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la déclaration conjointe russo-chinoise vu par The Saker – 5.02.2022 / Afrique - Russie + discours 21 et 24 février 22

pacte russo-chinois, 4 fév. 2022 / analyse de the saker

 

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Tout d’abord, il s’agit d’une déclaration très longue (5300 mots). C’est aussi une déclaration extrêmement importante car elle traite principalement de questions de grande stratégie (elle aborde le « quoi » et non le « comment »). Pour résumer, il s’agit d’une vision commune de l’avenir partagée par la Russie et la Chine. Il s’agit donc également d’un document de fixation d’objectifs communs. Compte tenu de sa portée et de son objectif, il s’agit très certainement d’un document historique crucial.

 

Ensuite, il est vraiment important de comprendre qui est le public cible de cette déclaration. Par définition, le public cible d’un tel document est la planète entière, mais d’après son langage, je dirais qu’il est assez clair qu’il ne s’agit pas d’un document adressé à qui que ce soit en Occident (d’une part, il est trop long pour le lecteur occidental moyen et il est trop long pour être réimprimé ou lu en entier dans la presse générale). Il existe un dicton que tous les Russes connaissent : « l’Orient est une matière délicate/raffinée » (il provient d’un célèbre film soviétique). Le style et le contenu de cette déclaration commune montrent qu’elle s’adresse avant tout au public russe et chinois, en particulier aux personnes en position de pouvoir : pour un lecteur occidental typique, le texte lui-même semble long et plein de platitudes bien intentionnées. Les Russes et les Chinois se comprennent beaucoup mieux, et non seulement ils peuvent lire entre les lignes et évaluer ce qui est dit et ce qui est seulement suggéré. Le fait que certaines choses ne soient que des allusions ne les rend en aucun cas moins cruciales. Encore une fois, le public visé ici n’est sans doute pas un public occidental.

Ceci étant dit, je voudrais choisir, grosso modo dans l’ordre, quelques parties clés de ce discours et essayer de décortiquer ce que dit réellement cette déclaration commune. Il s’agit d’une sélection quelque peu arbitraire, en réalité, la lettre et la virgule comptent ici, mais par souci de concision, je ne commenterai pas le texte intégral. Je vous recommande toutefois de prendre le temps de le lire à la source.

 

Extraits clés de la déclaration commune RU-CH : (c’est l’auteur qui souligne en gras)

Certains acteurs, qui ne représentent qu’une minorité à l’échelle internationale, continuent de préconiser des approches unilatérales pour traiter les questions internationales et de recourir à la force ; ils s’immiscent dans les affaires intérieures d’autres États, portant atteinte à leurs droits et intérêts légitimes, et incitent aux contradictions, aux différences et à la confrontation, entravant ainsi le développement et le progrès de l’humanité, en opposition à la communauté internationale.

Commentaire du Saker : les États-Unis et quelques-uns de leurs États vassaux veulent maintenir une hégémonie mondiale et ignorent le droit international. C’est une menace pour la paix et la sécurité de notre planète entière. Nous nous y opposons.

Il n’existe pas de modèle unique pour guider les pays dans l’établissement de la démocratie. Une nation peut choisir les formes et les méthodes de mise en œuvre de la démocratie qui lui conviennent le mieux, en fonction de son système social et politique, de son histoire, de ses traditions et de ses caractéristiques culturelles uniques. Il appartient uniquement au peuple du pays de décider si son État est démocratique.

Commentaire du Saker : il n’y a pas une seule façon d’établir un véritable pouvoir populaire, et les étrangers sont, par définition, disqualifiés pour juger du degré de « démocratie » d’une nation. Chaque nation a le droit de décider comment elle veut vivre, comment elle veut structurer formellement son pouvoir populaire et seul le peuple de cette nation peut décider si l’organisation de son pays exprime et défend fidèlement ses valeurs nationales. Les étrangers ne peuvent se considérer comme des « enseignants de la démocratie ». [NdSF : il s’agit en réalité d’une redite du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, intégré à la charte des Nations Unies]

Les parties réaffirment l’importance qu’elles accordent à la construction du Grand partenariat eurasiatique, parallèlement et en coordination avec la construction de « la Ceinture et la Route », afin de favoriser le développement d’associations régionales ainsi que de processus d’intégration bilatéraux et multilatéraux au profit des peuples du continent eurasiatique. Les parties ont convenu de continuer à intensifier de manière cohérente la coopération pratique pour le développement durable de l’Arctique.

Commentaire du Saker : nous, les habitants, construisons (et avons construit) une communauté eurasienne qui englobera la totalité de la masse continentale eurasienne et ses eaux arctiques adjacentes. Cette masse continentale eurasienne sera gouvernée souverainement par les nations qui la composent.

Les parties sont gravement préoccupées par les graves problèmes de sécurité internationale et estiment que les destins de toutes les nations sont liés. Aucun État ne peut ni ne doit assurer sa propre sécurité indépendamment de la sécurité du reste du monde et au détriment de la sécurité des autres États.

Commentaire du Saker : la sécurité est toujours et par définition collective. Il ne peut y avoir de sécurité pour certains au détriment de la sécurité des autres. La notion de sécurité unilatérale de l’Empire anglo-sioniste revient à mettre un pistolet sur la tempe de chaque nation de la planète avec la menace très explicite d’appuyer sur la gâchette si cette nation ose résister à cet acte typique d’agression impérialiste.

Les parties réaffirment leur ferme soutien mutuel à la protection de leurs intérêts fondamentaux, de la souveraineté des États et de leur intégrité territoriale, et s’opposent à l’ingérence de forces extérieures dans leurs affaires intérieures.

Commentaire du Saker : nous sommes et resterons côte à côte et nous vaincrons ensemble les forces qui tentent de nous empêcher d’atteindre et de maintenir une souveraineté véritable et totale.

La partie russe réaffirme son soutien au principe d’une seule Chine, confirme que Taïwan est une partie inaliénable de la Chine et s’oppose à toute forme d’indépendance de Taïwan.

Commentaire du Saker : la Russie soutiendra les efforts de la Chine pour réintégrer Taïwan. La Russie soutient la Chine.

La Russie et la Chine s’opposent aux tentatives menées par des forces extérieures de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité dans leurs régions communes adjacentes, ont l’intention de contrer l’ingérence de forces extérieures dans les affaires intérieures de pays souverains sous quelque prétexte que ce soit, s’opposent aux révolutions de couleur et renforceront leur coopération dans les domaines susmentionnés.

Commentaire du Saker : La Chine soutiendra la Russie dans ses efforts pour empêcher les États-Unis, l’OTAN et l’UE de transformer l’Ukraine en un pays anti-russe ou de renverser les gouvernements amis de la Russie. La Chine soutient la Russie.

Les parties estiment que certains États, alliances militaires et politiques et coalitions cherchent à obtenir, directement ou indirectement, des avantages militaires unilatéraux au détriment de la sécurité des autres, y compris en recourant à des pratiques de concurrence déloyale, intensifient la rivalité géopolitique, alimentent l’antagonisme et la confrontation et portent gravement atteinte à l’ordre de sécurité international et à la stabilité stratégique mondiale. Les parties s’opposent à un nouvel élargissement de l’OTAN et appellent l’Alliance de l’Atlantique Nord à abandonner ses approches idéologisées remontant à la guerre froide, à respecter la souveraineté, la sécurité et les intérêts des autres pays, la diversité de leurs contextes civilisationnels, culturels et historiques, et à adopter une attitude juste et objective à l’égard du développement pacifique des autres États.

Commentaire du Saker : l’Occident tente de déstabiliser, de subvertir, de contrôler et de détruire tout pays qui n’est pas disposé à devenir un État vassal des États-Unis. L’OTAN est une superstructure agressive, violente et totalitaire dont le but est d’empêcher tout pays d’accéder à la souveraineté. Elle n’est que la dernière itération de l’impérialisme anglo-saxon. Son idéologie est basée sur la haine et la projection de sa propre vision du monde et de son éthique haineuse sur les autres. Sa nature est impérialiste et sa devise divide et impera. Nous nous opposerons ensemble à cette tumeur géostratégique maligne.

Les parties sont gravement préoccupées par le partenariat de sécurité trilatéral entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni (AUKUS), qui prévoit une coopération approfondie entre ses membres dans des domaines impliquant la stabilité stratégique, en particulier leur décision d’entamer une coopération dans le domaine des sous-marins à propulsion nucléaire. La Russie et la Chine estiment que de telles actions sont contraires aux objectifs de sécurité et de développement durable de la région Asie-Pacifique, augmentent le danger d’une course aux armements dans la région et posent de sérieux risques de prolifération nucléaire.

Commentaire du Saker : AUKUS est une nouvelle itération de l’anglo-impérialisme. Il est dangereux et nous nous y opposerons ensemble.

Les parties appellent les États-Unis à répondre positivement à l’initiative russe et à abandonner leurs plans de déploiement de missiles terrestres à portée intermédiaire et à plus courte portée dans la région Asie-Pacifique et en Europe. La partie chinoise comprend et soutient les propositions avancées par la Fédération de Russie pour créer des garanties de sécurité à long terme juridiquement contraignantes en Europe.

