketing : tags et marques jouent un rôle double d’adoubement (renvoyer à des textes connus dont on aspire l’idéologie dans le même temps) et de prémonition possible (avec ses tags, l’auteur du texte peut lui-même espérer que sa propre marque rencontrera le succès via la dissémination de nouveaux tags, le portant ainsi vers la renommée).
Et bien entendu, les références (Derrida, Foucault, Butler, Žižek…) fonctionnent de la même manière que ces marqueurs : en produisant de la reconnaissance. C’est là un point assez connu pour qu’on ne s’y attarde pas.
Tags, parataxe, valences, effet de renforcement de l’apparentement clanique, marqueurs stylistiques : voilà donc à notre sens les ingrédients utilisés pour produire le texte de l’inénarrable Benedetta Tripodi. Nous pensons qu’ils sont de manière très générale à la source de beaucoup de ces discours dont, au-delà même de Badiou, nous voulions rire un peu. Pour enfoncer le clou, citons donc pour finir un texte laruellien, dont on verra peut-être après ces quelques remarques combien il remplit les réquisits stylistiques que nous venons d’identifier :
« La philosophie procède toujours par division/synthèse, elle décide d’une distinction fondamentale dont elle se fait la solution, unique et unitaire, masquant par-là qu’elle est fondamentalement cette décision. A l’inverse, la science est créditée d’une pensée que lui refuse ordinairement la philosophie, un savoir immanent mais non circulaire du Réel (comme donné), demeurant opaque au Logos philosophique. Laruelle nomme alors Science (de) l’Un ou “Non-Philosophie” cette “science transcendantale” purement théorique. Bien sûr elle ne vise pas l’Un directement mais, procédant de lui ou à partir de lui (et cela unilatéralement, de façon non réversible), décrit les règles d’objectivité non-thétiques du (non-)Un. Celui-ci n’est pas le Réel mais son reflet, sans être encore le Monde (y compris le “Monde de Sophie” : la philosophie) qualifié plutôt de non(-Un) pour marquer sa résistance naturelle à l’Un. »[33]
Une dernière particularité nous a semblé reproduire un trait caractéristique du style de Badiou ou de ses épigones : noyer dans un discours abscons le rappel d’une trivialité, d’un truisme ou d’une tautologie. Lors d’une conférence donnée par le Maître à Auckland en décembre 2014, le philosophe néo-zélandais Robert Nola avait écrit un pastiche amusant[34] ; il y remarquait qu’au fond, une fois ôté le contexte abscons de cette lecture, le discours de Badiou se réduisait à dire que la financiarisation de l’économie a fait beaucoup de mal aux populations. Voilà qui n’est guère contestable, mais pas très nouveau non plus, ni très philosophique…
Reporter: "Slavoj, welcome to the logorrhéeland."
Slavoj: "gjwoeirjoggwoj andsoon"
Reporter: "That's fantastic!"
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