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walid attalah — le sionisme (II)

Le Sionisme 
2ère Partie
 
 
Nous avons vu dans la première partie de cet article comment l'antisémitisme était la cause de la création du mouvement sioniste et comment ce dernier a collaboré avec les grandes puissances coloniales de l'époque, mouvement qui donnera finalement naissance à l'Etat d'Israël en 1948.
Il faut regarder de plus près les circonstances de cette création et les Etats qui ont fourni une aide au mouvement sioniste.
 
Photo Shaml : Vie quotidienne sous des tentes pour les 6.000 résidants palestiniens du camp de réfugiés de Nahr Al-Barid à Tarablus, au Liban, en 1952. Aujourd'hui, la population du camp est de 37.542 personnes.
Photo Shaml : Vie quotidienne sous des tentes pour les 6.000 résidants palestiniens du camp de réfugiés de Nahr Al-Barid à Tarablus, au Liban, en 1952. Aujourd'hui, la population du camp est de 37.542 personnes.
 
 

LA FRANCE COLONIALE ET LE SIONISME : LA GAUCHE FRANCAISE (SOCIALISTES & COMMUNISTES) ET LE SIONISME

Parmi eux, figure l'Union Soviétique qui, dès les années vingt, met à disposition une logistique militaire, allant jusqu'à entraîner les pilotes d'avions sionistes... A l'époque, l'URSS était en concurrence avec les Britanniques qui occupaient toute la région du Moyen-Orient.

Les Russes voulaient un débouché sur la mer et une base avancée dans la région. Le mouvement sioniste qui prônait des idées "socialisantes" et dont les chefs historiques étaient originaires d'Europe de l'Est ne rechignaient pas à demander de l'aide au "Grand frère".

Après la seconde guerre mondiale, au moment du démembrement de l'Empire britannique et de la montée en puissance des Etats-Unis, il fallait se positionner très vite sur l'échiquier mondial afin de s'assurer entre autres les réserves énergétiques.
C'est pourquoi l'URSS a soutenu à l'ONU et militairement la création de l'Etat d'Israël.

Dès le partage, des armes arrivèrent en masse en Palestine via la Tchécoslovaquie, sur ordre de Moscou. Comme fût d'ailleurs demandé à tous les partis communistes frères de soutenir la création de l'Etat sioniste.

En France, le sionisme n'a jamais été la panacée chez les citoyens de confession juive, surtout que le modèle assimilationniste de la République s'opposait au rêve sioniste.
Mais en 1947, avec l'affaire du bateau "l'Exodus" qui venait dans le contexte d'après génocide, les choses allaient prendre une autre tournure. A l'époque, les journaux reflétant les grands courants d'opinions en France nous donnent la mesure de la sympathie envers les sionistes.

Mis à part les journaux de droite, nous nous intéresserons aux journaux de gauche : "L'Humanité" communiste et le "Populaire" pour la SFIO socialiste. Ce choix d'aider Israël s'explique par le choix stratégique de l'URSS au profit de cet Etat et le fait que beaucoup de juifs militent au parti.

A la SFIO, le soutien est total. A l'époque, Léon Blum et son entourage sont très impliqués.
"Léon Blum juif et sioniste" est le titre du livre publié en 1952 par Maître Blumel, un proche du dirigeant. Ce soutien se traduira par la suite à travers l'aide à l'élaboration de la bombe atomique en faveur d'Israël ainsi que la construction du réacteur nucléaire à Daymona (dans le désert du Néguev).

Le 15 mai 1948, le lendemain de la création de l'Etat d'Israël, l'Humanité rapportait (source : La documentation Française : "La création de l'Etat d'Israël") : "Le parti communiste, dans une décision de son comité central, dit aujourd'hui : " Le mandat (britannique) taché de sang est liquidé par la lutte héroïque du peuple juif pour son indépendance et par l'aide de l'Union soviétique et de toutes les forces démocratiques du monde. Mais cette lutte pour l'indépendance n'est pas encore terminée. Les armées anglaises restent sur le sol d'Israël et la légion arabe attaque. Il nous faut mobiliser toutes les forces du peuple juif pour la lutte en faveur de sa liberté".

Quant au Populaire, l'organe de la SFIO, il écrivait le 15 mai 1948 : "
Le monde a trop à se faire pardonner à leur égard pour disputer aux juifs le droit de se grouper et de vivre selon leurs traditions et la possibilité de ne plus se sentir une minorité chez les autres. Ce droit et cette possibilité, la Société des Nations les leur avait reconnus. Ils l'ont, depuis, mérité par l'extraordinaire effort qui les a conduits à une victoire à la fois sur eux-mêmes et sur une nature hostile. La collectivité juive de Palestine était un fait. Elle entre, depuis cette nuit, dans la réalité juridique.
De l'Europe où ils sont encore maintenus dans des camps, des milliers de juifs vont maintenant se diriger vers leurs camarades qui les accueilleront à bras ouverts.
Ce nouvel Etat, nous lui souhaitons bonne chance. Car nous savons qu'il est essentiellement démocratique et que le socialisme y a implanté des racines solides. Ce n'est d'ailleurs que dans la mesure où il persévérera dans la voie du socialisme qu'il pourra se consolider. La plupart des postes-clés du gouvernement provisoire sont tenus par des ouvriers, des socialistes membres de notre internationale.
Le monde doit accueillir l'Etat d'Israël par le souhait même qui est le "bonjour" des juifs palestiniens
: " Que la paix soit avec toi" (Carriche) ".

Le 15 mai 1948, la Palestine est déjà conquise par les sionistes et les Palestiniens, qui ont laissé 14.813 morts sur le terrain, sont déjà des réfugiés. Ni le Populaire, ni l'Humanité ne l'ont rappelé...



ANTISÉMITISME, POGROMS, GÉNOCIDE ET SIONISME

Dans le Monde Diplomatique daté de mars 2001, Tom Segev témoigne d'une réunion publique tenue dans la salle même où Eichmann avait été jugé quarante ans plus tôt avec, comme invités, Bernard-Henri Levy et Alain Finkelkraut.

Ces derniers s'efforçaient d'évaluer "le profit ou les pertes qu'Israël pouvait attendre de l'entretien de la mémoire du génocide".