Commentaire du Saker : La Chine soutient pleinement l’ultimatum russe à l’Occident. Le rejet par l’Occident des exigences russes affecte également la région Asie-Pacifique et, par conséquent, affecte et même menace les intérêts nationaux de la Chine. La Russie et la Chine ont un objectif commun : résister aux politiques impérialistes de l’Occident.

Les parties notent que la dénonciation par les États-Unis d’un certain nombre d’importants accords internationaux de contrôle des armements a un impact extrêmement négatif sur la sécurité et la stabilité internationales et régionales. Les parties expriment leur inquiétude quant à l’avancement des plans américains visant à développer une défense antimissile mondiale et à déployer ses éléments dans diverses régions du monde, combinés au renforcement des capacités des armes non nucléaires de haute précision pour des frappes de désarmement et d’autres objectifs stratégiques.

Commentaire du Saker : La Russie ne permettra pas aux États-Unis d’encercler militairement la Chine et la Chine ne permettra pas aux États-Unis d’encercler militairement la Russie. La Russie et la Chine sont dos à dos et se protégeront l’une l’autre, déjouant ainsi tout plan anglo-saxon visant à encercler l’une ou l’autre de ces nations, voire les deux.

Les parties s’opposent aux tentatives de certains États de transformer l’espace extra-atmosphérique en une arène de confrontation armée et réitèrent leur intention de faire tous les efforts nécessaires pour empêcher la militarisation de l’espace et une course aux armements dans l’espace. Elles s’opposeront aux activités visant à obtenir une supériorité militaire dans l’espace et à l’utiliser pour des opérations de combat.

Commentaire du Saker : Les programmes spatiaux russes et chinois feront un effort conjoint pour vaincre les tentatives anglophones de militarisation de l’espace, les deux pays s’aideront mutuellement à développer de futures capacités spatiales et à créer et déployer les moyens d’empêcher les États-Unis de les menacer depuis l’espace. [NdSF c’est une réponse à la publication de la politique spatiale de l’OTAN de cette semaine.]

Les parties soulignent que les activités nationales et étrangères des États-Unis et de leurs alliés en matière d’armes biologiques suscitent de graves préoccupations et questions de la part de la communauté internationale quant à leur respect de la CIAB. Les parties partagent le point de vue selon lequel ces activités constituent une menace sérieuse pour la sécurité nationale de la Fédération de Russie et de la Chine et sont préjudiciables à la sécurité des régions respectives.

Commentaire du Saker : les États-Unis ont clairement un programme actif de guerre biologique. La Russie et la Chine se sentent menacées par cette situation et elles agiront ensemble pour empêcher les États-Unis de développer des armes biologiques illégales et dangereuses.

La partie russe note l’importance du concept de construction d’une « communauté de destin commun pour l’humanité » proposé par la partie chinoise pour assurer une plus grande solidarité de la communauté internationale et une consolidation des efforts pour répondre aux défis communs. La partie chinoise note l’importance des efforts déployés par la partie russe pour établir un système multipolaire juste de relations internationales.

Commentaire du Saker : La Russie et la Chine conviennent que le nouvel ordre mondial post occidental qu’elles souhaitent instaurer sera fondé sur la fraternité et la solidarité de tous les pays qui, au lieu d’exploiter la planète entière au profit de quelques-uns, veulent voir un système international fondé sur des valeurs communes plutôt que sur la cupidité et l’oppression des faibles par les forts. Dans ce système, les relations entre les pays seront fondées sur le droit international et les Nations unies comme pierre angulaire, et non sur des « alliances de volontaires » ad hoc ou toute autre absurdité illégale de ce type.

Ils réaffirment que les nouvelles relations interétatiques entre la Russie et la Chine sont supérieures aux alliances politiques et militaires de l’époque de la guerre froide. L’amitié entre les deux États n’a pas de limites, il n’y a pas de domaines de coopération « interdits », le renforcement de la coopération stratégique bilatérale n’est ni dirigé contre des pays tiers ni affecté par l’évolution de l’environnement international et les changements circonstanciels dans les pays tiers.

Commentaire du Saker : « les relations entre la Russie et la Chine sont supérieures aux alliances politiques et militaires de l’époque de la guerre froide » est assez claire : la Russie et la Chine sont plus que des alliés ou de « simples » symbiotes, l’alliance qu’elles ont formée n’est pas une paix de papier à l’occidentale qui peut être révoquée ou ignorée. La Russie et la Chine ont décidé d’établir une véritable « amitié qui ne connaît pas de limites », c’est-à-dire une fraternité dont la portée et la nature sont bien plus profondes que toute alliance formelle. Les deux pays voient un avenir commun et se soutiendront mutuellement comme deux frères aimants. Remarque : le choix des mots « amitié sans limites » a été soigneusement élaboré pour ne pas avoir de sens pour un public occidental qui n’y verrait que des « platitudes pieuses et vagues sans obligations contraignantes », mais qui sera très clair pour ceux qui viennent des royaumes civilisationnels russe et chinois. Pour dire les choses simplement : personne en Occident ne croit vraiment à l' »amitié » entre les États, mais seulement aux alliances situationnelles et aux intérêts personnels. Le concept d’amitié a une signification très différente en Chine et en Russie. En outre, l’expression « pas de limites » est également absurde dans la géopolitique occidentale. Encore une fois, pour un public russe ou chinois, le paragraphe ci-dessus signifie et exprime bien PLUS que toute « alliance », « traité » ou « accord ». Les dirigeants politiques occidentaux ne peuvent tout simplement pas comprendre ou imaginer ce que la Russie et la Chine disent ici – leurs esprits ne peuvent tout simplement pas comprendre ce qui est dit ici.

La Russie et la Chine ont pour objectif de renforcer globalement l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et d’accroître encore son rôle dans l’élaboration d’un ordre mondial polycentrique fondé sur les principes universellement reconnus du droit international, du multilatéralisme, de la sécurité égale, conjointe, indivisible, globale et durable. Ils considèrent qu’il est important de mettre en œuvre de manière cohérente les accords sur l’amélioration des mécanismes de lutte contre les défis et les menaces pour la sécurité des États membres de l’OCS et, dans le cadre de cette tâche, ils préconisent d’élargir la fonctionnalité de la structure régionale antiterroriste de l’OCS.

Commentaire du Saker : La Chine et la Russie développeront leur coopération en matière de sécurité dans tous les domaines. Tout comme l’OTSC récemment, l’OCS va bientôt se doter de « dents » plus puissantes et les montrer si/quand cela est nécessaire. Et ne vous laissez pas abuser par la référence au choix des mondes « antiterroristes ». La récente opération de l’OTSC au Kazakhstan était également une opération « anti-terroriste » �

Conclusion

La publication de cette déclaration commune est l’équivalent géostratégique du célèbre discours de Poutine dans lequel il décrivait les nouveaux systèmes d’armes russes : elle sera d’abord rejetée par les politiciens occidentaux qui subiront ensuite lentement les cinq étapes du deuil de Kübler-Ross (déni, colère, marchandage, dépression et acceptation). Cette « amitié sans limites » qui tend vers une « communauté de destin commun pour l’humanité » est le pire cauchemar de l’impérialisme occidental, d’autant plus qu’il n’y a absolument rien que l’Occident puisse faire pour contrecarrer, opposer ou même ralentir la progression de la Russie et de la Chine vers leur objectif et leur avenir communs.

Loin d’« attaquer » l’Occident ou d’envahir qui que ce soit, la Russie et la Chine font quelque chose depuis des années déjà et ce « quelque chose » est maintenant assez clair (du moins pour ceux qui ont la sobriété et l’intelligence de le voir) : La Russie et la Chine laissent simplement l’Occident uni derrière elles, le laissant faire son propre chemin (suicide politique, culturel, économique, militaire et même spirituel) pendant qu’elles construisent une alternative.

On pourrait dire que la zone B ne veut pas détruire ou faire tomber la zone A. La zone B veut offrir une alternative à la zone A et ensuite laisser chaque nation décider elle-même dans quelle zone elle veut vivre.

Il y a un mot qui manque dans cette déclaration. Ce mot est « Iran ».

Il n’est pas absent parce que la Chine ou la Russie ne se soucient pas de l’Iran ou ne réalisent pas l’importance de l’Iran pour l’avenir du Moyen-Orient et même de notre planète entière. Ils le savent très, très bien. La raison pour laquelle le mot « Iran » n’apparaît pas est simple : bien que l’Iran soit très certainement un ami et un allié de la Russie et de la Chine, l’Iran ne partage pas une « amitié illimitée » ou une relation symbiotique fraternelle avec ces deux pays. L’Iran n’est pas non plus un membre à part entière de l’OCS (mais il le sera bientôt). Vous parlez d’une véritable diversité ! Ces pays ont des cultures, des histoires et des systèmes politiques complètement différents, et pourtant ils se soutiennent pleinement. Voilà le modèle « il n’y a pas de modèle unique » qui se construit déjà sous nos yeux ! Je crois également que la candidature de l’Iran pour devenir un membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai a été approuvée mais doit être formalisée (je peux me tromper ici) . Pourtant, la Chine et la Russie comprennent que l’Iran est crucial, non seulement en tant que porte d’entrée de la Russie et de la Chine au Moyen-Orient, mais aussi en tant que membre crucial du système d’alliances supra-idéologique que la Russie et la Chine veulent créer. En fait, ces pays s’entraident depuis des années déjà. Mais il y a plus, regardez ceci :

  • La Russie est un État démocratique et « social », avec un mélange bizarre, et changeant, de capitalisme et de collectivisme russe traditionnel.
  • La Chine est un mélange unique de capitalisme et de contrôle de l’État communiste.
  • L’Iran est une république islamique.

