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larbi ben m'hidi

Aussaresses confirme que le chef du FLN à Alger, Larbi Ben M'Hidi, a été pendu
 
 
Cinquante ans après, les circonstances exactes de la mort de Larbi Ben M'Hidi, chef politico-militaire du FLN pour la région d'Alger en 1957, restent controversées. La thèse officielle présentée à l'époque par l'armée française - le suicide - n'a jamais été démentie par la France. En Algérie, beaucoup préfèrent croire que Larbi Ben M'Hidi a été fusillé, au terme de quinze jours d'interrogatoires et de tortures.
 
Le général Paul Aussaresses revient aujourd'hui, dans un entretien au Monde, sur cette mise à mort déjà évoquée dans son livre (Services spéciaux, Algérie 1955-1957), et révèle les derniers instants du chef FLN.
 
Arrêté par les parachutistes à la mi-février 1957, Larbi Ben M'Hidi a été exécuté, mais n'a pas été torturé. Cet homme originaire du Constantinois, alors âgé de 34 ans, a même été traité avec égards par le général Bigeard (colonel à l'époque), qui ne désespérait pas de le rallier à la France. Peine perdue. Le 3 mars, Bigeard se résout à abandonner son prisonnier au "commandant O", alias Paul Aussaresses.
Officiellement chargé de coordonner le travail des officiers de renseignements, de la police et de la justice pendant la bataille d'Alger, le "commandant O" effectue sans états d'âme la sale besogne que le pouvoir politique, en métropole, laisse faire, voire ordonne, aux chefs militaires français à Alger.
 
Dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, Larbi Ben M'Hidi est donc emmené, en jeep, à vive allure, vers la Mitidja, plaine agricole proche d'Alger. Il sait ce qui l'attend. Un peu plus tôt, un groupe de parachutistes lui a rendu les honneurs, sur ordre du colonel Bigeard.
 
Le chef FLN est conduit dans la ferme désaffectée d'un colon extrémiste. On le fait attendre à l'écart. Pendant ce temps, Aussaresses et ses hommes, six au total, préparent l'exécution. Ils glissent une corde autour du tuyau de chauffage accroché au plafond, font un noeud coulant et installent un tabouret en dessous.
 
"L'un d'eux a joué le rôle du supplicié pour vérifier que tout était au point. Il est monté sur un tabouret, a passé sa tête dans le noeud et nous a regardés, se souvient le général Aussaresses. Ce n'est pas bien ce que je vais vous dire, mais ça a provoqué un fou rire général."
 
Il est un peu plus de minuit quand on introduit le chef FLN dans la pièce. Un parachutiste s'approche pour lui mettre un bandeau sur les yeux. Larbi Ben M'Hidi refuse. "C'est un ordre !", réplique le préposé à la tâche. Larbi Ben M'Hidi rétorque alors : "Je suis moi-même colonel de l'ALN (Armée de libération nationale), je sais ce que sont les ordres !" Ce seront ses dernières paroles. Le "commandant O" refuse d'accéder à sa requête. Larbi Ben M'Hidi, les yeux bandés, ne dira plus rien jusqu'à la fin.
 
Pour le pendre, les bourreaux vont s'y prendre à deux fois. La première fois, la corde se casse. Dans cette précision révélée par Aussaresses, Drifa Ben M'Hidi, la soeur du supplicié, dit aujourd'hui trouver du réconfort. C'est à ses yeux "le signe d'une intervention divine".
 
Un ancien combattant algérien, Mohamed Cherif Moulay, confirme la thèse de l'exécution de Larbi Ben M'Hidi par pendaison et non par balles. Le lundi après-midi 4 mars 1957, celui qui est alors un adolescent se rend à la morgue de Saint-Eugène pour récupérer le corps de son père, tué la nuit précédente par les parachutistes dans la casbah d'Alger. "Un cadavre se trouvait sur une table métallique. Il portait un pantalon gris, une chemise blanche et une veste. Sur l'un de ses gros orteils, il y avait une étiquette accrochée avec un nom : "Ben M'Hidi". J'ai tout de suite reconnu son visage. Le matin même, j'avais vu sa photo dans le journal, annonçant sa mort", raconte Mohamed Cherif Moulay. L'ancien combattant se souvient que le corps du chef FLN "ne saignait pas, ne portait aucun impact de balles, ni traces de sang". En revanche, Larbi Ben M'Hidi avait à la hauteur du cou "une sorte de bleu rougeâtre, comme un oedème".
 
Aujourd'hui, Larbi Ben M'Hidi, le "Jean Moulin algérien" comme le surnomment souvent les Algériens, repose dans le "carré des martyrs", au cimetière El-Alia d'Alger.

Florence Beaugé - Le Monde du 06 mars 2007


06/03/2007
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