albatroz - images, songes & poésies

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3 questions à Tom Thomas

 3 questions à Tom Thomas




 C'est notamment aux sommets de la société bourgeoise que l'assouvissement des convoitises les plus malsaines et les plus déréglées se déchaînait, et entrait à chaque instant en conflit avec les lois bourgeoises elles-mêmes, car c'est là où la jouissance devient crapuleuse, là où l'or, la boue et le sang s'entremêlent que tout naturellement la richesse provenant du jeu cherche sa satisfaction. L'aristrocratie financière dans son mode de gain comme dans ses jouissances, n'est pas autre chose que la résurrection du lumpenprolétariat dans les sommets de la société bourgeoise.Karl Marx, Les luttes de classes en France 1848-1850

 

1 - Comme tu l'as souligné, c'est dans la sphère de la production, dans l'écart entre la production et la consommation qu'il faut chercher la cause profonde de la crise systémique initié au début des années 70. Cependant, comment caractériser le rôle singulier qui va jouer le capital financier dans le dénouement d'une crise qui aboutit au chaos actuel du monde capitaliste?
 
Le capital financier, ce sont, pour être bref, des titres de crédit (représentant de l'argent avancé pour des investissements, productifs ou spéculatifs, peu importe ici). Le crédit agit sur la valorisation et la reproduction du capital comme une drogue sur le drogué : ça l'exalte, la stimule, la rend euphorique.... un moment. Ensuite vient une crise. Le malade s'injecte une nouvelle dose, et ainsi de suite jusqu'à l'overdose : le grand krach ! (La métaphore s'arrête là car le capital ne meurt jamais de lui-même).
Or, plus la masse de titres financiers est grande, plus la part des profits que chaque titre peut recevoir risque d'être plus faible, et le devient réellement avec la surproduction de marchandises invendables que la croissance du crédit finit nécessairement pour entraîner. Bref, le crédit est une drogue qui accroît pour un temps la croissance de la production et de la consommation. Il accélère la croissance du capitalisme, donc ausssi en même temps celle de ses contradictions qui le ruinent, dont en particulier celle-ci : suraccumulation de moyens de production en même temps qu'un moindre développement de la masse salariale de l'autre (sous-consommation).
Le capital financier (le crédit) n'est nullement la cause de cette contradiction qui est inhérente à l'accumulation du capital (c'est à dire à "la croissance"). Il n'est qu'un accélerateur.
 
2 - Que dire de Bernard Madoff, un des symboles médiatiques du krach financier et boursier américain — cauchemar devenu réalité pour le grand public lors du tsunami des "subprimes" en juillet 2007 ? Condamné à 15 fois la prison à vie par les tribunaux et sur les acclamations déchaînées du public, cet ex-héros de la finance ne comprend pas pourquoi il doit payer seul pour un système financier basé sur une vaste pyramide de Ponzi (1) à l'échelle mondiale.
 
Il n'y a rien à dire de spécial sur B. Madoff : la spéculation, la fraude, les activités maffieuses sont consubstancielles au capitalisme, à ses agents, à ses Etats. Son histoire en est remplie.
B. Madoff n'est qu'un parmi des millliers.
 
3 - Les conditions matérielles sont mûres depuis bien longtemps pour un changement radical de société. Cependant, les classes protagonistes, actrices du changement ne se présentent pas aux rendez-vous de l'histoire et le monde capitaliste s'enfonce chaque fois un peu plus dans la dégénérescence. Partages-tu l'avis de l'économiste Samir Amin (2) qui évoque désormais une autre alternative : la possibilité que "le capitalisme soit dépassé par la destruction de la civilisation et peut-être de la vie sur la planète" ?
 