Ce modèle attirera et inclura facilement les pays d’Amérique latine qui choisiront l’idéologie du « socialisme du 21e siècle » (principalement développée par Cuba, le Venezuela et la Bolivie). Il sera également beaucoup plus attractif pour de nombreux pays africains que la « botte impérialiste occidentale » (exemples : Mali, Burkina Faso, Congo et, potentiellement, beaucoup d’autres).

La carte ci-dessous montre la situation actuelle.

La déclaration commune russo-chinoise nous dit tout ce que nous devons savoir sur la façon dont cette carte va changer dans un avenir proche.

Andrei

 

 

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L’intégralité de la déclaration conjointe Russie/Chine du 4 février 2022, adoptée à l'occasion de la rencontre entre V. Poutine et Xi Jinping, à l'ouverture des Jeux Olympique de Pékin. Cette déclaration très substantielle traite les questions internationales et stratégiques d'actualité. Elle trace un vaste ensemble de points de convergences et d'actions communes. Elle montre le niveau élevé d'entente politique atteint par Moscou et Pékin.

 

À l'invitation du Président de la République populaire de Chine Xi Jinping, le Président de la Fédération de Russie Vladimir V. Poutine s'est rendu en Chine le 4 février 2022. Les chefs d'État ont eu des entretiens à Pékin et ont participé à la cérémonie d'ouverture des XXIVe Jeux olympiques d'hiver. La Fédération de Russie et la République populaire de Chine, ci-après dénommées les parties, déclarent ce qui suit.

 

Aujourd'hui, le monde connaît des changements considérables et l'humanité entre dans une nouvelle ère de développement rapide et de transformation profonde. Elle voit se développer des processus et des phénomènes tels que la multipolarité, la mondialisation de l'économie, l'avènement de la société de l'information, la diversité culturelle, la transformation de l'architecture de la gouvernance mondiale et de l'ordre mondial ; l'interrelation et l'interdépendance entre les États s'accroissent ; une tendance à la redistribution du pouvoir dans le monde se dessine ; et la communauté internationale manifeste une demande croissante de leadership visant un développement graduel et pacifique.

Dans le même temps, alors que la pandémie du nouveau coronavirus se poursuit, la situation en matière de sécurité internationale et régionale se complique et le nombre de défis et de menaces planétaires augmente de jour en jour. Certains acteurs, qui ne représentent qu'une minorité à l'échelle internationale, continuent de préconiser des approches unilatérales pour traiter les questions internationales, et de recourir à la force ; ils s'immiscent dans les affaires intérieures d'autres États, portant atteinte à leurs droits et intérêts légitimes, et incitent aux contradictions, aux discordances et à la confrontation, entravant ainsi le développement et le progrès de l'humanité, contre l'opposition de la communauté internationale.

Les parties appellent tous les États à rechercher le bien-être pour tous et, à ces fins, à instaurer le dialogue et la confiance mutuelle, à renforcer la compréhension mutuelle, à défendre des valeurs humaines universelles telles que la paix, le développement, l'égalité, la justice, la démocratie et la liberté, à respecter le droit des peuples à déterminer de manière indépendante les voies de développement de leur pays, ainsi que la souveraineté et les intérêts des États en matière de sécurité et de développement, à protéger l'architecture internationale pilotée par les Nations-Unies et l'ordre mondial fondé sur le droit international, à rechercher une véritable multipolarité, les Nations-Unies et le Conseil de sécurité jouant un rôle central et de coordination, à promouvoir des relations internationales plus démocratiques et à garantir la paix, la stabilité et le développement durable dans le monde.

 

 

I. Les parties partagent l'idée que la démocratie est une valeur humaine universelle, plutôt qu'un privilège d'un nombre limité d'États, et que sa promotion et sa protection sont une responsabilité commune de la communauté mondiale tout entière.

 

Les parties estiment que la démocratie est un moyen de faire participer les citoyens au gouvernement de leur pays en vue d'améliorer le bien-être de la population et de mettre en œuvre le principe du gouvernement populaire. La démocratie s'exerce dans toutes les sphères de la vie publique dans le cadre d'un processus à l'échelle nationale et reflète les intérêts de l'ensemble du peuple, sa volonté, garantit ses droits, répond à ses besoins et protège ses intérêts.

Il n'existe pas de modèle unique pour guider les pays dans l'instauration de la démocratie. Une nation peut choisir les formes et les méthodes de mise en œuvre de la démocratie qui conviennent le mieux à son état particulier, sur la base de son système social et politique, de son contexte historique, de ses traditions et de ses caractéristiques culturelles uniques. C'est uniquement au peuple du pays de décider si son État est démocratique.

Les parties notent que la Russie et la Chine, en tant que puissances mondiales dotées d'un riche patrimoine culturel et historique, ont de longues traditions démocratiques, qui reposent sur une expérience millénaire du développement, un large soutien populaire et la prise en compte des besoins et des intérêts des citoyens. La Russie et la Chine garantissent à leur population le droit de participer par divers moyens et sous diverses formes à l'administration de l'État et à la vie publique, conformément à la loi. Les peuples des deux pays sont certains de la voie qu'ils ont choisie et respectent les systèmes et traditions démocratiques des autres États.

Les parties constatent que les principes démocratiques sont mis en œuvre à un niveau global, ainsi que dans l'administration de l'État. Les tentatives de certains États d'imposer leurs propres "normes démocratiques" à d'autres pays, de monopoliser le droit d'évaluer le niveau de conformité aux critères démocratiques, de tracer des lignes de démarcation fondées sur des motifs idéologiques, notamment en établissant des blocs exclusifs et des alliances de complaisance, s'avèrent n'être rien d'autre qu'une négation de la démocratie et vont à l'encontre de l'esprit et des véritables valeurs de la démocratie. De telles tentatives d'hégémonie constituent de graves menaces pour la paix et la stabilité mondiales et régionales et compromettent la stabilité de l'ordre mondial.

Les parties estiment que la défense de la démocratie et des droits de l'homme ne doit pas être utilisée pour faire pression sur d'autres pays. Elles s'opposent à l'abus des valeurs démocratiques et à l'ingérence dans les affaires intérieures d'États souverains sous le prétexte de protéger la démocratie et les droits de l'homme, ainsi qu'à toute tentative d'inciter à la division et à la confrontation dans le monde. Les parties appellent la communauté internationale à respecter la diversité culturelle et civilisationnelle et les droits des peuples de différents pays à l'autodétermination. Elles sont prêtes à travailler ensemble avec tous les partenaires intéressés pour promouvoir une véritable démocratie.

Les parties notent que la Charte des Nations-Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme fixent de nobles objectifs dans le domaine des droits de l'homme universels, énoncent des principes fondamentaux que tous les États doivent respecter et observer dans les faits.

En même temps, comme chaque nation a ses propres caractéristiques nationales, son histoire, sa culture, son système social et son niveau de développement social et économique, la nature universelle des droits de l'homme doit être vue à travers le prisme de la situation réelle de chaque pays particulier, et les droits de l'homme doivent être protégés en fonction de la situation spécifique de chaque pays et des besoins de sa population. La promotion et la protection des droits de l'homme sont une responsabilité partagée de la communauté internationale. Les États doivent accorder la même priorité à toutes les catégories de droits de l'homme et les promouvoir de manière systémique. La coopération internationale en matière de droits de l'homme doit être menée comme un dialogue d'égal à égal impliquant tous les pays. Tous les États doivent avoir un accès égal au droit au développement. L'interaction et la coopération en matière de droits de l'homme doivent être fondées sur le principe de l'égalité de tous les pays et du respect mutuel, afin de renforcer l'architecture internationale des droits de l'homme.

 

 

II. Les parties estiment que la paix, le développement et la coopération sont au cœur du système international moderne.

 

Le développement est un moteur essentiel pour assurer la prospérité des nations. La pandémie actuelle avec la nouvelle infection du coronavirus constitue un sérieux défi pour la réalisation du programme de développement durable des Nations-Unies à l'horizon 2030. Il est essentiel de renforcer les relations de partenariat dans l'intérêt du développement mondial et de veiller à ce que la nouvelle étape du développement mondial soit définie par l'équilibre, l'harmonie et l'inclusion.

