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adel samaraceux — ceux qui dirigent en cisjordanie, ce sont les capitalistes palestiniens.

"Ceux qui dirigent en Cisjordanie, ce sont les capitalistes palestiniens"

 

Adel Samara est un économiste et écrivain palestinien. Il vit à Ramallah. Il est journaliste au quotidien AlarabOnline et directeur du Centre oriental pour les études culturelles. Il dirige également la revue palestinienne trimestrielle Kana’an. Il a publié de nombreux livres traitant de la question palestinienne, malheureusement pas traduits en Français à ce jour. En novembre 1999, il fut l’un des 20 signataires d’un appel dénonçant la corruption, le manque de démocratie et les trahisons de l’Autorité Palestinienne. Cela lui a valu d’être arrêté par la police palestinienne à l’époque.




Pauline Salingue : Quelle est ton analyse de la prochaine conférence d’Annapolis ?

Adel Samara : Je pense que la prochaine réunion au sommet à Annapolis est davantage une initiative de relation publique qu’une initiative politique pour prendre des décisions ou pour mener des négociations sérieuses entre Israéliens et Palestiniens. En dépit de cela, les Israéliens font tout pour annuler ou pour dépouiller le plus possible les Palestiniens.

Les Palestiniens ne retireront rien de cette rencontre parce qu’ils sont divisés et aux prises avec un affrontement interne.

Le front arabe est en piteux état et la plupart des régimes arabes sont favorables à la normalisation des relations avec le régime sioniste.

Il en est de même au niveau international et il est clair que cette politique sera maintenue.
Maintenant la France s’aligne sur la Grande Bretagne dans le soutien au gouvernement des Etats Unis et même pour la Russie, dont la politique ne semble pas encore clairement fixée, nous ne savons pas ce que sera son attitude.

Je pense qu’Israël retirera quelque chose de cette rencontre, tout au moins un nouveau groupe de régimes arabes normalisera les relations avec Israël et le reconnaîtra.

C’est le dénouement cherché par Israël, étape par étape : développer et renforcer ses relations avec les classes dirigeantes arabes et limiter son obligation de donner quoi que ce soit aux Palestiniens. Israël a toujours rêvé de pouvoir négocier avec les régimes arabes sans rien donner aux Palestiniens.

Comme chacun le sait maintenant, les Américains vont être confrontés à un désastre en Irak. Aussi veulent-ils faire quelque chose pour gagner le soutien d’autres régimes arabes à leur politique en Irak.

Tous les Etats qui participeront à cette conférence vont montrer, ou vont prétendre, que les USA veulent donner quelque chose aux Palestiniens et qu’il faut donc soutenir l’occupation américaine de l’Irak. Peut-être qu’après cela il y aura un début de retrait des Américains d’Irak, remplacés par des troupes arabes ou de pays islamiques pour poursuivre la division et la partition de l’Irak. Je pense vraiment que cette conférence n’apportera que des choses très négatives.

Ce n’est pas parce que l’Autorité palestinienne est faible qu’elle est prête à discuter et à se soumettre. C’est parce que ce groupe de personnes et le gouvernement actuel représentent le plus grand danger pour les Palestiniens depuis Oslo.

Depuis les accords d’Oslo, jusqu’aux deux dernières années, c’est le Fatah qui exerçait le rôle d’Autorité d’autonomie, dans les conditions fixées par Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Aujourd’hui ce n’est pas le Fatah qui dirige en Cisjordanie. Peut-être que c’est le Hamas à Gaza, mais en Cisjordanie ce n’est pas le Fatah.

Ceux qui dirigent en Cisjordanie, ce sont les capitalistes palestiniens. Le gouvernement constitue un courant dans la vie politique palestinienne. Le Premier ministre, Salam Fayyad, est à la fois palestinien et l’homme du FMI. Certains, qui appartenaient à la Gauche, sont devenus tout bonnement des traîtres. D’autres viennent des ONG. Tous ces gens sont les capitalistes réels de Cisjordanie. C’est une nouvelle alliance. Les USA voulaient donner le pouvoir à ces gens depuis Oslo. Mais ce groupe n’a jamais réussi à conquérir une base populaire forte. [1] Ils n’ont pas de parti, ils n’ont jamais participé à la lutte armée, ce sont des politiciens qui n’ont aucun enracinement populaire.

Aujourd’hui ils chevauchent le Fatah car ce parti est actuellement l’instrument qui porte le nouveau régime, le nouveau gouvernement. Un autre aspect du problème est le suivant : qui maîtrise les ressources financières ? Ce régime a la possibilité de dire : regardez, nous avons l’argent, si vous êtes contre nous, il n’y aura pas de salaires ! C’est pour ça que je crois que ce gouvernement est le plus dangereux depuis Oslo, parce qu’il repose sur le secteur privé, les gens du FMI, certaines ONG etc.



Pauline Salingue : Des militants du FPLP m’ont expliqué qu’ils étaient certes contre cette conférence mais qu’en définitive ce n’était pas grave, car ce serait un échec.