La possibilité existe en effet que le capitalisme produise la destruction de l'humanité. Son niveau de barbarie et ses capacités de destruction ne cessent de croître avec lui. Mais ce n'est pas la seule possibilité. L'Apocalypse est un vieux mythe qui a souvent pour fonction de masquer l'avenir que les hommes peuvent produire. Ainsi, il serait tout à fait erroné de ne pas voir et mettre en avant que le capitalisme a eu le mérite de produire les conditions de son dépassement, les conditions d'une société d'individus libres, sans classes, sans domination étatique, maîtres de leur developpement.
Je ne peux pas developper ce point dans le cadre de ce bref interview comme je l'ai fait dans mes livres. Remarquons seulement qu'il n'y a aucune raison de penser que les prolétaires du monde entier aient dit leur dernier mot. Bien au contraire on peut constater que partout les résistances s'accroissent, que la grande bourgeoisie suscite une hostilité croissante des masses. Même dans les pays les plus développés, comme en France par exemple, il devient petit à petit de plus en plus clair à leurs yeux que le capital ne peut plus les employer que de moins en moins. Que moins il peut se nourrir d'eux, moins aussi il peut les nourrir des miettes qu'ils recevaient jusque là de "la croissance", alors même que les riches continuent à se gaver tant qu'ils peuvent, tout en commençant à murmurer : après nous le déluge ! Car, il faut le savoir : beaucoup d'entre eux ont peur, sachant que la situation leur échappe.
Alors certes, destruction il y aura, mais de quoi, de qui? Ce que la situation rend de plus en plus clair, c'est ce choix pour les prolétaires : soit être détruits par le capital, soit le détruire. Pourquoi imaginer qu'ils ne seraient pas assez raisonables pour choisir la deuxième solution?
En fait la formule du "rendez-vous de l'histoire" énoncée dans la question est maladroite. Il n'y aura pas un jour et une heure. Ce qui commence, c'est une longue période de troubles et de révolution sociale qui, avec des hauts et des bas, des défaites et des victoires, ne peut que s'étaler sur plusieurs décennies. Ce qui commence, c'est la necessité de surmonter les premiers grands obstacles à la constitution des prolétaires en classe indépendante, tels que : l'idée que l'Etat pourrait ne pas être capitaliste avec un gouvernement de gauche, que l'organisation d'un parti révolutionnaire communiste n'est pas une nécessité, que la lutte de classes n'a pas besoin de la théorie marxiste, etc...
Et puisqu'il s'agit du tout début d'un commencement d'une longue période, il est donc bien trop tôt pour envisager l'échec de cette révolution sociale et "la destruction de la planète" qui pourrait s'en suivre.
 
(propos reccueillis par Manuel Vaz)
26 août 2009

Article publié par le n°18 Mudar de Vida papier, septembre 2009

Notes :

   (1) — La Pyramide de Ponzi, est la première arnaque célèbre utilisant le système de la pyramide pour flouer les investisseurs. Elle a été mise en place par Charles Ponzi à Boston en 1921 ce qui fit de lui, personne anonyme, un millionnaire en six mois.. Le système est simple, Ponzi proposait à ses investisseurs des rendements mirobolants de 50% en 45 jours. Les profits étaient censés provenir d'une spéculation sur les International postal reply coupons (Coupons-réponse internationaux).Comme il est impossible de réellement produire ces rendements, Ponzi utilisait les fonds des nouveaux investisseurs pour servir le taux d'interêt promis aux anciens investisseurs. Le système fonctionne tant que la pyramide grandit et qu'il y a suffisamment de nouveaux investisseurs pour financer les anciens investisseurs. A défaut la Pyramide s'ecroule, le système explose, et tous les derniers investisseurs perdent la totalité de ce qu'ils ont investi.C'est ce système qui a été utilisé par Bernard Madoff, à l'origine du scandale du fonds Madoff, qui a fait perdre près de 50 milliards de dollars à ses investisseurs quand le système a éxplosé en décembre 2008. (Quelqu'uns des "pigeons" de Madoff : différentes banques suisses pour un montant total de 5 milliards ; la banque Santader, qui aurait commercialisé pour plus de 3 milliards de dollars de "Fonds Madoff" ; un autre établissement espagnol, M&B Capital Advisor, pour plusieurs centaines de millions de dollars ; la fondation caritative juive Robert I. Lappin qui a investi la totalité de ses 8 millions de dollars ; la ville de Fairfield, dans le Connecticut ; le fond d'investissements Fairfield Greenwich Group pour environ 7,5 milliards de dollars ; etc.)
La pyramide de Ponzi a été utilisé au Portugal par Dona Branca (1902-1992), la célèbre "banquière du peuple" qui proposait aux épargants un taux d'intérêt de 10% par mois! Le système a explosé au debut de 1983 quand la presse a dévoillé l'affaire contraignant le gouvernement socialiste à intervenir.