Les parties cherchent à faire avancer leurs travaux pour relier les plans de développement de l'Union économique eurasienne (UEE) et l'initiative "la Ceinture et la Route" en vue d'intensifier la coopération pratique entre l'UEE et la Chine dans divers domaines et de promouvoir une plus grande interconnexion entre les régions Asie-Pacifique et Eurasie.

Les parties réaffirment l'importance qu'elles accordent à la construction du Grand partenariat eurasiatique, parallèlement et en coordination avec la construction de "la Ceinture et la Route", afin de favoriser le développement des associations régionales ainsi que les processus d'intégration bilatérale et multilatérale au profit des peuples du continent eurasiatique.

Les parties sont convenues de continuer à intensifier de manière cohérente la coopération pratique pour le développement durable de l'Arctique.

Les parties renforceront la coopération au sein des mécanismes multilatéraux, notamment les Nations-Unies, et encourageront la communauté internationale à donner la priorité aux questions de développement dans la coordination macro-politique mondiale.

Elles appellent les pays développés à mettre en œuvre de bonne foi leurs engagements formels en matière d'aide au développement, à fournir davantage de ressources aux pays en développement, à s'attaquer au développement inégal des États, à œuvrer pour compenser ces déséquilibres au sein des États et à faire progresser la coopération mondiale et internationale en matière de développement.

La partie russe confirme qu'elle est prête à continuer à travailler sur l'Initiative mondiale pour le développement proposée par la Chine, notamment en participant aux activités du Groupe des amis de l'Initiative mondiale pour le développement sous les auspices des Nations-Unies. Afin d'accélérer la mise en œuvre de l'Agenda 2030 des Nations-Unies pour le développement durable, les parties appellent la communauté internationale à prendre des mesures concrètes dans les domaines clés de la coopération tels que la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, les vaccins et le contrôle des épidémies, le financement du développement, le changement climatique, le développement durable, y compris le développement vert, l'industrialisation, l'économie numérique et la connectivité des infrastructures.

Les parties appellent la communauté internationale à créer des conditions ouvertes, égales, justes et non discriminatoires pour le développement scientifique et technologique, à intensifier la mise en œuvre pratique des avancées scientifiques et technologiques afin d'identifier les nouveaux moteurs de la croissance économique.

Les parties appellent tous les pays à renforcer la coopération dans le domaine des transports durables, à établir activement des contacts et à partager les connaissances dans la construction d'installations de transport, y compris les transports intelligents et les transports durables, le développement et l'utilisation des routes arctiques, ainsi qu'à développer d'autres domaines pour soutenir la reprise post-épidémique mondiale.

Les parties prennent des mesures sérieuses et apportent une contribution importante à la lutte contre le changement climatique. Célébrant conjointement le 30e anniversaire de l'adoption de la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, elles réaffirment leur attachement à cette convention ainsi qu'aux objectifs, principes et dispositions de l'accord de Paris, y compris le principe des responsabilités communes mais différenciées. Les parties travaillent ensemble pour assurer la mise en œuvre complète et effective de l'accord de Paris, restent déterminées à remplir les obligations qu'elles ont contractées et attendent des pays développés qu'ils assurent effectivement la mise à disposition annuelle de 100 milliards de dollars de financement climatique aux États en développement.

Les parties s'opposent à la mise en place de nouvelles barrières dans le commerce international sous le prétexte de lutter contre le changement climatique.

Les parties soutiennent fermement le développement de la coopération et des échanges internationaux dans le domaine de la diversité biologique, en participant activement au processus de gouvernance mondiale correspondant, et ont l'intention de promouvoir conjointement le développement harmonieux de l'humanité et de la nature ainsi que la transformation verte pour assurer un développement mondial durable.

Les chefs d'État évaluent positivement l'interaction efficace entre la Russie et la Chine dans les formats bilatéraux et multilatéraux axés sur la lutte contre la pandémie de COVID-19, la protection de la vie et de la santé de la population des deux pays et des peuples du monde.

Elles renforceront leur coopération dans le développement et la fabrication de vaccins contre la nouvelle infection du coronavirus, ainsi que des médicaments pour son traitement, et amélioreront leur collaboration en matière de santé publique et de médecine moderne. Les parties prévoient de renforcer la coordination des mesures épidémiologiques afin de garantir une solide protection de la santé, de la sécurité et de l'ordre dans les contacts entre les citoyens des deux pays.

Les parties ont salué le travail des autorités compétentes et des régions des deux pays pour la mise en œuvre de mesures de quarantaine dans les zones frontalières et pour assurer le fonctionnement stable des points de passage frontaliers, et ont l'intention d'envisager la création d'un mécanisme conjoint de contrôle et de prévention des épidémies dans les zones frontalières afin de planifier conjointement les mesures anti-épidémiques à prendre aux points de contrôle frontaliers, de partager les informations, de construire des infrastructures et d'améliorer l'efficacité du dédouanement des marchandises.

Les parties soulignent que la détermination de l'origine de la nouvelle infection par le coronavirus est une question de science. La recherche sur ce sujet doit se fonder sur des connaissances mondiales, ce qui nécessite une coopération entre les scientifiques du monde entier. Les parties s'opposent à la politisation de cette question.

La Russie se félicite des travaux menés conjointement par la Chine et l'OMS pour identifier la source de la nouvelle infection à coronavirus et soutient le rapport conjoint Chine-OMS sur la question. Les parties appellent la communauté mondiale à promouvoir conjointement une approche scientifique sérieuse pour l'étude de l'origine du coronavirus.

La partie russe est favorable à ce que la Chine accueille avec succès les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver à Pékin en 2022.

Les parties apprécient hautement le niveau de la coopération bilatérale dans le domaine des sports et du mouvement olympique et se déclarent prêtes à contribuer à son développement progressif.

 

 

III. Les parties sont gravement préoccupées par les graves problèmes de sécurité internationale et estiment que les destins de toutes les nations sont liés. Aucun État ne peut ni ne doit assurer sa propre sécurité indépendamment de la sécurité du reste du monde et au détriment de la sécurité des autres États. La communauté internationale doit s'engager activement dans la gouvernance mondiale pour assurer une sécurité universelle, globale, indivisible et durable.

 

Les parties réaffirment leur ferme soutien mutuel à la protection de leurs intérêts fondamentaux, de la souveraineté des États et de leur intégrité territoriale, et s'opposent à l'ingérence de forces extérieures dans leurs affaires intérieures.

La partie russe réaffirme son soutien au principe d'une seule Chine, confirme que Taïwan est une partie inaliénable de la Chine et s'oppose à toute forme d'indépendance de Taïwan.

La Russie et la Chine s'opposent aux tentatives des forces extérieures de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité dans leurs régions communes adjacentes, ont l'intention de contrer l'ingérence des forces extérieures dans les affaires intérieures des pays souverains sous quelque prétexte que ce soit, s'opposent aux révolutions de couleur et renforceront leur coopération dans les domaines susmentionnés.

Les parties condamnent le terrorisme dans toutes ses manifestations, promeuvent l'idée de créer un front mondial unique de lutte contre le terrorisme, les Nations-Unies jouant un rôle central, préconisent une coordination politique plus forte et un engagement constructif dans les efforts multilatéraux de lutte contre le terrorisme.

Les parties s'opposent à la politisation des questions de lutte contre le terrorisme et à leur utilisation comme instruments d'une politique de deux poids, deux mesures, condamnent la pratique de l'ingérence dans les affaires intérieures d'autres États à des fins géopolitiques par le biais de groupes terroristes et extrémistes ainsi que sous couvert de lutte contre le terrorisme international et l'extrémisme.

Les parties estiment que certains États, certaines alliances et coalitions militaires et politiques cherchent à obtenir, directement ou indirectement, des avantages militaires unilatéraux au détriment de la sécurité des autres, notamment en recourant à des pratiques de concurrence déloyale, intensifient la rivalité géopolitique, alimentent l'antagonisme et la confrontation et portent gravement atteinte à l'ordre de sécurité international et à la stabilité stratégique mondiale.

Les parties s'opposent à un nouvel élargissement de l'OTAN et demandent à l'Alliance de l'Atlantique Nord d'abandonner ses approches idéologisées de la guerre froide, de respecter la souveraineté, la sécurité et les intérêts des autres pays, la diversité de leurs contextes civilisationnels, culturels et historiques, et d'adopter une attitude juste et objective à l'égard du développement pacifique des autres États.

Les parties s'opposent à la formation de structures de blocs fermés et de camps opposés dans la région Asie-Pacifique et restent très vigilantes quant à l'impact négatif de la stratégie indo-pacifique des États-Unis sur la paix et la stabilité dans la région. La Russie et la Chine ont déployé des efforts constants pour construire un système de sécurité équitable, ouvert et inclusif dans la région Asie-Pacifique (APR) qui ne soit pas dirigé contre des pays tiers et qui favorise la paix, la stabilité et la prospérité.