Le problème qui se posait après que le génocide eut décimé les juifs européens est que cela a diminué le "caractère européen" de l'Etat d'Israël. Ce dernier avait dû faire appel aux Arabes de confession juive (Maroc, Tunisie, Yemen, Irak...). Ces derniers étaient assez mécontents du sort qu'on leur réservait en "Terre Promise".

Ben Gourion disait d'eux : "Ils vivaient en Asie ou en Afrique et n'avaient pas la moindre idée de ce que Hitler avait fait. Il fallait donc leur expliquer tout cela en partant de zéro".

Ben Gourion organisa l'enlèvement et le jugement d'Adolf Eichmann afin de faire le procès de l'Holocauste.
Ben Gourion disait : " Ici, la chose essentielle n'est pas la punition, mais bien le fait que le procès ait lieu et qu'il ait lieu à Jérusalem ". Ce procès allait contribuer à ce qu'Israël élabore sa mémoire collective de l'Holocauste.

Tom Segev nous dit : "Le génocide devait confirmer la validité morale de l'idée sioniste et servir les desseins de l'Etat d'Israël ... Le procès visait sans doute aussi à contrebalancer l'accusation selon laquelle le mouvement sioniste dirigé par Ben Gourion n'aurait pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver les juifs d'Europe". Le procès devait servir de thérapie collective et faire sortir du silence les rescapés.

Les sondages d'opinion confirmant que la plupart des Israéliens d'aujourd'hui se considèrent comme des survivants du génocide, même s'ils appartiennent à des familles originaires du monde arabe, confirme la manière dont le génocide s'est mué en élément central de la vie en Israël. Cette perception de victime est aussi inculquée dans les communautés juives dans le monde.

Il ne s'agit pas ici de nier l'existence du génocide, mais nous voulons montrer comment les dirigeants israéliens l'ont manipulé, tel que Menahem Begin quand il écrit au président Ronald Reagan pour qu'il envoie son armée à Beyrouth afin de capturer Adolf Hitler - c'est à dire Yasser Arafat - dans son bunker, il manipule le génocide.

De même, les opposants à Oslo ont massivement utilisé le génocide; peu avant son assassinat, le Premier ministre Itzhak Rabin était représenté sur une affiche en uniforme SS... .

Le fait de rendre central le génocide en Israël et dans les communautés juives à l'étranger et d'identifier Israël au génocide devait masquer et constituer un barrage moral imparable pour tout ceux qui voulaient soulever la question du sionisme et de l'Apartheid d'un Etat théocratique, raciste et colonial. Beaucoup cèdent au chantage pratiqué par certains intellectuels.

Jusqu'à quand devrons-nous accepter ce chantage ? Devrons donner six millions de martyrs pour obtenir nos droits ?

Par ailleurs, la création d'Israël a-t-elle réglée la question de l'antisémitisme ? Certainement pas, la renaissance d'organisations d'extrême droite en Europe le prouve ! Et nous voyons au contraire qu'il l'utilise toujours pour légitimer sa présence.



LE SIONISME ET LA GUERRE CONTRE LES CAMPS DE RÉFUGIÉS

S'il y a bien un point sur lequel Israël n'a pas changé, c'est la question du droit au retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres.
Pourtant une résolution de l'assemblée générale de l'ONU (n° 194 du 11 décembre 1948) leur garantit ce droit. L'acceptation de cette résolution par Israël était la condition d'entrée de ce dernier à l'ONU en 1949. Pourtant, Israël refuse toujours aux 6 millions de réfugiés (les deux tiers du peuple palestinien) le droit de retour.

Israël a promulgué une loi en 1954 contre les "infiltrés", qui prévoyait leur expulsion. Non seulement Israël ne permet pas le retour des réfugiés, mais il leur a fait la guerre depuis plus de cinquante ans afin de les disperser encore plus loin.

Les camps de réfugiés hier comme aujourd'hui sont le lieu du champ de bataille entre Israël et le peuple palestinien. Certains camps ont été bombardés jusqu'à être complètement rasés plusieurs fois, comme celui de Aïn Al Helwé au Liban.

Le massacre de Sabra et Chatila n'était pas un incident de parcours pour les sionistes, il devait comme le massacre de Deir Yassine, le 9 novembre 1948, être un exemple pour frapper au cœur des Palestiniens afin qu'ils ne reviennent jamais.

Aujourd'hui, il existe 71 camps officiels (sans parler des taudis informels) gérés par les Nations-Unies.

Depuis 52 ans, Israël ne veut pas entendre parler de retour des réfugiés, il fait tout pour faciliter la venue de nouveaux émigrants. On nous dit à nous, Palestiniens, qu'il n'y a pas de place pour nous accueillir.

Alors expliquez-nous comment depuis 1989, Israël a accueilli plus d'un million de nouveaux émigrants venu des ex-pays de l'Est ! D'autres nous disent qu'entreprendre le retour après cinquante ans n'est pas sérieux et qu'il y a des gens qui habitent dans nos maisons.

Mais alors, le retour après 3000 ans d'exil pour "les juifs" serait-il plus sérieux que le notre ?

Les véritables raisons sont que :

1- Cette question pose le problème des biens et des terres confisquées par l'Etat d'Israël lors de sa création.

2- L'autre question est bien entendu celle de la légitimité de l'Etat d'Israël. Ce dernier n'a jamais reconnu sa responsabilité dans le problème des réfugiés. Il l'impute à l'entrée en guerre des pays arabes contre lui, alors que dans les faits au moment du déclenchement de cette guerre en mai 1948, les Palestiniens étaient déjà réfugiés, comme nous l'avons vu plus haut.


De plus, le retour des réfugiés pose pour Israël la remise en question de la nature de l'Etat juif qui recommande toujours la séparation d'avec les non-juifs, alors que le peuple palestinien (et sa résistance) recommande dans son projet de société la cohabitation entre tous ces citoyens, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans.

C'est ce projet démocratique qui fait peur à Israël. Pour cela et afin de justifier la conquête de la Palestine et d'en expulser ses habitants, Israël a toujours centré sa propagande sur son fameux slogan "Une terre sans peuple, pour un peuple sans terre". A croire que nous venons de la planète Mars.