 (2) — "Le capitalisme historique est tout ce qu'on veut sauf durable. Il n'est qu'une parenthèse brève dans l'histoire. Sa remise en cause fondamentale - que nos penseurs contemporains, dans leur grande majorité, n'imaginent ni « possible » ni même « souhaitable » – est pourtant la condition incontournable de l'émancipation des travailleurs et des peuples dominés (ceux des périphéries, 80 % de l'humanité). Et les deux dimensions du défi sont indissociables. Il n'y aura pas de sortie du capitalisme par le moyen de la seule lutte des peuples du Nord, ou par la seule lutte des peuples dominés du Sud. Il n'y aura de sortie du capitalisme que lorsque, et dans la mesure où, ces deux dimensions du même défi s'articuleront l'une avec l'autre. Il n'est pas « certain » que cela arrive, auquel cas le capitalisme sera « dépassé » par la destruction de la civilisation (au-delà du malaise dans la civilisation pour employer les termes de Freud), et peut être de la vie sur la planète. Le scénario d'un « remake » possible du XXème siècle restera donc en deçà des exigences d'un engagement de l'humanité sur la longue route de la transition au socialisme mondial. Le désastre libéral impose un renouveau de la critique radicale du capitalisme. Le défi est celui auquel est confrontée la construction/reconstruction permanente de l'internationalisme des travailleurs et des peuples, face au cosmopolitisme du capital oligarchique." Samir Amin, "Marx n'a jamais été aussi utile"; source :
http://www.marianne2.fr/Marx-n-a-jamais-ete-aussi-utile_a181595.html

 

 

Três perguntas a Tom Thomas

"Estamos no começo de um longo período de perturbações e de revolução social"

Manuel Vaz, 26 Agosto 2009

Tom Thomas é um economista marxista prolixo que nos últimos vinte anos publicou livro atrás de livro sobre as mutações capitalistas nos diferentes sectores da sociedade contemporânea (o trabalho, a mundialização, o Estado, o programa de transição para o socialismo, o capital financeiro, as crises cíclicas, o fascismo, o indivíduo...). A sua análise teórica, rica e variada, constitui, como o próprio autor diz, "um comentário actualizado de Marx".

Há dez anos, Tom Thomas escreveu "A hegemonia do capital financeiro e a sua crítica" (ed. Albatroz, Paris, 1999; e ed. Dinossauro, Lisboa, 2000). O autor atacava a questão do dinheiro (moeda, capital, juros, lucro, etc) – esse imenso fetiche, essa "força misteriosa que parece ter vida própria e decidir do bom ou mau tempo no mundo capitalista". E repetia, recordando Marx, que não há, por um lado, o "mau" capital de rapina e, por outro, o "bom" capital criador de riqueza; capital financeiro e capital industrial são duas formas complementares do sistema de acumulação, "não há qualquer fronteira, senão artificial, entre crédito e especulação, entre capital financeiro e desenvolvimento industrial e comercial. Existe um único sistema de acumulação do capital que só pode desenvolver-se pela especialização dos diferentes ramos, financeiros, industriais, comerciais, etc".

Em 2007, esta forma autonomizada do valor, transformada pela especulação em "bolhas financeiras" – "elásticas, fluidas, sem rigidez nem materialidade" – vai fazer emergir a imensa crise que percorre subterraneamente desde os anos 70 o processo de produção capitalista: crise de sobreprodução, desajustamento entre produção e consumo. Na esfera financeira, o ponto de partida inicial, a crise declarou-se com a ruptura brusca do sistema de crédito imobiliário norte-americano, esse crédito generalizado e hiper-desenvolvido denominado subprimes. O krach financeiro que se segue induz, como tentativa capitalista de superação da crise, destruições massivas de capital e trabalho duma violência ímpar! Presentemente, os encerramentos de empresas, com o consequente cortejo de despedimentos, são, para a população trabalhadora, a ameaça mais banal, a agressão mais chocante.

Em Setembro próximo Tom Thomas publicará um novo ensaio dedicado precisamente à análise da crise actual, intitulado La crise. Laquelle? Et après? (A crise. Qual? E depois?). Encontrámo-nos com Tom Thomas para evocar de novo, em 3 perguntas, o papel do capital financeiro e as perspectivas de evolução da sociedade civil.

 

1 - Como tu sublinhaste, é na esfera da produção, no desfasamento entre a produção e o consumo, que tem de se procurar a causa profunda da crise sistémica iniciada nos anos 70. No entanto, como caracterizar o papel singular que o capital financeiro vai desempenhar no desfecho de uma crise que conduz o mundo capitalista ao caos actual?

O capital financeiro, para ser breve, é o conjunto dos títulos de crédito (que representam o dinheiro adiantado para investimentos, produtivos ou especulativos, pouco importa aqui). O crédito actua sobre a valorização e a reprodução do capital como uma droga sobre um drogado: exalta-o, estimula-o, torna-o eufórico… num dado momento. Depois vem a crise. O doente injecta-se com nova dose e assim por diante até à overdose: o grande krach! (A metáfora pára aqui porque o capital nunca morre por si mesmo).

