la judaïsation de la galilée, d’al-quds et du naqab
La judaïsation de la Galilée, d'al-Quds et du Naqab : un nettoyage ethnique en cours
Il y a quelques mois, en novembre 2006, s'est tenue une conférence à Londres
pour expliquer la signification du nettoyage ethnique en Palestine, terme
utilisé de plus en plus fréquemment pour décrire la politique coloniale de
l'Etat sioniste dans les territoires occupés en 1967, et notamment en
Cisjordanie et la partie orientale de la ville d'al-Quds.
A cette conférence, nous avons souligné que ce terme de « nettoyage ethnique »
s'appliquait aussi mais surtout aux parties de la Palestine occupée en 1948, et
notamment dans les villes dites mixtes, en Galilée et dans le Naqab car, depuis
l'expulsion massive des Palestiniens et la destruction de leurs villages en 48,
les autorités sionistes israéliennes poursuivent sans relâche une politique de
nettoyage ethnique consistant à s'accaparer des terres palestiniennes, démolir
les maisons et les lieux saints palestiniens, interdire aux Palestiniens
d'habiter dans plusieurs zones considérées juives, destruction des quartiers
arabes des villes dites mixtes, refus d'accorder aux Palestiniens des
autorisations de construction et de rénovation, sans parler de la loi sur la
citoyenneté qui refuse le droit aux familles palestiniennes (composées de
couples originaires des deux côtés de la « ligne verte ») de vivre réunies dans
la partie occupée en 48.
Il s'agit, en résumé, d'appliquer à la lettre le plan de « judaïsation de la
Galilée, du Naqab et d'al-Quds », plan qui vise à rendre la population
palestinienne minoritaire dans les quelques régions de la Palestine historique
où elle se trouve en nombre, après l'avoir rendue minoritaire dans le pays, dès
1948. Ce plan de judaïsation se poursuit, appliquant les directives des
conférences successives d'Herzelia, conférences de l'Organisation sioniste
mondiale, qui ont confié à Shimon Pérès le soin de mener ce nettoyage ethnique,
afin que l'Etat d'Israël soit un Etat juif pour les Juifs.
Le nettoyage ethnique dans les régions encore palestiniennes, occupées en 48, et
dans la ville al-Quds annexée est aussi, sinon plus grave que les menées
coloniales israéliennes en Cisjordanie. Car pour mener son nettoyage ethnique en
Palestine 48, les autorités sionistes s'appuient sur une certaine légalité
internationale, qui a approuvé la fondation de l'Etat d'Israël, Etat juif pour
les Juifs. De plus, si une petite frange de la société israélienne refuse les
agissements de son Etat et des colons qu'il protège et dirige, et dénonce la
colonisation de la Cisjordanie, les voix israéliennes et juives se font rares
pour dénoncer le nettoyage ethnique dans les frontières de 48, ajoutant ainsi
une légitimité non déclarée à la fondation d'un Etat juif pour les Juifs, soit
d'un Etat ethniquement nettoyé des Palestiniens, population légitime du pays.
On ne peut logiquement séparer ce qui s'est passé après 48 de ce qui se passe
depuis 1967, car l'idéologie est la même, une idéologie coloniale, négationniste
et raciste qui permet au colon russe Lieberman de devenir ministre, qui autorise
les colons de la ville d'al-Khalil venus des Etats-Unis, de France ou d'Ukraine,
à s'emparer de quartiers, de routes et de champs palestiniens ou les colons
juifs de France à vivre dans la colonie Gilo, au nord de Bethlehem, qui autorise
les colons juifs d'Ethiopie, du Maroc ou du Yémen à s'installer dans Najd
devenue Sderot, au nord de Gaza, ou les colons juifs russes et ukrainiens à
s'installer dans les maisons palestiniennes de Beer Saba', dans le Naqab, sans
oublier les colons qui se sont emparés de la terre palestinienne avant même la
création de l'Etat d'Israël. L'histoire du sionisme se poursuit sur la terre
palestinienne, avec un grignotage incessant. Pouvons-nous ne pas comparer la
colonisation actuelle dans la vallée du Jourdain occupée en 67 avec ce qui s'est
passé en 48 dans les régions de Safad, de Tabaraya ou de Bîsân ? Au nom de quoi
la colonisation et le nettoyage ethnique seraient-ils légitimes dans les
frontières de 48 et illégitimes dans les territoires occupés en 67 ?