Mais au delà du retour physique qui est possible, parce que selon des études menées, 75% des terres où se trouvaient les 531 villages rasés sont actuellement vides, le droit au retour est un droit imprescriptible et se sont les questions de notre citoyenneté et de notre identité palestinienne qui sont en jeu.

Nous sommes Palestiniens et notre histoire s'est forgée sur la terre de Palestine occupée progressivement par Israël en 1948 et en 1967.

Comment renoncer à cette terre et à l'identité qu'elle a engendrée ? Mais encore une fois, pour nous, c'est plus un retour vers la dignité et la liberté, comme pour tout peuple sur cette terre !



LE SIONISME ET LES ÉTATS ARABES : LA RÉSISTANCE PALESTINIENNE

Israël, le cinquante troisième Etat américain... Tellement les relations sont stratégiques entre ces deux Etats certains l'appellent ainsi. Dans les faits, Israël, ou le foyer national juif que les Britanniques ont fondé, divise la nation arabe et constitue une base avancée dans la région pour la protection des intérêts des grandes puissances de ce monde (dont la France). Aujourd'hui, la situation n'a pas changé.

Nous rappelons qu'Israël a contracté des accords de coopération stratégiques avec les Etats-Unis ou avec d'autres pays comme la France.

Lors de l'une de ses visites au Pentagon, Ariel Sharon a mesuré l'Intérêt des Etats-Unis pour Israël. Les responsables lui ont précisé qu'Israël équivalait à VINGT porte-avions stationnant dans la région. Israël est le flic du Moyen-Orient pour faire respecter le diktat américain (avec ou sans guerre froide).

Si l'un des pays arabes lève la tête, c'est automatiquement la guerre ! Le cas de l'Irak est exemplaire.

Donc, les Etats arabes participent de ce principe de la stratégie des grandes puissances avec à leur tête les Etats-Unis. C'est pourquoi le peuple palestinien ne peut compter sur eux.

La résistance palestinienne moderne est née dans ce contexte agressif. Du reste, le contexte existant depuis le début du siècle n'a pas changé. Les pays arabes n'ont jamais mobilisé leurs armées pour libérer la Palestine.

Le mouvement de résistance palestinien a, depuis la naissance du mouvement sioniste, dû lutter d'une part contre la colonisation sioniste et, d'autre part, se défendre des agressions de certains Etats arabes, les événements de "Septembre-noir" en Jordanie ou du Liban le prouvent.

Mais l'une des constantes fût aussi que face au mouvement sioniste, il ne pouvait y avoir de demi-mesure et aucune légitimité ne peut être donnée à un projet colonial.

La charte nationale palestinienne de 1968 précisait dans le paragraphe n°22 :
"
Le sionisme est un mouvement politique, organiquement lié à l'impérialisme mondial et opposé à tous les mouvements de libération et de progrès dans le monde. Le sionisme est, par nature, fanatique et raciste. Ses objectifs sont agressifs, expansionnistes et coloniaux.
Ses méthodes sont celles des fascistes... Israël est l'instrument du mouvement sioniste.
C'est une base géographique et humaine de l'impérialisme mondial qui, de ce tremplin, peut porter des coups à la nation arabe pour combattre ses aspirations à la libération, à l'unité et au progrès. Israël est une menace permanente pour la paix au Proche-Orient et dans le monde entier..
."

Dans cette même charte, L'OLP réclame la destruction des structures racistes de l'Etat d'Israël. Ce choix de la résistance palestinienne fût en fait imposé par la nature du mouvement sioniste-colonialiste qui n'a fait qu'expulser un peuple de sa terre pour y installer des colons.

C'est ce paragraphe ainsi que d'autres dont l'abrogation sera réclamée par Israël et les USA et que Yasser Arafat déclarera " caduc " en 1989 mais qui ne sera jamais abrogé, comme certains le déclarent.



LE SILENCE OU L'ABSENCE D'UNE VRAIE GAUCHE ISRAELIENNE

Uri Avnery, un intellectuel israélien nous dit : " Une grande partie des soi-disant Israéliens de gauche sont en fait des gens de droite modérés qui suivent la mode de la paix... Depuis sept ans, les classes moyennes qui constituent cette mouvance ont développé un scénario de paix, duquel était exclue la voix palestinienne...".

Une phrase qui en dit long sur l'image que se font les Israéliens en général et les "Pacifistes" en particulier de leurs relations avec le peuple palestinien que certains ne reconnaissent même pas.

Leur sécurité qui les pousse jusqu'à porter au pouvoir Ariel Sharon, un criminel contre l'humanité, est plus important que tout. Israël est prisonnier de sa mémoire et de son idéologie.




L'APOGÉE DU MOUVEMENT SIONISTE

Dès la constitution du mouvement sioniste (1897), la terre a toujours représenté le centre de son idéologie. Il s'est organisé et a utilisé tous les moyens pour parvenir au fil des générations, de l'Empire Ottoman à nos jours, à l'obtention de la terre des mains des Palestiniens.

L'appropriation de la terre par tous les moyens était la condition préalable à la colonisation en Palestine, puisque c'était l'objectif du sionisme et l'instrument permettant la création de l'Etat et la détermination de ses "frontières".

Selon R. Weits, l'un des directeurs du département de l'Agence juive, les organisateurs de la colonisation sioniste au cours des 60 dernières années ont fait en sorte que les futures frontières de l'Etat Hébreu soient déterminées par des points de colonies de peuplement qui aillent en s'élargissant progressivement de manière à occuper une superficie maximum.

Ainsi donc, la motivation première de la colonisation n'était pas la fertilité de la terre, mais la possibilité d'assurer à l'Etat une surface maximale.

Car la traduction effective du projet sioniste en Palestine est l'appropriation de la terre et le refus absolu de céder la moindre parcelle de terrain, car cela constituerait une menace pour le projet tout entier.

C'est donc l'enjeu de la terre dans le projet sioniste qui explique le refus d'Israël de démanteler ses colonies. C'est pourquoi, qu'ils soient du parti Travailliste ou du Likoud, tous ont construit des colonies en Palestine.

De 1967 à 1977, les travaillistes ont érigé 86 colonies.

De 1977 à 1984, le Likoud et Sharon à leur tête ont instauré 115 colonies en Cisjordanie, Gaza et autour de Jérusalem.

