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3 questions à Henri Houben

3 questions à Henri Houben
 
Na primeira conferência da "World Political Economics Society", realizada en Shangai em 2-3 de Abril 2006, Henri Houben centrou a sua intervenção na análise marxista da fase actual da globalização do sistema capitalista, declarando a um certo momento : "O projecto europeu de relançamento da competitividade da Europa entra em conflito com a posição dos Estados Unidos que pretendem manter-se como a única potência hegemónica e impedir assim a emergência de qualquer outro rival. Deste ponto de vista, a União Europeia, sob direção liberal ou social-democrata, não representa uma alternativa à dominação imperialista dos Estados Unidos. Pois não se trata de substituir uma capitalismo selvagem, como o dos Estados Unidos, por um outro pretensamente mais civilizado como seria o da Europa. Trata-se sim de substituir uma classe dominante hegemónica por outra. Se nos voltamos para um passado recente, sabemos que a elite europeia demonstrou sobejamente ser capaz do pior : colonialismo, fascismo e nazismo, tudo isto coroado por duas guerras mundiais desencadeadas no mesmo século".
Colocamos 3 perguntas a Henri Houben para evocar de novo o papel da Europa na conjuntura actual. Mas evocamos igualmente o plano de relancçamento da economia norte-americana concebido pela administração Obama, o défice publico abissal dos Estados Unidos e o seu financiamento constante pelo Japão e a China.
Henri Houben economista, é membro do secretariado do grupo Attac Bruxelas 1 (www.bxl.attac.be) e investigador do Instituto de Estudos Marxistas de Bruxelas (www.marx.be).
 
 
1 - Quelles sont les possibilités de réussite du plan de relance Obama, un plan basé sur des forts investissements publics et le réaménagèment des dettes hypothécaires, mais qui évite soigneusement la nationalisation des banques, pourtant mesure-clé réclamée même par des dirigeants proches du pouvoir, tel que Roubini?

Le problème de cette question est de savoir ce qu'on entend par réussite. Selon moi, un tel plan peut avoir un effet positif pour éviter une situation encore plus catastrophique. En revanche, il sera trop court pour redresser réellement l'économie. C'est l'opinion de spécialistes tels que Krugman, Stiglitz ou Roubini.
Le montant de 787 milliards de dollars ne comprend qu'environ 400 milliards de dépenses dans les infrastructures, la formation, etc. (le solde concerne des réductions d'impôts qui vont améliorer la situation des Américains certes, mais ceux-ci vont surtout consacrer les gains à se désendetter). Or, le déficit de croissance est estimé à 2.000 milliards pour 2010.
Ceci est l'aspect principal pour la relance. La nationalisation des banques permettrait de stabiliser le secteur financier. C'est sans doute nécessaire aussi, mais ce n'est pas cela qui va relancer l'économie américaine.
 
2 - C'est toujours l'étranger, et en particulier la Chine et le Japon, qui financent le déficit public américain (environ 1 800 milliards). La chute du dollar et donc de l'hégémonie américaine sur l'économie mondiale dépend donc de l'attitude politique de ses principaux concurrents. Cette situation peut-elle perdurer alors que par ailleurs les taux d'intérêt baissent?
 