Les parties se félicitent de la déclaration commune des dirigeants des cinq États dotés d'armes nucléaires sur la prévention de la guerre nucléaire et la prévention des courses aux armements et estiment que tous les États dotés d'armes nucléaires devraient abandonner la mentalité de la guerre froide et les jeux à somme nulle, réduire le rôle des armes nucléaires dans leurs politiques de sécurité nationale, retirer les armes nucléaires déployées à l'étranger, mettre fin au développement sans restriction du système mondial de défense contre les missiles balistiques (ABM) et prendre des mesures efficaces pour réduire les risques de guerre nucléaire et de tout conflit armé entre les pays dotés de capacités nucléaires militaires.

Les parties réaffirment que le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est la pierre angulaire du système international de désarmement et de non-prolifération nucléaire, un élément important du système de sécurité international d'après-guerre, et qu'il joue un rôle indispensable dans la paix et le développement du monde.

La communauté internationale devrait promouvoir la mise en œuvre équilibrée des trois piliers du traité et travailler ensemble pour protéger la crédibilité, l'efficacité et la nature universelle de l'instrument.

Les parties sont gravement préoccupées par le partenariat de sécurité trilatéral entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni (AUKUS), qui prévoit une coopération approfondie entre ses membres dans des domaines impliquant la stabilité stratégique, et notamment par leur décision d'entamer une coopération dans le domaine des sous-marins à propulsion nucléaire.

La Russie et la Chine estiment que de telles actions sont contraires aux objectifs de sécurité et de développement durable de la région Asie-Pacifique, augmentent le danger d'une course aux armements dans la région et posent de sérieux risques de prolifération nucléaire.

Les parties condamnent fermement de telles actions et appellent les participants à l'AUKUS à respecter de bonne foi leurs engagements en matière de non-prolifération nucléaire et de missiles, et à travailler ensemble pour préserver la paix, la stabilité et le développement dans la région.

Les parties sont profondément préoccupées par les projets du Japon de rejeter dans l'océan l'eau contaminée par des substances nucléaires provenant de la centrale nucléaire détruite de Fukushima et par l'impact environnemental potentiel de ces actions. Les parties soulignent que l'élimination de l'eau contaminée par des substances nucléaires doit être gérée de manière responsable et effectuée de façon appropriée sur la base d'arrangements entre la partie japonaise et les États voisins, les autres parties intéressées et les agences internationales compétentes, tout en garantissant la transparence, le raisonnement scientifique et le respect du droit international.

Les parties estiment que le retrait des États-Unis du traité sur l'élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, l'accélération de la recherche et du développement de missiles terrestres à portée intermédiaire et à plus courte portée et le désir de les déployer dans les régions Asie-Pacifique et Europe, ainsi que leur transfert aux alliés, entraînent une augmentation de la tension et de la méfiance, accroissent les risques pour la sécurité internationale et régionale, conduisent à l'affaiblissement du système international de non-prolifération et de contrôle des armements et sapent la stabilité stratégique mondiale.

Les parties appellent les États-Unis à répondre positivement à l'initiative russe et à abandonner leurs plans de déploiement de missiles terrestres à portée intermédiaire et à plus courte portée dans la région Asie-Pacifique et en Europe. Les parties continueront à entretenir des contacts et à renforcer la coordination sur cette question.

La partie chinoise comprend et soutient les propositions avancées par la Fédération de Russie pour créer des garanties de sécurité à long terme juridiquement contraignantes en Europe.

Les parties notent que la dénonciation par les États-Unis d'un certain nombre d'importants accords internationaux de contrôle des armements a un impact extrêmement négatif sur la sécurité et la stabilité internationales et régionales. Les parties expriment leur inquiétude quant à l'avancement des plans américains visant à développer une défense antimissile mondiale et à déployer ses éléments dans diverses régions du monde, combinés au renforcement des capacités des armes non nucléaires de haute précision pour des frappes de désarmement et d'autres objectifs stratégiques.

Les parties soulignent l'importance des utilisations pacifiques de l'espace, soutiennent fermement le rôle central du Comité des Nations-Unies sur les utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique dans la promotion de la coopération internationale, le maintien et le développement du droit international de l'espace et la réglementation dans le domaine des activités spatiales.

La Russie et la Chine continueront à accroître leur coopération sur des questions d'intérêt mutuel telles que la durabilité à long terme des activités spatiales et le développement et l'utilisation des ressources spatiales.

Les parties s'opposent aux tentatives de certains États de transformer l'espace en une arène de confrontation armée et réitèrent leur intention de faire tous les efforts nécessaires pour empêcher l'arsenalisation de l'espace et une course aux armements dans l'espace.

Elles s'opposeront aux activités visant à obtenir une supériorité militaire dans l'espace et à l'utiliser pour des opérations de combat. Les parties affirment la nécessité de lancer rapidement des négociations en vue de conclure un instrument multilatéral juridiquement contraignant basé sur le projet de traité russo-chinois relatif à la prévention du placement d'armes dans l'espace et de l'emploi ou de la menace de la force contre des objets spatiaux, qui offrirait des garanties fondamentales et fiables contre une course aux armements et l'arsenalisation de l'espace.

La Russie et la Chine soulignent que des mesures appropriées de transparence et de confiance, y compris une initiative internationale / engagement politique de ne pas être le premier à placer des armes dans l'espace, peuvent également contribuer à l'objectif de prévention d'une course aux armements dans l'espace, mais que ces mesures devraient compléter et non remplacer le régime efficace juridiquement contraignant régissant les activités spatiales.

Les parties réaffirment leur conviction que la Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (BWC) est un pilier essentiel de la paix et de la sécurité internationales. La Russie et la Chine soulignent leur détermination à préserver la crédibilité et l'efficacité de la convention.

Les parties affirment la nécessité de respecter pleinement et de renforcer encore la Convention sur l’Interdiction des Armes Biologiques (CIAB), notamment en l'institutionnalisant, en renforçant ses mécanismes et en adoptant un protocole juridiquement contraignant à la convention, assorti d'un mécanisme de vérification efficace, ainsi que par le biais de consultations et d'une coopération régulières pour traiter toute question liée à la mise en œuvre de la convention.

Les parties soulignent que les activités nationales et étrangères des États-Unis et de leurs alliés en matière d'armes biologiques suscitent de graves préoccupations et questions de la part de la communauté internationale quant à leur respect de la CIAB.

Les parties partagent le point de vue selon lequel ces activités constituent une menace sérieuse pour la sécurité nationale de la Fédération de Russie et de la Chine et sont préjudiciables à la sécurité des régions respectives. Les parties appellent les États-Unis et leurs alliés à agir de manière ouverte, transparente et responsable en rendant compte de manière appropriée de leurs activités biologiques militaires menées à l'étranger et sur leur territoire national, et en soutenant la reprise des négociations sur un protocole à la Convention sur les armes biologiques juridiquement contraignant, assorti d'un mécanisme de vérification efficace.

Les parties, réaffirmant leur attachement à l'objectif d'un monde exempt d'armes chimiques, appellent toutes les parties à la convention sur les armes chimiques à travailler ensemble pour préserver sa crédibilité et son efficacité.

La Russie et la Chine sont profondément préoccupées par la politisation de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et appellent tous ses membres à renforcer la solidarité et la coopération et à protéger la tradition de la prise de décision consensuelle.

La Russie et la Chine insistent pour que les États-Unis, en tant que seul État partie à la convention qui n'a pas encore achevé le processus d'élimination des armes chimiques, accélèrent l'élimination de leurs stocks d'armes chimiques.

Les parties soulignent l'importance de trouver un équilibre entre les obligations des États en matière de non-prolifération et les intérêts d'une coopération internationale légitime dans l'utilisation des technologies avancées et des matériaux et équipements connexes à des fins pacifiques. Les parties prennent note de la résolution intitulée "Promouvoir la coopération internationale en matière d'utilisations pacifiques dans le contexte de la sécurité internationale", adoptée lors de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations-Unies à l'initiative de la Chine et coparrainée par la Russie, et attendent avec intérêt sa mise en œuvre cohérente conformément aux objectifs qui y sont énoncés.

Les parties attachent une grande importance aux questions de gouvernance dans le domaine de l'intelligence artificielle. Les parties sont prêtes à renforcer le dialogue et les contacts sur l'intelligence artificielle.

Les parties réaffirment leur volonté d'approfondir la coopération dans le domaine de la sécurité internationale de l'information et de contribuer à la mise en place d'un environnement Technologies Information et Communication (TIC) ouvert, sûr, durable et accessible. Les parties soulignent que les principes de non-recours à la force, de respect de la souveraineté nationale et des droits de l'homme et libertés fondamentales, et de non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres États, tels qu'ils sont consacrés par la Charte des Nations-Unies, sont applicables à l'espace d'information. La Russie et la Chine réaffirment le rôle clé de l'ONU dans la réponse aux menaces pesant sur la sécurité internationale de l'information et expriment leur soutien à l'Organisation dans l'élaboration de nouvelles normes de conduite des États dans ce domaine.

Les parties se félicitent de la mise en œuvre du processus de négociation mondial sur la sécurité de l'information internationale au sein d'un mécanisme unique et soutiennent dans ce contexte les travaux du Groupe de travail à composition non limitée des Nations-Unies sur la sécurité des technologies de l'information et de la communication (TIC) 2021-2025 (GTCNU) et expriment leur volonté de parler d'une seule voix en son sein.