Durant la première Intifada, de 1987 à 1993, le rythme de la colonisation s'est accru.

Après Oslo, elle est devenue le maître mot des différents gouvernements israéliens.


Que ce soient Rabin, Pérès, Natanyahu, Barak ou Sharon, tous ont confisqué des terres aux Palestiniens et construit des colonies, utilisant pour cela tout un arsenal de lois datant des Turcs, des Anglais, des Jordaniens et leur propre arsenal, ainsi que la force.

Tout un réseau de routes relie les colonies entre elles. Depuis 1993, les constructions ont augmenté de 52,5 %. Il y a actuellement plus de 250.000 colons dans les territoires et environ 200.000 à Jérusalem-Est. Soit un total de 450.000 colons.

A Hébron, 400 colons occupent la vielle ville habitée par environ 100.000 palestiniens.

La bande de Gaza possède le triste record de la densité de population la plus forte au monde. Il y avait plus d'un million d'habitants pour 8.000 colons qui occupaient 40% du territoire sur une superficie de 360 km2.

Les Israéliens dans leur grande majorité rendent les Palestiniens responsables des "violences" et pensent qu'ils auraient dû accepter ce que leur donnait Barak qui a été extrêmement "généreux" avec nous. Nous devons rappeler ici qu'actuellement, nous ne négocions que sur environ 20% de notre territoire originel.

Ce positionnement israélien est tout à fait logique car résultant d'une éducation sioniste qui leur apprend qu'Israël s'étend du Nil à l'Euphrate et qu'en plus, c'est Dieu lui même qui a donné cette terre au peuple "élu", le "peuple du livre".

Comment voulez-vous que les Israéliens réagissent autrement ? Et ils n'ont pas vu que la poursuite de la colonisation et les humiliations quotidiennes provoqueraient une réaction du côté palestinien.

L'Intifada (le soulèvement palestinien) n'est que l'image de la société "barbare" israélienne, comme la qualifie la seule journaliste israélienne dans les territoires occupés (Amira Hass, du journal Haaretz).

Il y a là un jeu de miroir que certains ne veulent pas voir. Eh bien le dialogue continue, mais cette fois-ci, c'est le "dialogue de sang". Certes nous sommes perdant de ce côté, mais c'est le prix à payer, comme l'ont payé d'autres peuples pour leur liberté. Pour en finir sur cette "gauche", il n'existe que des groupuscules antisionistes qui considèrent qu'une paix juste au Proche-Orient ne peut voir le jour qu'avec la fin de l'Etat sioniste. Certains objecteurs de conscience en font partie.

Aujourd'hui, le mouvement sioniste qui contrôle et colonise la totalité de la Palestine est à son apogée. A l'origine du soutien à Sharon, il ne s'agit plus ici de la volonté de sécurité pour les rescapés du génocide, mais bien de l'arrogance du colonisateur qui agit en terrain conquis.



EN FRANCE : LE SILENCE ET LA COMPLICITÉ DE LA GAUCHE ET DES POLITIQUES EN GÉNÉRAL OU DE L'ACTUALITÉ DU FAIT COLONIAL

On a beaucoup parlé, dans les médias français, du silence de la gauche israélienne, mais on a laissé de côté le silence d'une grande partie de la gauche française, qui déjà, selon ses militants (nous avons eu beaucoup de témoignages) n'est pas du tout à la hauteur de l'événement, ainsi que le silence complice de la droite. Pour nous, ce silence n'est pas étonnant du fait des conditions historiques coloniales de la naissance du mouvement sioniste et celles de l'Etat d'Israël.

Nous avons décrit cette histoire et nous constatons d'abord qu'il n'y a jamais eu d'autocritique quant au soutien qu'apportent le parti communiste, le parti socialiste et les partis de droite à l'Etat d'Israël, le seul "Etat démocratique" dans la région comme l'a dit Lionel Jospin en février 2000, ou par rapport à certaines guerres coloniales comme la guerre d'Algérie.

N'oublions pas que c'est Mitterrand qui a envoyé la troupe en Algérie avec les pouvoirs spéciaux et que le parti communiste français entre autres...fut de ceux qui vota en leurs faveurs. La sociale démocratie française envoya la troupe en 1956 contre l'Egypte et en 1991 contre le peuple Irakien. Nous voyons encore à quel point nous Arabes "barbares" avons à apprendre des Européens "civilisés".

Nous disons à la gauche française et à ces messieurs de la droite qu'un Etat fondé sur l'expulsion d'un peuple, pratiquant l'Apartheid envers ses propres citoyens (les Palestiniens d'Israël et les juifs originaires des pays arabes et les juifs noirs) ainsi que l'occupation, la colonisation et la répression de tout un peuple, ne peut pas être démocratique et juste.

Mais il ne faut pas s'étonner de ce soutien et de cette complicité car le fait colonial de l'Etat d'Israël se nourrit des valeurs du colonialisme européen d'hier.

Cette collaboration scientifique, économique, culturelle et militaire avec ce même Etat révèle en fait que l'Occident n'a jamais renoncé à ces ambitions de domination.

Nous voyons encore le fossé de cette gauche et de cette droite qui masquent leur complicité avec Israël. Tout juste certains parlent d'un semblant de territoires occupés en 1967. Mitterrand parlait de territoires "disputés".

Cette position, nous la retrouvons non seulement chez ces partis mais aussi chez SOS Racisme, la LICRA et d'autres... Allons, Messieurs, encore un petit effort, il y a des gens qui meurent et d'autres qui croupissent dans des camps de réfugiés depuis plus de cinquante ans.

Pourquoi la LICRA porte-elle plainte contre ceux qui ont proféré des slogans antijuifs lors de la manifestation du 7 octobre et ne poursuit-elle pas la horde de sionistes qui à la fin de la manifestation en faveur d'Israël le 10 octobre 2000 a brisé des vitrines et "cassé du bougnoul" sur les Champs Elysées?

Pourquoi, toujours la Licra ne fait-elle pas une campagne d'affichage sur l'Apartheid de l'Etat d'Israël et nous parle-t-elle seulement de l'Apartheid en France?

Apparemment le racisme est divisible. D'autres font un amalgame douteux entre les musulmans de ce pays et les violences contre les juifs et voient des islamistes partout. Et certains de mettre de l'huile sur le feu.