Arabs48
Les projets de confiscation des terres en Galilée suscitent la colère des
Palestiniens de Bqay'a, Yanûh-Jitt et Kisra
11 février
Les villages arabes de Bqay'a et ses environs sont mobilisés contre le plan
découvert récemment et mis au point par le ministre sioniste de l'intérieur,
visant à confisquer des milliers de dunums de leurs terres pour les annexer au
conseil régional de Maale Yousif.
Selon le plan, les meilleures terres de Ksra, soit 2500 dunums, auxquels
s'ajoutent 300 dunums de Yanûh-Jitt, sont être détachées pour être annexées à la
zone d'influence du conseil régional sioniste.
Quant à Bqay'a, le plan vise 12 blocs de terrains comprenant des milliers de
dunums. Les surfaces de terres confisquées représentent 20% de la réserve en
terre pour les autorités locales palestiniennes de Kisra, Kfar Sami', Yanûh et
Jitt, ce qui signifie étouffer la capacité de ces municipalités à exécuter des
projets vitaux au profit de leurs habitants.
Le comité populaire de défense de la terre à Yanûh a appelé à une réunion urgent
le 7 février dernier. Le même jour, une réunion s'est tenue à Bqay'a dans la
maison du membre du comité central du groupe « Traité des Maaroufiyin libres »
(druzes), Sharif Mhanna, rassemblant des villageois de toute la région (Bqay'a,
Kisra, Kfar Sami') pour faire face, quelles que soient les conséquences, à ce
plan de colonisation.
Un document diffusé dans la colonie de Karma'il appele à ne pas vendre des
appartements aux Arabes.
Même dans les colonies juives, situées en pleine Galilée, les colons craignent,
semble-il, de devenir une minorité. Des appels ont été lancés, dans ce sens,
demandant à la population de Karma'il de ne pas vendre leurs appartements à des
Arabes, après qu'une famille de Nahaf (dont les terres sont prises par Karma'il)
ait acheté un appartement dans le quartier ouest.
« Voulez-vous voir une nouvelle réalité où le quartier ouest se transforme en
quartier arabe ? Qu'en sera-t-il de la valeur marchande de ce quartier lorsque
plusieurs familles s'y installeront ? » pour conclure : « nous sommes un
quartier juif et nous voulons le rester ».
Il faut rappeler que Karma'il a été fondée sur les terres appartenant aux
villages palestiniens de la région Shaghour, selon un plan des années 70, le
plan de « judaïsation de la Galilée », visant à accentuer la présence juive dans
la région de la Galilée.
Les villes et villages arabes de la Galilée souffrent de manque aigu de
terrains, à cause des confiscations des terres, ce qui pousse les familles à
acheter des appartements dans les agglomérations juives, comme Karma'il.
Destruction de quatre maisons abritant 32 personnes dans Khirbat al-Batel, dans
le Naqab
7 février 2007
Le ministère de l'intérieur, appuyé par d'importantes forces de la police, ont
procédé le mercredi matin à la destruction de 4 maisons abritant 32 personnes
dans le village non reconnu du Naqab, Khirbet Batel, au sud de Rahat.
La police avait auparavant arrêté Abdel Karim Atayqa, membre du comité central
du Rassemblement National démocratique et son fils Saher, ainsi que Nabhan
Buhayri, afin de les empêcher d'agir et d'arrêter les démolitions. Ils ont été
libérés après le crime.
Atayqa a précisé : il y a un plan de construction d'une route sur le village
dans lequel nous habitons, au sud de Rahat.
Le comité des 40 et cinq autres associations civiles plantent les oliviers dans
le Naqab
Le samedi 10 février, les associations plantent des oliviers dans le village non
reconnu Wadi Naam avant de se diriger vers le collage Tawil Abu Jarwal, qui a
subi récemment des destructions de maisons.