Les parties considèrent qu'il est nécessaire de consolider les efforts de la communauté internationale pour élaborer de nouvelles normes de comportement responsable des États, y compris sur le plan juridique, ainsi qu'un instrument juridique international universel réglementant les activités des États dans le domaine des TIC. Les parties estiment que l'initiative mondiale sur la sécurité des données, proposée par la partie chinoise et soutenue, en principe, par la partie russe, constitue une base pour que le groupe de travail discute et élabore des réponses aux menaces pour la sécurité des données et aux autres menaces pour la sécurité internationale de l'information.

Les parties réitèrent leur soutien aux résolutions 74/247 et 75/282 de l'Assemblée générale des Nations-Unies, soutiennent les travaux du comité spécial d'experts gouvernementaux compétent, facilitent les négociations au sein des Nations-Unies en vue de l'élaboration d'une convention internationale sur la lutte contre l'utilisation des TIC à des fins criminelles. Les parties encouragent la participation constructive de toutes les parties aux négociations afin de convenir dès que possible d'une convention crédible, universelle et globale et de la présenter à l'Assemblée générale des Nations-Unies lors de sa 78e session, dans le strict respect de la résolution 75/282. À ces fins, la Russie et la Chine ont présenté un projet commun de convention qui servira de base aux négociations.

Les parties soutiennent l'internationalisation de la gouvernance de l'Internet, prônent l'égalité des droits à sa gouvernance, estiment que toute tentative de limiter leur droit souverain de réglementer les segments nationaux de l'Internet et d'en assurer la sécurité est inacceptable, sont intéressées par une plus grande participation de l'Union internationale des télécommunications au traitement de ces questions.

Les parties ont l'intention d'approfondir la coopération bilatérale en matière de sécurité internationale de l'information sur la base de l'accord intergouvernemental pertinent de 2015. À cette fin, les parties sont convenues d'adopter dans un avenir proche un plan de coopération entre la Russie et la Chine dans ce domaine.

 

 

IV. Les parties soulignent que la Russie et la Chine, en tant que puissances mondiales et membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies, ont l'intention d'adhérer fermement aux principes éthiques et d'assumer leurs responsabilités, de défendre fermement le système international avec le rôle central de coordination des Nations-Unies dans les affaires internationales, de défendre l'ordre mondial fondé sur le droit international, y compris les buts et principes de la Charte des Nations-Unies, de faire progresser la multipolarité et de promouvoir la démocratisation des relations internationales, de créer ensemble un monde encore plus prospère, stable et juste, de construire conjointement des relations internationales d'un nouveau type.

 

La partie russe note l'importance du concept de construction d'une "communauté de destin commun pour l'humanité" proposé par la partie chinoise pour assurer une plus grande solidarité de la communauté internationale et la consolidation des efforts pour répondre aux défis communs. La partie chinoise note l'importance des efforts entrepris par la partie russe pour établir un système multipolaire juste de relations internationales.

Les parties ont l'intention de défendre fermement les aboutissements de la Seconde Guerre mondiale et l'ordre mondial existant post-conflit, de défendre l'autorité des Nations-Unies et la justice dans les relations internationales, de résister aux tentatives de nier, de déformer et de falsifier l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Afin d'empêcher que la tragédie de la guerre mondiale ne se reproduise, les parties condamneront fermement les actions visant à nier la responsabilité des atrocités commises par les agresseurs nazis, les envahisseurs militaristes et leurs complices, à salir et à ternir l'honneur des pays victorieux.

Les parties appellent à l'établissement d'un nouveau type de relations entre les puissances mondiales sur la base du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération mutuellement bénéfique. Elles réaffirment que les nouvelles relations interétatiques entre la Russie et la Chine sont supérieures aux alliances politiques et militaires de l'époque de la guerre froide. L'amitié entre les deux États n'a pas de limites, il n'y a pas de domaines de coopération "interdits", le renforcement de la coopération stratégique bilatérale n'est ni dirigé contre des pays tiers ni affecté par l'évolution de l'environnement international et les changements circonstanciels dans les pays tiers.

Les parties réitèrent la nécessité de consolider et non de diviser la communauté internationale, la nécessité de coopérer et non de se confronter.

Les parties s'opposent au retour des relations internationales à l'état de confrontation entre grandes puissances, lorsque le faible devient la proie du fort. Les parties entendent résister aux tentatives de substituer des formats et des mécanismes universellement reconnus et conformes au droit international à des règles élaborées en privé par certaines nations ou certains blocs de nations ; elles s'opposent à ce que les problèmes internationaux soient abordés de manière indirecte et sans consensus ; elles s'opposent aux rapports de force, aux humiliations, aux sanctions unilatérales et à l'application extraterritoriale du droit, ainsi qu'à l'abus des politiques de contrôle des exportations ; elles soutiennent la facilitation des échanges conformément aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les parties ont réaffirmé leur intention de renforcer leur coordination de politique étrangère, de poursuivre un véritable multilatéralisme, de renforcer la coopération sur les plateformes multilatérales, de défendre les intérêts communs, de soutenir l'équilibre international et régional des pouvoirs et d'améliorer la gouvernance mondiale.

Les parties soutiennent et défendent le système commercial multilatéral fondé sur le rôle central de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), prennent une part active à la réforme de l'OMC et s'opposent aux approches unilatérales et au protectionnisme.

Les parties sont prêtes à renforcer le dialogue entre partenaires et à coordonner les positions sur les questions commerciales et économiques d'intérêt commun, à contribuer à assurer le fonctionnement durable et stable des chaînes de valeur mondiales et régionales, à promouvoir un système de règles commerciales et économiques internationales plus ouvert, inclusif, transparent et non discriminatoire.

Les parties soutiennent le format du G20 en tant que forum important pour discuter des questions de coopération économique internationale et des mesures de réponse à la crise, encouragent conjointement l'esprit de solidarité et de coopération revigoré au sein du G20, soutiennent le rôle de premier plan de l'association dans des domaines tels que la lutte internationale contre les épidémies, la reprise économique mondiale, le développement durable inclusif, l'amélioration du système de gouvernance économique mondiale de manière équitable et rationnelle afin de relever collectivement les défis mondiaux.

Les parties soutiennent l'approfondissement du partenariat stratégique au sein des BRICS, encouragent l'élargissement de la coopération dans trois domaines principaux : la politique et la sécurité, l'économie et la finance, et les échanges humanitaires.

En particulier, la Russie et la Chine entendent encourager l'interaction dans les domaines de la santé publique, de l'économie numérique, de la science, de l'innovation et de la technologie, y compris les technologies d'intelligence artificielle, ainsi que la coordination accrue entre les pays des BRICS sur les plateformes internationales.

Les parties s'efforcent de renforcer davantage le format BRICS Plus/Outreach en tant que mécanisme efficace de dialogue avec les associations et organisations d'intégration régionale des pays en développement et des États aux marchés émergents.

La partie russe soutiendra pleinement la partie chinoise qui présidera l'association en 2022, et contribuera à la tenue fructueuse du XIVe sommet des BRICS.

La Russie et la Chine entendent renforcer globalement l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et accroître encore son rôle dans l'élaboration d'un ordre mondial polycentrique fondé sur les principes universellement reconnus du droit international, du multilatéralisme, de la sécurité égale, conjointe, indivisible, globale et durable.

Elles considèrent qu'il est important de mettre en œuvre de manière cohérente les accords relatifs à l'amélioration des mécanismes de lutte contre les défis et les menaces pour la sécurité des États membres de l'OCS et, dans le cadre de cette tâche, elles préconisent d'élargir la fonctionnalité de la structure régionale antiterroriste de l'OCS.

Les parties contribueront à conférer une nouvelle qualité et une nouvelle dynamique à l'interaction économique entre les États membres de l'OCS dans les domaines du commerce, de l'industrie manufacturière, des transports, de l'énergie, des finances, des investissements, de l'agriculture, des douanes, des télécommunications, de l'innovation et d'autres domaines d'intérêt mutuel, notamment par l'utilisation de technologies avancées, économes en ressources, efficaces sur le plan énergétique et "vertes".

Les parties prennent note de l'interaction fructueuse au sein de l'OCS dans le cadre de l'accord de 2009 entre les gouvernements des États membres de l'Organisation de coopération de Shanghai sur la coopération dans le domaine de la sécurité internationale de l'information, ainsi qu'au sein du groupe d'experts spécialisé. Dans ce contexte, ils se félicitent de l'adoption du plan d'action conjoint de l'OCS sur la garantie de la sécurité internationale de l'information pour 2022-2023 par le Conseil des chefs d'État des États membres de l'OCS le 17 septembre 2021 à Douchanbé.

La Russie et la Chine procèdent de l'importance toujours croissante de la coopération culturelle et humanitaire pour le développement progressif de l'OCS. Afin de renforcer la compréhension mutuelle entre les peuples des États membres de l'OCS, elles continueront à favoriser efficacement l'interaction dans des domaines tels que les liens culturels, l'éducation, la science et la technologie, les soins de santé, la protection de l'environnement, le tourisme, les contacts entre les peuples, les sports.