Nous n'ignorons pas qu'il y a eu des actes inacceptables contre des synagogues, des magasins juifs ou même contre des particuliers juifs, que nous condamnons vigoureusement.

Nous ne partageons pas cette opinion qui tend à blanchir et à distinguer le mouvement de solidarité "français" et l'autre issu de l'immigration musulmane ou autre.

Nous rappelons que lors de la manifestation du 7 octobre 2000 de solidarité avec la Palestine, les "organisations françaises" se sont séparées et désolidarisées, lors du parcours, d'avec les associations issues de "l'immigration", dont nous faisions partie (association des Palestiniens en France) et que cette partie du cortège s'était séparée du groupe minoritaire qui a provoqué le dérapage.

En faisant ces amalgames douteux, certains (voir Libération daté du 30 octobre) jettent l'anathème sur le mouvement de solidarité issu de l'immigration et veulent le criminaliser.

L'Intelligentzia se place de la sorte comme la seule capable de défendre le peuple palestinien. Cette élite a une fâcheuse tendance à oublier la véritable nature raciste de l'Etat d'Israël et, par ces attaques basses, elle masque sa compromission et son inaction.

Ce qui gêne, c'est qu'une nouvelle mobilisation menée par des "bronzés" soit apparue en faveur du peuple palestinien en France.

Il est vrai que le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe entretient le sentiment, chez les Palestiniens et les Arabes en général, de vivre sous le joug de l'Occident. La guerre du Golfe en 1991 l'a prouvé et a renforcé ce sentiment. La plupart des personnes issues de l'immigration maghrébine sont loin d'être antijuives.

Elles expriment parfois maladroitement leur perception du conflit entre un Etat colonial raciste, parce qu'en tant que victimes de ce racisme en France, ou l'ayant connu lors de l'occupation et la colonisation de leur pays, elles sont concernées.

Refusons les logiques de ces institutions - LICRA, CRIF, BETAR, TAGAR, KKL, KAHANA FRANCE (et autres organisations paramilitaires présentes en France...) - qui légitiment une solidarité avec un Etat raciste dont la population a porté, on ne le répétera jamais assez, un bourreau aux plus hautes fonctions de l'Etat. Ces mêmes institutions entretiennent l'amalgame entre juif et israélien, mettant ainsi en porte à faux et en danger des juifs en France qui ne soutiennent pas du tout l'Etat d'Israël et les mettent ainsi à la portée d'inconscients. Ils sèment aussi le doute dans la population française quant à l'éventualité d'affrontements intercommunautaires (comme le prouvent certains sondages).

Les positions du CRIF, du Consistoire Israélite et d'autres, grêvent les chances d'une cohabitation pacifique entre certaines communautés à mesure que le conflit s'amplifie. Certains seraient tentés de jeter de l'huile sur le feu.

Les gouvernants de ce pays devraient agir vite et fermement en interdisant ces groupes. Mais au lieu de cela, Mr Jospin, Chirac, Sarkozy en ont accueillis certains à Matignon et à l'Elysée. Malheureusement, le sionisme est toujours présenté comme une idéologie progressiste et une grande majorité politique de ce pays le soutient.

Ce qui gêne, encore une fois, c'est le positionnement antisioniste de cette immigration maghrébine, comme l'exprime ces jeunes (paroles reprises dans le magazine Marianne du 16 au 22 octobre 2000) : "Nous, on se sent Palestiniens" - Houria, Karim et Salima ont entre 25 et 30 ans.

Etudiants, musulmans, ils viennent des banlieues, vivent à Paris, jugent les enfants des cités.

Et s'expliquent : "
Dans les cités, tous les discours peuvent prendre, même les plus extrémistes. Les gamins s'estiment laissés pour compte comme tous les Arabes dans le monde, comme ceux de Palestine, explique Karim.
La télé revient toujours dans leurs discours : ils trouvent qu'ils y sont stigmatisés, sous-représentés, que tous les médias sont contre eux...
Mais attention : ce n'est pas parce qu'on est contre l'Etat d'Israël qu'on est antisémite. Juif et sioniste ne sont pas synonymes, que je sache. Mais par crainte de l'amalgame, on n'ose plus rien dire.
C'est ce non-dit permanent qui fait que, lorsque les choses ressortent, ça peut être violent... ".


Houria acquiesce : "Les gamins des cités ne sont pas en contact avec les juifs, ils ne les voient qu'à la télé, où ils n'entendent qu'un seul discours : Juif = Israël. Du coup, ils pensent que les juifs sont des tueurs d'Arabes. Or, les institutions juives renforcent cette confusion juif-sioniste. Si je dis qu'Israël est un Etat colonial - ce que je pense -, je suis considérée comme antisémite. Mais ce n'est pourtant pas de religion que je parle : c'est de politique"

"Il ne faut pas oublier, reprend Karim, que la quasi-totalité des meurtres racistes qui ont eu lieu en France dans les cinquante dernières années ont eu pour victimes des Arabes"

"Nous, explique Salima, on se sent Palestiniens, oui. Mais ce n'est pas contre les juifs. Ce n'est pas de la solidarité : simplement, nous écoutons les mêmes musiques et nous parlons la même langue ".

Ce positionnement entraîne obligatoirement une opposition radicale contre les politiques français qui soutiennent Israël. Face à cela, le pouvoir en France (droite et gauche) qui participe de la domination économique et militaire directe ou indirecte de la région du Moyen-Orient, criminalise le mouvement de solidarité avec la Palestine. Ce fut aussi le cas du temps de la guerre du Golfe.

Face à cela, les événements en France ont prouvé que l'immigration maghrébine ou une autre immigration n'animera aucunement une guerre ethnico-religieuse, n'en déplaise à certains.

Certains aussi au sein du mouvement "de solidarité en France" soutiennent aussi les thèses de l'antisémitisme issu des cités populaires ou des jeunes issues de l'immigration (surtout maghrébine).



Vous êtes concernés !

Pourquoi le peuple palestinien doit-il encore subir les conséquences du génocide dont l'Europe est responsable? Nous subissons aussi les conséquences du partage de notre pays, auquel la France avait apporté son accord. Nous n'avons aucune responsabilité dans le génocide et nous n'avons aucun complexe par rapport à celui-ci.