Mon analyse est que les Etats-Unis - et donc le reste du monde - ont quatre grandes possibilités pour sortir d'une situation que la crise a rendu intenable, à savoir le fait que leurs comptes extérieurs (et donc la stabilité du dollar) dépendent de l'apport annuel d'environ 800 milliards de dollars de capitaux de l'étranger pour compenser des importations nettes du même montant. Le problème se situe sur les capacités de financement des plans américains de relance ou de sauvetage financier: qui peut les payer et donc financer une dette publique qui s'accroît très rapidement? Il y a quatre possibilités, selon moi.
Primo, ce sont les ménages américains qui financent. Pour ce faire, ils doivent augmenter leur épargne nette (qui est quasiment nulle encore actuellement). Mais, dans ce cas, ils vont devoir réduire leur consommation privée. Ce qui va aggraver très nettement la crise économique, d'abord aux Etats-Unis, ensuite dans les pays qui y exportent. La probabilité d'une telle issue est très faible.
Secundo, si ce ne sont pas les ménages américains qui contribuent, cela doit être l'étranger (Etat et privé). C'est le cas actuellement avec l'apport notamment des banques centrales de Chine et du Japon, qui le font parce qu'un arrêt brutal de leur part occasionnerait des pertes importantes pour leur secteur d'exportation. Seulement, les conditions de financement sont celles d'un crédit quasiment à perte: les taux d'intérêt sont très bas (0,5% à un an, 3% à 7 ans, 3,5% à dix ans). Tout le monde s'accorde à penser que cela ne va pas durer, que l'étranger va exiger à un moment ou à un autre une rémunération plus élevée.
Dans ce cas - et c'est le tertio -, les Etats-Unis peuvent décider de relever les taux d'intérêt. S'ils le font, ils vont rendre le crédit plus cher et donc raréfier encore les investissements. Ce qui va provoquer une récession bien pire que celle qu'on connaît pour l'instant. Les faillites risquent de se multiplier. En outre, une fois que Washington relève ces taux, il va obliger les autres pays à faire de même, parce que, sinon, les capitaux du monde entier vont se précipiter outre-Atlantique. Ce qui va conduire l'économie mondiale dans la dépression. Un scénario catastrophe qui s'accompagnera aussi de lourds ajustements budgétaires, puisqu'il faudra aussi payer plus cher une dette publique, qui s'accroît partout avec les plans de relance et de sauvetage financier.
On se retrouve alors dans le scénario quatre: les Etats-Unis renoncent à relever les taux d'intérêt. Mais l'étranger refuse alors d'apporter les 800 milliards nécessaires pour équilibrer la balance des paiements. Il suffit d'ailleurs qu'une partie de ce montant n'arrive plus pour engendrer les difficultés. C'est dans ce cas que le dollar a toutes les chances de s'effondrer. Sa chute ébranlera tout le système monétaire international, toujours basé sur la devise américaine. On peut s'attendre alors à la création de blocs protectionnistes en Europe et en Asie notamment, pour empêcher que les marchandises américaines puissent pénétrer ces marchés grâce à un dollar qui ne vaudra plus rien. Et les conséquences seraient des tensions politiques et militaires beaucoup plus vives entre les différentes puissances, en particulier des Etats-Unis qui seraient exclus d'Asie et peut-être d'Europe.
Il y a une dernière possibilité que personnellement j'exclus: c'est la coopération entre pays pour résoudre les difficultés américaines. Il peut y avoir des accords limités, mais le caractère principal des relations internationales demeure la rivalité. En particulier, la Maison Blanche ne vas renoncer, même si la réalité économique l'y oblige, à la position hégémonique du dollar. Elle ne va pas accepter que le centre du monde se déplace vers la Chine. Ceci est source de conflits futurs et non d'apaisement.
Ce (long) développement me permet de préciser deux choses par rapport à la question. D'abord, la Chine et le Japon ne détiennent pas les clés de l'avenir économique du monde. Washington conserve un poids considérable et il ne va pas hésiter à s'en servir, comme il l'a déjà fait dans le passé. Ensuite, ni la Chine, ni le Japon n'ont la possibilité aujourd'hui de faire un choix politique. Ils sont trop dépendants des exportations. Pékin a décidé d'industrialiser l'intérieur du pays. Mais c'est venu trop tard (ou la crise trop tôt) pour qu'il puisse se dégager de la situation américaine. Il n'a pas intérêt à laisser chuter le dollar.
 
3 - Entre temps, l'appareil militaire continue à se renforcer tant aux Etats-Unis qu'en Europe, dans le cadre de l'Otan. Le message est clair : on veut obtenir par la force ce qu'on est plus en mesure d'obtenir par les moyens économiques et politiques. Peut-on dire que dans cette affaire, l'Europe de Merkel et Sarkozy a renoncé à toute autonomie et a lié définitivement son sort aux capacités de relance et survie de l'empire américain?

L'Europe n'arrive pas à s'entendre. Même sur le plan économique, qui a pourtant été cimenté par la succession de traités à caractère libéral, on voit que, quand survient une crise d'envergure, chaque Etat réagit dans son coin, pour sauver les intérêts de "ses" grandes entreprises, même si cela signifie un désastre pour le pays voisin. Dans ces conditions, il ne peut être question d'une Europe forte et donc la seule solution pour Merkel, Sarkozy, Brown et Barroso est de s'arrimer au grand frère américain.
Mais rien ne dit que ceci est définitif. Il y a d'autres forces en Europe et il est toujours très difficile de savoir ou de pronostiquer ce qui va l'emporter à terme.
Il me semble que l'alliance conservatrice-libérale en Europe favorise ces comportements "individualistes", "nationalistes" et donc l'alignement sur les positions américaines. En revanche, avec les sociaux-démocrates, certains courants conservateurs et les écologistes, on pourrait avoir une autre tendance plus "autonomiste", recherchant à nouveau l'hégémonie pour l'Europe. Donc ce n'est pas ce que je prône, que du contraire (je n'éprouve aucune sympathie pour ces deux courants). Mais c'est possible.
A l'heure actuelle, le patronat européen cherche surtout à améliorer sa position économique, par une politique d'exploitation plus intensive avec notamment la forte limitation de la sécurité sociale, la baisse des salaires et la flexibilité du travail. Et sur ces plans, les libéraux et conservateurs forment la meilleure coalition pour appliquer les politiques et stratégies qui aggravent la situation des salariés et allocataires sociaux.
Mais cela peut changer et, avec la crise, peut-être très rapidement. Si le dollar chute, malgré toute l'amitié de Merkel, Sarkozy et Cie pour les Etats-Unis, il leur faudra bien bloquer l'arrivée de produits qui ne vaudront presque plus rien à cause d'une devise dévaluée et cela va engendrer inévitablement des tensions très importantes.
Ce qui est déterminant n'est pas la sympathie de tel ou tel dirigeant. Ce sont les intérêts fondamentaux de la classe au pouvoir, à savoir dans l'Union, la grande bourgeoisie européenne.
 
(propos recueillis par Manuel Vaz)
article publié par Mudar de Vida n° 19 Octobre 2009
 


29/08/2009
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