La Russie et la Chine continueront à œuvrer au renforcement du rôle de l'APEC en tant que principale plateforme de dialogue multilatéral sur les questions économiques dans la région Asie-Pacifique.

Les parties ont l'intention d'intensifier leur action coordonnée pour mettre en œuvre avec succès les "lignes directrices de Putrajaya pour le développement de l'APEC jusqu'en 2040", en mettant l'accent sur la création d'un environnement commercial et d'investissement libre, ouvert, équitable, non discriminatoire, transparent et prévisible dans la région. Un accent particulier sera mis sur la lutte contre la pandémie d'infection par le nouveau coronavirus et la reprise économique, la numérisation d'un large éventail de sphères de vie différentes, la croissance économique dans les territoires éloignés et l'établissement d'une interaction entre l'APEC et d'autres associations multilatérales régionales ayant un programme similaire.

Les parties ont l'intention de développer la coopération dans le cadre du format "Russie-Inde-Chine", ainsi que de renforcer l'interaction dans des lieux tels que le sommet de l'Asie de l'Est, le forum régional de l'ASEAN sur la sécurité, la réunion des ministres de la défense des États membres de l'ASEAN et les partenaires de dialogue.

La Russie et la Chine soutiennent le rôle central de l'ASEAN dans le développement de la coopération en Asie de l'Est, continuent d'accroître la coordination de la coopération approfondie avec l'ASEAN et encouragent conjointement la coopération dans les domaines de la santé publique, du développement durable, de la lutte contre le terrorisme et de la lutte contre la criminalité transnationale. Les parties ont l'intention de continuer à travailler dans l'intérêt d'un renforcement du rôle de l'ASEAN en tant qu'élément clé de l'architecture régionale. (traduction Deepl révisée)

 

Le 4 février 2022

Sources : Blog de Jack Fath.international

 

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AFRIQUE/RUSSIE

Avec le projet de loi adopté le 27 avril, les États-Unis visent à développer une stratégie contre les activités de la Russie sur le continent, qui "sape ses objectifs et ses intérêts en Afrique"

Par Ali Maskan (revue de presse : Agence Anadolu – 2/6/22)*

 

Le 27 avril dernier, le projet de loi soumis au Congrès américain par le démocrate Gregory Meeks, président de la commission des relations étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, a été adopté avec 419 voix "oui" contre 9 voix "non" afin de lutter contre les "activités malveillantes" de la Russie en Afrique. [1]

- Les États-Unis prennent des mesures contre la présence russe en Afrique

Avec ladite loi, les États-Unis visent à développer une stratégie contre les activités de la Russie sur le continent, qui "sape ses objectifs et ses intérêts en Afrique". La loi couvre également la surveillance étroite des tentatives d'influence politique, des activités de désinformation et des opérations militaires de la Russie. L'attention est également attirée sur le renforcement des institutions démocratiques en Afrique, le suivi et l'évaluation dans les domaines de la transparence, la responsabilité, les droits de l'homme, la lutte contre la corruption, les ressources naturelles et l'exploitation minière, et le développement de principes de bonne gouvernance.

Alors que l'Afrique est la seule solution aux crises alimentaires et énergétiques actuelles, le fait que le continent se trouve entre les conflits de différents protagonistes affectera négativement le monde entier.

Désireuse de retrouver son prestige de la guerre froide depuis longtemps, la Russie prend des mesures pour atteindre cet objectif avec ses activités politiques, militaires et économiques dans différentes parties du monde, notamment en Amérique latine et en Afrique. Les États-Unis, d'autre part, agissent avec une stratégie similaire pour limiter et encercler la Russie sur son propre continent. En raison de la récente guerre russo-ukrainienne, l'attitude des États-Unis et de l'Europe envers la Russie a conduit à l'escalade de ladite lutte.

- La Russie accroît son influence en Afrique

En revanche, 17 pays africains se sont abstenus lors du vote de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies (ONU) le 3 mars 2022, alors que tous condamnaient l'attaque militaire de la Russie contre l'Ukraine, tandis que l’Érythrée, autre pays africain, faisait partie des cinq pays qui ont voté "non" à cette résolution. Cette image, qui montre à quel point la Russie est active sur le continent, a ouvert la voie aux États-Unis pour prendre des mesures plus concrètes.

Les forces militaires spéciales russes (Wagner) sont de plus en plus actives dans la région sub-saharienne qui s'étend du Soudan au Burkina Faso. Par exemple, des coups d'État se sont produits fréquemment dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, y compris les anciens pays coloniaux français. On sait que les forces militaires russes ont joué un rôle dans ces coups d'État. Par conséquent, cette situation inquiète grandement les puissances occidentales. Ainsi, il est possible d'observer dans les pays où les coups d'État ont eu lieu, des personnes scandant des slogans anti-français avec des drapeaux russes.

Par ailleurs, le rôle des hommes d'affaires russes dans l'exploitation des ressources minérales du continent, en particulier en République sud-africaine, est devenu un élément de pression politique sur les gouvernements. C'est pourquoi Gregory Meeks soutient que la Russie "cherche à créer des financements en exploitant les ressources naturelles et les richesses souterraines de l'Afrique".

Les États-Unis affirment également que la Russie interfère avec les structures démocratiques des pays africains par le biais de l'Association pour la recherche libre et la coopération internationale (AFRIC).[2] Les rumeurs de corruption lors des élections à Madagascar et le soutien apporté à certains groupes au Zimbabwe font partie des allégations portées contre l'AFRIC. Malgré cela, les États-Unis visent à briser et même à éliminer l'influence russe sur le continent en prônant la démocratie et les droits de l'homme.

- La Russie dans le collimateur, un peu partout dans le monde

À cet égard, les institutions compétentes des États-Unis et de l'ONU préparent des rapports sur les crimes russes contre l'humanité en Ukraine et enregistrent leurs activités dans différentes parties du monde. Dans ce contexte, on sait que les allégations de violations des droits de l'homme et de crimes de guerre commis par le groupe Wagner, notamment au Mali et en République Centrafricaine, ont été déposées contre la Russie pour être utilisées devant la justice.

En conséquence, les États-Unis visent à lutter contre les accusations de violations généralisées des droits de l'homme, en particulier sur les fronts ouverts par la Russie non seulement en Afrique mais aussi un peu partout dans le monde.

- Que veulent les Africains ?

En plus de tout cela, de nombreux pays africains, en particulier l'Égypte et l'Afrique du Nord, achètent leur blé à la Russie et à l'Ukraine. Autre rivale importante des États-Unis, la Chine accroît de jour en jour sa supériorité économique sur le continent. Les gouvernements et les peuples africains, en revanche, veulent préserver leurs relations économiques et politiques avec les États-Unis et les pays européens. Dans un second temps, ils visent à développer leurs relations avec la Russie et la Chine dans le cadre du principe gagnant-gagnant.

Outre la présence militaire et économique de la Russie, une autre raison pour laquelle elle est devenue si forte en Afrique est que les Africains en ont assez des politiques unilatérales et égoïstes de l'Occident. Une situation similaire a été vécue lorsque les pays africains ont obtenu leur indépendance. De nombreux pays africains avaient établi des liens idéologiques et militaires avec la Russie contre les pays qui les exploitaient depuis des années. Notons ici que l’histoire se répète de nos jours.

Les USA pourraient tenter de punir les gouvernements de certains pays africains dans le cadre des politiques qu'ils développeront contre la Russie. Cependant, dans un tel cas, ce sera à lui d'en payer le prix. Le fait que l'Afrique considère la Chine et la Russie comme des partenaires alternatifs révèle que l'Occident devrait revoir sa politique à l'égard du continent. Dans ce contexte, les États-Unis devraient viser à établir une relation réaliste et équitable avec les pays africains plutôt que de les menacer.

Finalement, alors que l'Afrique est la seule solution aux crises alimentaire et énergétique dans le monde, le fait que le continent soit entre les conflits de différents protagonistes affectera négativement non seulement les pays africains, mais aussi le monde entier. On espère que la nouvelle loi promulguée par les USA ne sera pas une source de problèmes.

 [1] https://www.congress.gov/bill/117th-congress/house-bill/7311/text

[2] https://www.epde.org/en/news/details/fake-election-observation-as-russias-tool-of-election-interference-the-case-of-afric-2599.html

Ali Maskan est l’auteur de "De la piraterie à l'islam politique : changement social et sociétal en Algérie", écrit sur le colonialisme et l'Afrique - Les idées d'articles appartiennent à l'auteur et peuvent ne pas refléter la politique éditoriale de l'Agence Anadolu.