Le conflit Israélo-palestinien n'est pas un conflit lointain, International, comme certains le qualifie pour ne pas s'en occuper. Il est au contraire une partie indissociable de l'histoire européenne. C'est d'Europe que doit venir le pardon.

C'est d'Europe que doit venir le désengagement moral et politique envers Israël. C'est l'Europe et le Christianisme qui doivent, comme l'a fait le pape Jean Paul II, remettre en cause leur vision d'un monde "civilisé" qui doit par la force intervenir contre le monde "barbare". Vous avez cette première responsabilité.



SITUATION DU PEUPLE PALESTINIEN

Les Palestiniens dans le monde : Situation et nombre des réfugiés en 2006

Sur 10 100 000 palestiniens recensés par l'autorité palestinienne en 2006 dans le monde, environ 6,5 millions sont réfugiés. L'UNWRA recense 4.349.946 réfugiés palestiniens. source
http://www.arabs48.com - 27 mars 2006

L'UNRWA, agence de l'ONU consacrée pour les réfugiés palestiniens, a publié hier des nouvelles données statistiques sur le nombre des réfugiés palestiniens, inscrits auprès de l'agence, qui vivent en Jordanie, Syrie, Liban, Cisjordanie et la bande de Gaza. Un million 278.678 réfugiés vivent dans les camps.

Les statistiques indiquent que le nombre de réfugiés palestiniens au Liban est de 404.000 réfugiés, vivant dans 12 camps, le nombre d'écoles de l'UNRWA au Liban est de 67 écoles, le nombre d'élèves dans ces écoles 39.290 élèves.

Selon les sources de l'UNRWA, il y a un million 827.000 réfugiés en Jordanie, dont 288.110 réfugiés répartis dans une dizaine de camps.

En Syrie, selon l'agence, le nombre de réfugiés palestiniens est de 432.000, dont 116.000 réfugiés répartis sur une dizaine de camps. Il existe dans ces camps 118 écoles de l'UNRWA, fréquentées par 64.149 élèves.

Les statistiques indiquent que le nombre de réfugiés inscrits auprès de l'agence en Cisjordanie est de 699.814 réfugiés, dont 184.382 dans les camps. Pour les réfugiés de la bande de Gaza, ils sont 986.000 dont 479.000 répartis dans les camps.

Ce ne sont que les chiffres des réfugiés inscrits à l'UNRWA. Les réfugiés de l'Intérieur (Palestiniens chassés de leurs terres et de leurs maisons, mais réfugiés dans leur propre pays, dès 1948) ne comptent pas dans les statistiques de l'UNRWA car l'Etat d'Israël refuse la présence de cet organisme sur "son" territoire, alors qu'ils sont environ 350.000 réfugiés internes, qui revendiquent leur retour à leurs terres et à leurs biens.

De plus, 900.000 palestiniens sont les réfugiés de la guerre de 1967. Il y a aussi les réfugiés de 1948 qui ne se sont pas fait inscrire sur les listes de l'UNRWA en 1948/1949 environ 1000000 personnes.

Aujourd'hui les Palestiniens se trouvent partout dans le monde et sont majoritairement (au 2/3) des réfugiés sans papiers indiquant leur identité palestinienne.

Les Palestiniens au Liban arrivés en 1947/48 (environ 400 000 aujourd'hui) ne possèdent aucuns droits politiques et civiques. Ils n'ont pas le droit d'exercer 72 métiers et ont subit depuis 1948 une répression très importante de la part d'Israël, du Liban et de milices fascistes.
Ils possèdent un document de voyage au titre de réfugiés octroyé par les autorités libanaises.
Les réfugiés palestiniens au Liban issus de la guerre de 1967, ne sont pas reconnus réfugiés de l'UNWRA comme les autres et n'ont aucun papier d'identité.

Les Palestiniens en Syrie (environ 430 000) ne possèdent aucun droit politique et aucun droit civique, les droits au travail ne sont pas limités sauf pour les postes dans l'administration, l'armée et les services de renseignements.
Ils possèdent un document de voyage au titre de réfugiés octroyé par les autorités syriennes.

Les Palestiniens en Egypte (environ 300 000) ne possèdent aucun droit politique, aucun droit civique, les droits au travail ne sont pas limités sauf pour les postes dans l'administration, l'armée et les services de renseignements.
Ils possèdent un document de voyage au titre de réfugiés octroyé par les autorités égyptiennes.

Les Palestiniens en Jordanie (environ 3 000 000) n'ont aucun droit à une expression politique palestinienne mais peuvent voter et être élus dans le cadre de partis jordaniens. Leurs représentants au parlement jordanien sont proportionnellement moins importants que ceux des Jordaniens.
Les droits au travail ne sont pas limités sauf pour les postes dans l'administration, l'armée et les services de renseignements. Ils possèdent pour certains un passeport temporaire et d'autres un passeport avec carte d'identité qui peut être retiré à tout moment. Plusieurs dizaines de milliers de palestiniens sont dans ce cas.

Les Palestiniens en Irak : Ils subissent actuellement une répression féroce, expulsion de leur habitation, assassinats, enlèvements,…

Concernant l'UNRWA, cette dernière est en faillite comme par hasard depuis les accords d'Oslo en 1993 (accord qui n'indiquent aucune solution pour les réfugiés) quand les donateurs comme la France ont considérablement réduit leur quotepart, ce qui signifie un désengagement politique concernant le droit au retour.

L'arrêt des activités de l'UNRWA, ne violerait pas seulement son mandat (basé sur la résolution 194 des Nations-Unies), mais déresponsabiliserait la communauté internationale sur la question des réfugiés Palestiniens crée par le plan de partage de l'ONU sur la Palestine.



LE SIONISME ET LE RENOUVEAU DU MOUVEMENT NATIONAL PALESTINIEN

La naissance de la résistance palestinienne ont été la réponse à la Nakba (l'expulsion du peuple palestinien). Cette résistance est virulemment combattue par Israël. Elle est aussi gênante et parfois combattue par certains régimes arabes, mais elle continue.

Les Palestiniens vivent dans l'espoir du retour sur leur terre, d'un Etat indépendant, et dans l'attachement à l'identité palestinienne. Ils ont des aspirations à la liberté, à la démocratie, mais aussi et surtout la demande du plein exercice des droits civiques, de citoyenneté, à la vie comme les autres peuples.

