Isabelle de Léon - Je m'accuse
Déclaration d’Isabelle de Léon,
agent de Pôle Emploi
pour sa défense
devant la Commission
disciplinaire.
Paris, 13 octobre 2011
Je me présente aujourd’hui devant vous consciente et responsable de mes actes et de leurs conséquences.
Vous m’accusez de ne pas respecter la planification et la réalisation de l’EID.
Sur cette accusation : je plaide coupable.
Je vous ai déjà largement explicité mon argumentation, je ne reviendrai pas sur cette position de principe.
Par contre, il me semble impératif de soulever d’autres chefs d’inculpation qui me paraissent consubstantiels et qui éclairent ma position :
♦ Je m’accuse : de défendre le Service Public et de résister à toutes mesures qui visent à son « affaiblissement » ou sa « déconstruction ».
♦ Je m’accuse : de défendre cet outil essentiel de redistribution et de garantie des droits et besoins fondamentaux.
♦ Je m’accuse : dans ce sens de défendre les intérêts des plus démunis, d’essayer de maintenir un semblant d’égalité de traitement de tous les citoyens et une continuité de service sur tout le territoire.
♦ Je m’accuse : de me mettre au service du public et non pas au service d’un gouvernement dont la politique menace clairement le service public.
♦ Je m’accuse : de refuser de nuire au public que nous recevons.
♦ Je m’accuse : de vouloir conserver mon statut d’agent public pour garantir mon indépendance et protéger ainsi le service public de toute dérive.
♦ Je m’accuse : de ne plus supporter les changements continuels de procédures, de réglementations, mal relayés, qui nous déstabilisent dans notre travail quotidien auprès du public.
♦ Je m’accuse : de ne plus supporter les injonctions paradoxales de notre hiérarchie locale, départementale, régionale, nationale…
♦ Je m’accuse : de ne plus assumer le dysfonctionnement de l’organisation globale de notre travail.
♦ Je m’accuse : de ne plus assumer les conséquences de ces dysfonctionnements sur les demandeurs d’emploi.
♦ Je m’accuse : de ne plus assumer leur agressivité en retour quand nous les mettons en difficulté.
♦ Je m’accuse : de ne plus assumer et supporter la détresse de mes collègues et le déni de cette souffrance par notre hiérarchie.
♦ Je m’accuse : enfin de ne plus supporter mes insomnies, mes tensions, mes maux de tête, de dos, de ventre… parce que chaque jour je constate la dégradation de nos conditions de travail, et leurs conséquences sur mes collègues et sur les demandeurs d’emploi.
♦ ENFIN, JE VOUS EN VEUX, ET JE M’EN ACCUSE :
de nous faire vivre chaque jour de travail comme une épreuve, comme un challenge où je peux me perdre et perdre ma relation à l’Autre, Tout le reste, vous le savez et je vous l’ai déjà écrit.
Je ne demande qu’une chose : en me déclarant coupable et en me sanctionnant, je vous demande de prendre en compte toutes ces autres accusations car, sinon, celle que vous invoquez perdrait son essence et n’aurait plus aucun sens.
Car, soyez-en sûrs, mon combat sur ces principes, que nous sommes censés partager et défendre, je le continuerai.
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