*Source : Anadolu

 

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Reconfiguration du monde, l'Afrique courtisée, convoitée, tiraillée

 

Publié par Gilles Munier sur 29 Juin 2022, 09:50am

Catégories : #Afrique#Sahel

Par Leslie Varenne (revue de presse : IVERIS – 28/6/22)*

Ces derniers jours se sont tenus une avalanche de sommets : G7 en Bavière, BRICS à Pékin, Commonwealth à Kigali et le plus consistant d’entre tous, celui de l’OTAN s’ouvre ce 28 juin à Madrid. Le seul mantra commun à ces réunions de chefs d’Etat pourrait être « choisis ton camp camarade ». Dans ce partage du monde qui se profile entre les Etats-Unis et leurs alliés d’un côté, la Russie, la Chine de l’autre, les « non-alignés » sont particulièrement courtisés. L’Inde, le Sénégal et l’Indonésie qui ont refusé d’imposer des sanctions à la Russie ont ainsi été invités en Allemagne. Depuis les votes à l’Assemblée générale des Nations Unies sur les sanctions à l’encontre de Moscou, les Etats africains qui se sont abstenus sont aussi l’objet d’une entreprise de séduction. La guerre en Ukraine a ainsi accéléré et renforcé le mouvement de tectonique des plaques déjà en cours depuis quelques années sur le Continent. Grandes et moyennes puissances poussent leurs pions et tentent de dépecer les restes de ce qui fût nommé le « pré-carré français ». L’arrivée du Togo et du Gabon dans le Commonwealth est un épisode supplémentaire de ces luttes d’influences, qui se jouent aussi entre alliés.  

Togo et Gabon embrassent la couronne d’Elisabeth II

Ainsi donc le Togo et le Gabon, deux désormais anciens bastions de la zone d’influence française ont adhéré au Commonwealth. Mais qu’est-ce qui a poussé ces deux Etats à faire allégeance à la couronne britannique, la reine Elisabeth II étant toujours la chef de cette organisation ? Qui ou quoi les a encouragés à rejoindre une alliance « néocoloniale », issue de l’empire britannique, à l’heure où le panafricanisme fait rage ? Il s’écrit ici ou là que les raisons en seraient économiques. Il n’en est rien. Ce sont surtout et avant tout des décisions politiques qui entérinent le divorce avec Paris, même si les deux pays restent membres de la francophonie. D’ailleurs les deux présidents ne s’en cachent pas. Ali Bongo a déclaré au début de l’année 2022, que son adhésion représentait un « tournant géopolitique majeur par la nécessité d’appartenir à un autre espace multiculturel dans un monde globalisé ». Faure Gnassingbé a parlé, lui, d’un renouveau « historico-politique », rien de moins. Ces deux pays rejoignent donc le monde anglo-saxon, ils rallient une alliance censée défendre, comme le prétendent ses textes, une langue, l’anglais, les « valeurs » occidentales : la démocratie, les droits de l’Homme, l’état de droit.

Que ces deux pays n’aient pas connu un seul scrutin, libre, crédible, transparent, depuis les indépendances ; que les deux familles Bongo et Eyadema règnent respectivement depuis 54 et 55 ans n’a pas ému l’assemblée ni bloqué leurs entrées dans la grande famille des démocrates. (Il n’est pas certain qu’à l’avenir, le Commonwealth garantira les fauteuils de ces chefs d’Etat avec la même constance que l’a fait Paris pendant des décennies.)

Que ce sommet se tienne à Kigali au moment où Londres est accusé de sous-traiter ses migrants au Rwanda, n’a pas posé de problème de droits de l’Homme.

Que ce sommet se tienne à Kigali, au moment où le Rwanda est accusé par le groupe d’experts des Nations Unies, d’attaquer et d’endeuiller une nouvelle fois la République Démocratique du Congo par l’intermédiaire du groupe armé M 23, n’a pas non plus fait ciller les participants.

Le prince Charles présent aux festivités s’est néanmoins sacrifié à la traditionnelle minute de repentance en de telles occasions. « Je ne peux décrire la profondeur de ma tristesse personnelle face à la souffrance de tant de personnes, alors que je continue à approfondir ma compréhension des effets durables de l’esclavage. » S’apitoyer sur les horreurs d’antan en restant aveugle sur celles du moment est un exercice d’un cynisme assez rare.

Mais qu’importe puisque l’enjeu est ailleurs. Le déclassement français conjugué à la politique africaine illisible de Paris suscite des appétits, il s’agit dès lors de s’implanter dans son ancienne zone d’influence. A la manœuvre du lobbying intense mené depuis quelques années déjà, le Tony Blair Institute for Global Change de plus en plus présent en Afrique francophone. Pour rappel, l’ancien président malien, Bah Ndaw, avait lui aussi fait appel à ses services pour modifier la constitution de son pays. Mais l’affaire a tourné court après « le coup dans le coup » de mai 2021. Autre artisan de ce ralliement à l’anglosphère, Paul Kagamé, un proche d’Ali Bongo et de Faure Gnassingbé.

Un président rwandais assez peu reconnaissant puisque depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, ce dernier n’a cessé de se rapprocher de cet ancien ennemi de la France et de lui faire des cadeaux. Il lui a offert sur un plateau la francophonie, en faisant élire à la tête de cette institution l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, en octobre 2018. (Depuis cette date d’ailleurs, l’OIF est atone, jamais elle n’a été aussi absente de tous les grands sujets.) Autre signe de l’idylle entre Paris et Kigali, un projet de coopération militaire, qui devrait être étudié dès le mois de juillet. Après deux décennies de tensions extrêmes entre les deux Etats, signer un partenariat sécuritaire avec ce pays au moment où il attaque la RDC dénote un sens du timing tout à fait singulier de la part de la diplomatie française.  

Autre sommet, autre ambiance…

A l’heure où se tenait le sommet du Commonwealth, qui regroupe désormais 26 Etats et quelques deux milliards de personnes avait lieu celui des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le président indien, Narendra Modi dont le pays appartient aux deux entités, avait fait le choix d’être présent à Pékin et de se faire représenter à Kigali, montrant ainsi ses priorités. Cette alliance qui s’était assoupie depuis l’arrivée de Jaïr Bolsonaro au Brésil, a été brusquement redynamisée par la guerre en Ukraine à l’initiative de la Chine et de la Russie. Chaque camp rassemblant ses forces, même si officiellement ce format ne se présente pas comme un bloc anti-occidental.  Les rangs de l’Afrique au sein des BRICS devraient s’étoffer puisque Pretoria devrait être rejointe par le Kenya et le Nigéria et peut-être d’autres dans un avenir pas si lointain. L’homme politique ivoirien, Ahoua Don Mello, a été désigné par l’organisation pour la représenter en Afrique de l’Ouest et centrale. Le Mali et la Centrafrique, nouveaux alliés de la Russie, seront-ils bientôt admis comme observateurs au sein de l’organisation ? Hormis l’arrivée en fanfare de nouveaux membres, ceux précitées plus l’Argentine et l’Indonésie, ce sommet n’a pas donné lieu à de grandes annonces, mais à la réaffirmation des principes : la mise en place d’un monde multipolaire basé sur le droit international et la charte de l’ONU, les partenariats gagnant-gagnant, le respect de la souveraineté de chaque Etat. Avec les nouveaux entrants, les BRICS rassembleront la moitié de la population et du PIB mondial. Leur banque, New Development Bank, conçue comme une alternative au FMI et à la Banque Mondiale devrait donner quelques sueurs froides au dollar.

La carotte

Ceci n’a bien entendu pas échappé aux dirigeants occidentaux réunis dans les montagnes bavaroises, souriant allégrement en cette période de guerre en Europe et affichant leurs tenues décontractées. Pour rappel, lors de ces sommets, Jacques Chirac a toujours gardé la cravate refusant obstinément de se prêter à cette mise en scène infantile. Pour concurrencer le programme chinois de la route de la soie (BRI) et pour tenter de ramener dans leur camp quelques récalcitrants non-alignés, le G7 a décrété la relance de l’initiative Build Back Better World, qui doit lever 600 milliards de dollars pour des investissements à destination des pays à revenus faible ou intermédiaire. Comme toujours avec ces effets d’annonce, rien n’est détaillé. Personne ne sait donc où, quand, comment, ces fonds seront dispensés. Il en faudra sûrement plus pour convaincre.

Le bâton

En revanche, pour freiner la poussée de la Russie en Afrique (après le Mali et la Centrafrique, la RDC vient de relancer sa coopération militaire avec Moscou) point de monnaie sonnante et trébuchante. Les Etats-Unis ont fait le choix de la coercition. La chambre des représentants a déposé un projet de loi, le Countering Malign Russian Act. Ce projet qui ne manquera pas d’être voté par le Sénat demande au Secrétaire d’Etat américain d’élaborer une stratégie pour "contrer l’influence et les activités malveillantes du Kremlin" sur le Continent, avec à la clé, l’habituelle boîte à outils des sanctions.

Enfin, il faut attendre la fin du sommet de l’OTAN à Madrid pour savoir à quoi l’Afrique doit s’attendre dans ce basculement des plaques tectoniques. Se dirige-t-on vers une OTAN plus active et plus présente sur le Continent ? Ou carrément une OTAN africaine ? A suivre…

*Source : IVERIS

Leslie Varenne, journaliste d’investigation, est directrice de l’IVERIS (Institut de Veille et d’Etude des Relations Internationales et Stratégiques).

 

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29/06/2022
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