Ils vivent aussi comme les autres populations arabes les dictatures des régimes en place. Il est à noter que la majorité de la population dans le monde arabe est très jeune : 60 % ont 20 ans. Le manque de démocratie, le chômage, des conditions sociales déplorables.

Les réfugiés palestiniens accumulent les frustrations. Des revendications nationales combinées à des revendications socio-économiques dans le contexte des dictatures arabes et la non prise en considération des aspirations nationales donneront naissance à un nouveau mouvement d'émancipation dans la région.

Plus de cinquante ans après la création de l'Etat d'Israël, des hommes, des femmes et leurs enfants (près de 6,5 millions), comptent leurs jours d'exil et leur abandon de la part de la communauté internationale et des Nations-Unies, responsables avec Israël de cette tragédie, qui ne leur ont offert que la négation de leurs droits et de leur humanité.

Depuis les accords d'Oslo qui ont sapé l'unité des Palestiniens de l'intérieur (Palestine historique) et ceux en exil, les réfugiés normalement représentés au sein du Conseil National Palestinien – le parlement en exil de l'OLP – ressentent le besoin de se grouper au sein de structures indépendantes pour faire entendre leur voix par la direction palestinienne et la communauté internationale.

Il est un fait que depuis ces accords, le rôle de l'OLP de représenter les Palestiniens à l'intérieur de la Palestine et ceux de l'extérieur a été gelé depuis 1988 et le rôle de l'Autorité est devenu prépondérant au détriment du CNP et de l'OLP, malgré que l'autorité ne représente pas tous les Palestiniens.

Ces derniers, en général, ressentent le besoin d'être reconnus et de participer à la prise de décision concernant le projet national de libération.



Le sionisme face à deux grandes problématiques

Il y a aujourd'hui plus de 10 millions de Palestiniens dans le monde, dont la moitié vit l'occupation sur le territoire de la Palestine historique et l'autre moitié vit l'exil aux frontières de la Palestine historique. Privés de leurs droits fondamentaux, les Palestiniens développent une résistance active et passive face à l'Etat d'Israël.

Le mouvement sioniste et l'Etat d'Israël qui le représente n'ont jamais varié dans leur volonté de supprimer toute résistance face à leur projet colonial. Pour frapper cette résistance, tous les moyens sont bons. L'affrontement directe ou provoquer une guerre interne aux organisations palestiniennes.

Mais s'il y a une constante dans le projet colonial, il y a aussi une constante dans la résistance. Cela veut dire aussi que le peuple palestinien n'a jamais depuis l'installation des premiers colons en Palestine au 19ème siècle reconnu la légitimité du projet d'installer un Etat colonial sur sa terre historique.

Les dernières élections législatives en Palestine l'ont prouvé. Le problème en l'occurrence n'est pas l'élection du Hamas, mais c'est surtout la volonté du peuple palestinien de ne pas entériner, reconnaître et légitimer l'Etat d'Israël. Ce seul fait est en soit la première raison politique de la continuité du conflit israélo-palestinien.



La reconnaissance et la légitimité du fait colonial

En Europe, on nous présente le fait qu'il y a 60 ans, au moment du partage de la Palestine par l'ONU, les Palestiniens n'ont pas accepté ce partage pour le bien être des juifs rescapés de la seconde guerre mondiale.

Mais Qui au monde peut accepter le partage de sa terre, fût-ce au nom d'une quelconque entreprise ?

Les Israéliens le savent, tout comme ils savent que lorsque les Palestiniens étaient chassés de leurs villes et villages en 1947/1948, des camions de migrants juifs entraient tout de suite dans les quartiers et les maisons des Palestiniens et trouvaient parfois la marmite sur le feu.

Les Israéliens savent très bien qu'ils ont spolié les Palestiniens de leurs terres et de leurs biens et qu'ils continuent cette tâche infâme et, surtout, ils savent que les Palestiniens savent. Et malgré tout cela, on demande aux Palestiniens de cautionner une telle entreprise.

C'est pour cela que la question des deux Etats, palestinien et israélien, côte à côte n'est pas viable, parce que l'Etat d'Israël poursuit son tout premier objectif fixé lors du premier Congrès Sioniste à Bâle : La colonisation de la Palestine et l'expulsion des Palestiniens.

Mais il y a en France des intellectuels qui ne veulent pas aborder cette question de fond du sionisme et continuent à expliciter le bien fondé d'une solution politique basé sur le leur de la création d'un Etat Palestinien.

Dans un texte d'orientation sur la situation en Palestine et du mouvement de solidarité en France en 2002, Alain Gresh (Rédacteur en chef du Monde diplomatique) nous explique qu'il ne faut pas amalgamer sionisme = racisme : "Sionisme et peuple juif"

"
La question du sionisme est débattue avec passion, souvent de manière simpliste. Elle est complexe et ne peut se réduire à des raccourcis du type sionisme = racisme. Le sionisme est un mouvement politique né à la fin du XIXème siècle, en Europe.

Il s'inscrit dans le "réveil des nationalités" qui s'affirme alors sur le continent. Il veut donner un Etat au peuple juif, en premier lieu aux juifs d'Europe de l'Est et de Russie, opprimés par des pouvoirs autoritaires. Comme tous les nationalismes, le sionisme regroupe des courants très divers, de l'extrême droite à l'extrême gauche, et fait preuve d'un certain mépris à l'égard de l'Autre…

En résumé, je ne pense pas que le mouvement antimondialisation libérale doive prendre position sur ce débat sionisme-antisionisme. C'est un débat idéologique mais aussi un facteur de division, qui nuit à l'objectif essentiel : rassembler une majorité de l'opinion en faveur de la création d'un Etat palestinien indépendant, au côté de l'Etat d'Israël
."

M. Gresh sait très bien que compte tenu de la situation actuelle d'occupation, la colonisation et le morcellement des territoires palestiniens ne permettront l'instauration d'un Etat palestinien indépendant.

Il sait aussi très bien que l'Etat d'Israël n'a jusqu'à aujourd'hui jamais remis en cause son projet sioniste de négation des droits nationaux et historiques du peuple palestinien, d'accaparer tout le territoire de la Palestine historique et d'expulser les habitants non juifs.