Le Comité des 40 (association pour la reconnaissance des villages non-reconnus)
a organisé cette manifestation de solidarité en mettant des cars à la
disposition de la population de Galilée et d'al-Quds.
« La plantation d'oliviers dans le village Wadi Naam vise à participer à
maintenir la population dans son village, à préserver sa terre et de lui assurer
une source future de revenus » a déclaré le président, Muhammad Abu Da'uf.
Le village de Wadi Naam est à 10 kms au sud de la ville de Beer Saba'. 5000
habitants y vivent. Avant 1948, la population vivait à l'ouest de la route 40,
mais en 1953, les autorités sionistes les ont déplacés vers l'est de la route et
a confisqué leurs terres, proclamant qu'il s'agit d'une zone militaire close.
Mais depuis, ces terres confisquées furent des zones industrielles et agricoles,
mais pour les colons juifs.
A côté du village actuel, les autorités sionistes ont construit une usine
chimique et une centrale électrique, ainsi que des industries militaires. Ces
usines polluent la région et causent des maladies au sein de la population de
Wadi Naam, surtout le cancer, les maladies de peau ainsi que l'insuffisance
respiratoire.
En 1988, les autorités sionistes ont commencé à traduire les habitants de Wadi
Naam devant les tribunaux pour leur « occupation des terres de l'Etat » et dans
les années 90, l'ordre fut pris de chasser la population et de « rendre la terre
à l'état où elle se trouvait avant leur présence ! » tout comme il fut ordonné
aux habitants de verser chacun 5000 shekels en amendes.
La population a fait appel contre cette décision, mais l'appel a été refusé.
Elle s'est alors dirigée vers le Tribunal suprême qui a donné trois ans de répit
afin de régler la situation.
Les représentants de la population de Wadi Naam affirment être prêts à se
déplacer vers un village agricole éloigné des poisons déversés par les usines
chimiques et militaires, mais l'Etat refuse la proposition, insistant sur sa
volonté de les chasser de la région, sans offrir d'autre alternative. L'Etat a
alors détruit des dizaines de maisons ces dernières années, et a présenté des
centaines d'ordres de démolitions.
Le village Tawil Abu Jarwal
Ce village non reconnu se situe dans la région Awjan dans le Naqab, et est
habité par 300 personnes. Ces derniers mois, plusieurs maisons ont été détruites
par les autorités sionistes et des ordres de démolition ont été récemment collés
sur des dizaines de maisons.
Depuis 1956, les familles habitant ce village sont la cible de poursuites et
d'expulsion. Elles ont déjà été expulsées de leurs terres sous prétexte de
raisons sécuritaires mais avec la promesse d'y revenir après, mais les autorités
refusent actuellement d'appliquer leurs promesses et n'autorisent pas la
population à revenir.
La population a alors décidé de revenir à ses terres. Depuis, elle est soumise à
la démolition de ses maisons.
Des ordres de démolition collés aux maisons du village Nasasra, près de Ksifa
dans le Naqab
100 ordres de démolition ont été collés sur les maisons du village, le 30
janvier dernier, par l'administration des terres d'Israël.
« Il y a trois ans, j'ai demandé aux autorités de nous reconnaître en tant que
quartier de Ksifa, le responsable à l'époque m'avait répondu qu'il n'y avait
aucun problème à cela, si nous abandonnons 200 dunums situés près de l'aéroport
Nabatim, mais c'est une terre de la famille, ce qui montre que les autorités
font pression pour que nous leur donnions leur terre. Les démolitions de maisons
sont une forme de pression », dit l'avocat Yousef Nasasra, du village.
Le président du comité des 40, Muhammad Abu Da'uf a déclaré : « la demande
d'abandonner leurs terres faite aux habitants de Nasasra n'est pas raisonnable,
elle fait partie de la politique de pillage des terres arabes ».
« Ils parlent de plan de développement du Naqab, mais le développement vise la
population juive seulement, au détriment des terres des Arabes ».
Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
11 février 2007
CIREPAL
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