Ora, quanto maior é a massa de títulos financeiros, mais a parcela de lucros que cada título pode receber tende a diminuir. E diminui, de facto, com a sobreprodução de mercadorias invendáveis que o crescimento do crédito necessariamente provoca. Em suma, o crédito é uma droga que aumenta por determinado tempo o crescimento da produção e do consumo.

Acelera o crescimento do capitalismo e, ao mesmo tempo, acelera o crescimento das suas contradições, que o arruínam. Entre as quais, em particular, esta: de um lado, sobreacumulação de meios de produção; e, simultaneamente, um menor crescimento da massa salarial, do outro lado (subconsumo).

O capital financeiro (o crédito) não é, de modo algum, a causa desta contradição inerente à acumulação do capital (isto é, ao "crescimento"). Ele é apenas um acelerador.

 

2 - Que dizer de Bernard Madoff, um dos símbolos mediáticos do krach financeiro e bolsista norte-americano – pesadelo tornado realidade para o grande público quando se deu o tsunami dos subprimes em Julho de 2007? Condenado a 15 penas perpétuas debaixo de aclamações do público, este ex-herói da finança não percebe porque deve ser ele só a pagar por um sistema financeiro baseado numa "pirâmide" à escala mundial.

Não há nada a dizer, em especial, de Bernard Madoff: a especulação, a fraude, as actividades mafiosas são consubstanciais ao capitalismo, aos seus agentes, aos seus Estados. A sua história está cheia disso. Madoff é apenas um entre milhares.

 

3 - As condições materiais estão maduras, desde há muito, para uma mudança radical da sociedade. Mas as classes protagonistas, actrizes da mudança, não se apresentam ao encontro com a História, e o mundo capitalista afunda-se cada vez mais na degenerescência. Partilhas da opinião do economista Samir Amin que enuncia uma outra alternativa: a possibilidade de "o capitalismo ser ultrapassado pela destruição da civilização e talvez da vida no Planeta"?

Existe, de facto, a possibilidade de o capitalismo produzir a destruição da humanidade. O seu nível de barbárie e as suas capacidades de destruição não param de crescer à medida que ele próprio cresce. Mas essa não é a única possibilidade. O Apocalipse é um velho mito que tem, por vezes, a função de mascarar o futuro que os homens podem produzir. Seria totalmente errado não ver e não destacar que o capitalismo teve o mérito de criar as condições que permitem ultrapassá-lo, as condições de uma sociedade de indivíduos livres, sem classes, sem dominação estatal, senhores do seu desenvolvimento.

Não posso desdobrar este ponto no quadro desta breve entrevista como fiz nos meus livros. Notemos apenas que não existe nenhuma razão para se pensar que os proletários do mundo inteiro tenham dito a sua última palavra. Pelo contrário, pode constatarse que as resistências crescem por todo o lado, que a grande burguesia suscita uma hostilidade crescente nas massas. Mesmo nos países mais desenvolvidos, como em França por exemplo, torna-se pouco a pouco mais claro aos olhos das massas que o capital já só pode dar-lhes cada vez menos emprego. Que quanto menos o capital se pode alimentar delas, menos pode alimentá-las com as migalhas que recebiam, até agora, do "crescimento". Enquanto os ricos continuam a encher-se o mais que podem, começando a murmurar: depois de nós, o dilúvio! Sim, é preciso que se saiba: muitos de entre eles têm medo, por saberem que a situação lhes escapa da mão.

Portanto, é certo que haverá destruição. Mas de quê, de quem? A situação actual torna progressivamente mais clara a escolha que se coloca aos proletários: ou serem destruídos pelo capital, ou destruí-lo. Por que motivo se há-de imaginar que eles não sejam suficientemente razoáveis para escolherem a segunda solução?

Na verdade, a fórmula do "encontro com a História" enunciada na pergunta é inadequada. Não existe um dia e uma hora. O que começa é um longo período de perturbações e de revolução social que, com altos e baixos, derrotas e vitórias, se estenderá por vários decénios. O que começa é a necessidade de ultrapassar os primeiros grandes obstáculos à constituição dos proletários como classe independente, tais como: a ideia de que o Estado poderia não ser capitalista com um governo de esquerda, que a organização de um partido revolucionário comunista não é uma necessidade, que a luta de classes não precisa da teoria marxista, etc…

E, como se trata dos primeiros passos do início de um longo período, é portanto muito cedo para admitir a derrota dessa revolução social e a "destruição do Planeta" que poderia seguir-se-lhe.

Source : http://www.jornalmudardevida.net/?p=1742




26/08/2009
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