Et enfin M. Gresh connaît très bien les enjeux aux Moyen-Orient et l'intérêt que représente Israël pour les USA, la France et d'autres puissances dans le monde.

Il sait aussi qu'Israël et ces mêmes puissances ne permettront jamais la création d'un Etat palestinien sur une moindre parcelle de territoire parce que cela remettrait en cause toute la validité du projet sioniste.

M. Gresh, comme d'autres, sait très bien qu'Israël et le sionisme sont dans une impasse politique parce qu'ils sont dans la négation des droits du peuple palestinien et que la proposition d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël n'est là que pour perdre du temps face à la résistance palestinienne grandissante.

Connaissant tous ces points, il soutient quand même cette position en s'enveloppant de la décision de la direction palestinienne qui elle négocie cette solution par opportunité ou raison tactique en le considérant comme une étape dans la marche de la lutte de libération.

Pour ma part, je pense que beaucoup soutiennent cette solution de deux Etats en mettant en avant la fameuse sécurité de l'Etat d'Israël seulement dans l'intention de sauvegarder un Etat qui représente pour certains "le seul Etat démocratique au Moyen-Orient ou l'Etat des juifs dans le monde", mais sans reconnaître le fait colonial.



Le retrait israélien de la bande de Gaza et la continuité du projet sioniste

Nous avons vu les images du retrait des colons et de l'armée israélienne de la bande de Gaza en août 2005. Le fait le plus évident en comparant les déclarations des colons israéliens avant et après le retrait, c'est que "l'attachement" à la fameuse "Terre Promise" s'est évanoui avec l'acception passive du retrait accommodé de compensations financières pour leur installation ailleurs.

Alors que le peuple palestinien résiste les armes à la main pour son droit au retour sur sa terre malgré les guerres et la répression continue depuis près de 100 ans. Cela prouve qu'il n'y a réellement aucun attachement à cette terre de la part des Israéliens.

Les chiffres de la contre émigration annuelle - gardés secrets aujourd'hui – des israéliens qui quittent Israël chaque année le prouvent.

Avant la première Intifada en 1987, ils étaient 30000 à 40000 à quitter définitivement Israël.

Le fonds politique est là. Le peuple palestinien demande qu'on lui reconnaisse son droit à l'existence sur sa terre et son droit à la résistance face à l'occupation.

Il réclame son droit à l'autodétermination complet et il serait malhonnête comme le font certains d'oublier l'existence des Palestiniens en exil. Nous leur devons un soutien légitime pour le droit et la justice.



LA SIGNIFICATION DE NOTRE ENGAGEMENT EN FRANCE (QUE FAIRE ?)

Pour en finir avec cette conception "de l'œuvre civilisatrice contre la barbarie ou l'obscurantisme" des grandes puissances et de cette conception de la domination économique d'autres pays pour s'assurer les réserves énergétiques de ce monde, ou les marchés d'armes, il faut avoir une position politique claire et agir en conséquence.

Il est clair que la France et son gouvernement (grande puissance) pratique une politique interventionniste (militaire) et néocoloniale (par la domination économique, scientifique...) dans le seul but de préserver ses intérêts économiques et culturels.

Pour cela, la France n'hésite pas à employer l'intervention directe (la guerre du Golfe, l'Afrique...) et la répression des populations ou par le soutien (militaire ou économique) à des régimes qui pratiquent directement cette répression (Israël, Tunisie, Maroc, Birmanie, Afrique...).

Les populations de ces pays n'ont parfois d'autres choix que d'émigrer vers les "Eldorado" occidentaux avec toutes les difficultés liées à ce fait. Afin de pérenniser le fait colonial, LA France entretient le sentiment de supériorité au sein de la population française afin d'embrigader des personnes pour combattre "les barbares ou les Sarazins infidèles" ou casser du "bougnoul".

Aussi, les Etats Européens utilisent le sentiment de culpabilité en rapport au génocide, chose à laquelle encore une fois le peuple arabe palestinien ou les Arabes en général sont étrangers.

Attaquons-nous aux faiseurs de racisme de ce pays, qui a vu naître l'affaire Dreyfus, les lois antijuives, des camps comme Drancy, la rafle du Vel d'Hiv, des criminels contre l'humanité dont la majorité court toujours, les colonies d'Extrême-Orient, d'Orient, du Maghreb, d'Afrique et j'en passe...

Attaquons-nous aux négationnistes du génocide des juifs, à ceux qui ne veulent pas reconnaître le peuple palestinien, aux racistes nostalgiques du nazisme (extrêmes droite et autres vieilles taupes...). Attaquons-nous aux idéologies racistes reprises par certains écrivains.

Nous voulons avec vous, changer ces conceptions en imposant une alternative politique dans le cadre d'un processus démocratique.

Cela passe premièrement par notre solidarité en tant qu'HOMMES vers d'autres HOMMES qui luttent pour préserver leur dignité humaine. Si nous n'avons pas cette solidarité nous perdons une partie de nous même.

La deuxième des solidarités c'est la construction d'un large mouvement de solidarité avec le peuple palestinien qui ne peut être que contre la politique sioniste et colonialiste de l'Etat d'Israël.

Troisièmement, ce mouvement doit faire changer la position des dirigeants Français. Il faut que les autorités de ce pays rompent leurs soutiens politique, économique, scientifique et militaire avec un Etat qui pratique le nettoyage ethnique. Ce mouvement ne prendra forme que si vous le décidez.

Aujourd'hui, les verbiages inutiles ne sont plus de mise, il en va de l'avenir d'un peuple. Certains ont commencé à le faire.

Remettre en cause le sionisme et le combattre, c'est remettre en cause les conceptions de ceux, ici et là bas, qui nient l'autodétermination, l'existence, l'histoire et la lutte du peuple palestinien, pour le compte des puissants de ce monde.

Combattre et affaiblir politiquement le fait colonial contribuera à affaiblir le racisme et ses exactions en général.

C'est le plus beau des combats, pour la vie et la liberté !

Walid Attalah 
 

Walid Attalah est membre, entre autres, du MSRPP (Mouvement de Soutien à la Résistance du Peuple Palestinien)


 


02/05/2007
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