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jorge de sena, portugal

PORTUGAL




Esta é a ditosa pátria minha amada.
Não. Nem é ditosa, porque o não merece.
Nem minha amada, porque é só madrasta.
Nem pátria minha, porque eu não mereço
a pouca sorte de nascido nela.


Nada me prende ou liga a uma baixeza tanta
quanto esse arroto de passadas glórias.
Amigos meus mais caros tenho nela,
saudosamente nela, mas amigos são
por serem meus amigos, e mais nada.


Torpe dejecto de romano império;
babugem de invasões; salsugem porca
de esgoto atlântico; irrisória face
de lama, de cobiça, e de vileza,
de mesquinhez, de fátua ignorância;
terra de escravos, cu pró ar ouvindo
ranger no nevoeiro a nau do Encoberto;
terra de funcionários e de prostitutas,
devotos todos do milagre, castos
nas horas vagas de doença oculta;
terra de heróis a peso de ouro e sangue,
e santos com balcão de secos e molhados
no fundo da virtude; terra triste
à luz do sol calada, arrebicada, pulha,
cheia de afáveis para os estrangeiros
que deixam moedas e transportam pulgas,
oh pulgas lusitanas, pela Europa;
terra de monumentos em que o povo
assina a merda o seu anonimato;
terra-museu em que se vive ainda,
com porcos pela rua, em casas celtiberas;
terra de poetas tão sentimentais
que o cheiro de um sovaco os põe em transe;
terra de pedras esburgadas, secas
como esses sentimentos de oito séculos
de roubos e patrões, barões ou condes;
ó terra de ninguém, ninguém, ninguém:
eu te pertenço. És cabra, és badalhoca,
és mais que cachorra pelo cio,
és peste e fome e guerra e dor de coração.
Eu te pertenço mas seres minha, não.


Jorge de Sena

 

• Jorge de Sena (Lisbonne, 1919 – Santa Barbara, Californie, 1978). Opposant au régime salazariste, il est contraint de s'exiler en 1959, au Brésil, où il y enseigne la théorie de la littérature. Après la prise de pouvoir par les militaires en 1965, il s'exile une nouvelle fois, aux États-Unis où il dirige jusqu'à la fin de sa vie le département de portugais et de littérature comparée à l'université de Santa Barbara (Californie). Il laisse une œuvre abondante, d'une grande diversité, qui comprend des poèmes, trois recueils de nouvelles fantastiques, des pièces de théâtre, des essais, un nombre impressionnant d'études critiques qui embrassent une diversité de thèmes extraordinaires, de la poésie de Camões et de Pessoa jusqu'à la pensée de Marx et de Machiavel, et un magnifique roman inachevé (Signes de feu). Il a également traduit nombre de romanciers et poètes anglo-américains, russes et francais. « La poésie de Jorge de Sena, comme d'ailleurs sa prose et son théâtre, est en grande partie une poésie de la protestation. "Maître d'indiscipline", il se veut "une voix qui hurle, un témoin qui invective, qui met en commun ce qu'en méditant il parvient à rendre intelligible". » (Michelle Giudicelli).

ANTHOLOGIES / REVUES : Poèmes dans Esprit n°7-8, 1967 ; Anthologie de la poésie portugaise, Gallimard, 1971 ; L'Europe des poètes, Le Cherche Midi, 1980 ; Europe n°660, 1984 ; Poésie portugaise contemporaine, L'Arbre à paroles, 1994 ; Po&sie n°75, 1996 ; Anthologie de la poésie portugaise contemporaine, Gallimard, 2003 – « Hommage au perroquet vert » (extrait du roman Les Grands capitaines, 1976), traduit par Michelle Giudicelli, dans les Cahiers du groupe n°16, 1982 – « Le grand secret » (extrait du recueil Au nom du diable, 1960), traduit par Michelle Giudicelli, dans Des nouvelles du Portugal, Métailié, 2000.

Au nom du diable (Andanças do Demónio, 1960 ; Novas Andanças do Demónio ; Antigas e Novas Andanças do Demónio, 1966), nouvelles, traduit du portugais et présenté par Michelle Giudicelli. [Paris], Éditions Métailié, « Bibliothèque portugaise », 1993, 300 pages, 19 €

Les Grands capitaines (Os Grão-Capitães, 1976), roman, traduit du portugais et présenté par Michelle Giudicelli. [Paris], Éditions Métailié, « Bibliothèque portugaise », 1992, 216 pages, 17 €

Le Physicien prodigieux (O Físico Prodigioso, 1977), nouvelle, traduit du portugais par Michelle Giudicelli, postface de Luciana Stegagno Picchio. [Paris], Éditions Métailié, « Bibliothèque portugaise », 1985, 136 pages, 8.50 €

Signes de feu (Sinais de Fogo, posth., 1981), roman, traduit du portugais par Michelle Giudicelli. [Paris], Éditions Métailié / Albin Michel, « Les Grandes traductions », 1986, 490 pages, 21.30 € – réédition : [Paris], Éditions Métailié, « Suite Littérature. Suite portugaise » n°28, 1999, 504 pages, 12 €

Perigrinatio ad Loca Infecta. Anthologie de l'œuvre poétique, traduit du portugais et préfacé par Michelle Giudicelli. [Bordeaux], Éditions L'Escampette, « Classiques de la poésie portugaise », 1993, 136 pages, 13.50 €

FILMOGRAPHIE

Sinais de Fogo / Signes de feu (Portugal/Espagne/France), réal. Luís Filipe Rolha, d'après le roman inachevé de Jorge de Sena (posth., 1981).

Jorge de Sena. Uma Fiel Dedicação à Honra de Estar Vivo (Portugal, 1997, tv), réal. Diana Andringa.



29/11/2006
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