Adel Samara : D’abord, quand des gens disent que la conférence ne réussira pas, qu’elle ne sera pas un succès, quel est le sens de cette idée ? C’est ça la vraie question : qu’est-ce qui serait un succès pour les Palestiniens ? Que les Israéliens acceptent le droit au retour des réfugiés ? Qu’ils se retirent de Cisjordanie ?

La chose la plus importante, c’est que la conférence va être une victoire pour les Israéliens et un échec pour les Palestiniens. Quand des gens du FPLP disent "nous sommes contre cette conférence parce qu’elle ne va rien donner" le problème est que, ce faisant, le FPLP soutient Abbas, Fayyad, les capitalistes palestiniens, les partisans de la normalisation des relations avec Israël et du compromis qui se servent du FPLP.

Certains nouveaux jeunes dirigeants sympathiques disent "nous sommes contre !" OK ! Mais ça n’a pas de sens, ça ne vaut rien ! Parce que si vous êtes contre, vous devez exercer une pression sur vos dirigeants pour qu’ils ne se lient pas à ce régime. Mahlouh [2], qui est ici le dirigeant du FPLP, ne laisse pas passer un jour sans écrire quelque chose contre le Hamas, pour appuyer Abbas et pour soutenir les négociations.

Donc, qui est le FPLP ? Ce sont les jeunes cadres qui dans tel ou tel village pleurent ou hurlent ? Ou les dirigeants qui livrent leur organisation à la droite et aux traîtres ? Ils ne sont même plus nationalistes ! C’est pour ça qu’il faut que le FPLP réponde à une question très importante : Qui êtes vous et qui vous représente et énonce votre orientation politique ? Aujourd’hui beaucoup des militants du FPLP de l’extérieur proclament qu’ils sont en faveur d’un seul Etat pour les deux peuples etc. Qui est le FPLP ? Ceux qui ici soutiennent Abbas ou ceux qui déclament à Paris ou à Londres ?



Pauline Salingue : D’autres m’ont dit que le vrai problème aujourd’hui, c’était le Hamas...

Adel Samara : Le vrai problème, c’est que le Hamas s’est retrouvé sous la pression des normalisateurs qui voulaient le chasser du pouvoir. C’est pour ça que le Hamas était sur la défensive et qu’il a agi de la manière qu’on sait, parce que c’était une confrontation armée entre deux partis : le Hamas et le Fatah. Il ne fait pas de doute qu’à terme l’un des deux gagnera, mais l’heure n’est pas encore venue. Mais si le Hamas est "le principal problème", qu’en est-il de l’occupation ? Et que dire de l’Etat d’Israël ? ?



Pauline Salingue : Que penses tu de la répression dont sont victimes les militants du Hamas en Cisjordanie ?

Adel Samara : C’est une répression double. Les deux partis se répriment mutuellement. Ce que le Hamas fait à Gaza est connu du public parce que, que ce soit au niveau local, en Israël, dans les régimes arabes ou au niveau international, les médias soutiennent l’Autorité Palestinienne. Mais la même chose se produit en Cisjordanie.

Au moins 800 militants du Hamas sont emprisonnés et torturés dans les prisons de l’Autorité. D’autres sont hospitalisés et il n’est même pas possible de leur rendre visite. C’est la même chose. Les deux partis ont un comportement fasciste et s’affrontent pour le pouvoir, pour l’argent etc. L’Autorité n’agit pas seulement contre le Hamas. Personne n’a le droit de critiquer l’Autorité, et pas seulement les gens du Hamas.Même les journaux indépendants, ou plutôt les journaux qui appartiennent au secteur privé, attaquent le Hamas, publient des informations fausses, encore plus mensongères que ce qu’on trouve dans les organes de l’Autorité ! Les gens ne se sentent pas autorisés à prendre une position de neutralité. Et la répression contre le Hamas est vraiment sévère.

J’ai un ami avocat. Il m’a parlé de 8 officiers de police de l’Autorité qui se sont enfuis de Gaza après l’effondrement de l’Autorité dirigée par le Fatah. Ce ne sont pas des officiers de rang supérieur et maintenant l’Autorité veut les sanctionner, ils vont passer en procès. L’Autorité veut les condamner parce qu’ils ont failli à leur devoir, parce qu’ils n’ont pas résisté. Lors d’un entretien ils ont dit qu’ils avaient apporté la preuve qu’ils étaient restés jusqu’au dernier moment en tenant leurs positions mais que les responsables politiques et militaires de haut rang s’étaient enfuis deux ou trois jours avant la fin. Et ils demandent pourquoi on ne demande rien à ces gens qui ont fui la bataille !



Pauline Salingue : Des militants du FPLP m’ont parlé d’un projet de fonder un nouveau parti. Quelle est ton opinion ?

Adel Samara : Encore et encore ! Cette histoire a commencé il y a une dizaine d’années. D’un point de vue de gauche, marxiste ou nationaliste ou progressiste...c’est une imposture. Ils soutiennent l’Autorité et l’OLP, ils ne font pas autre chose que ce que fait le Fatah. Ils ne sont rien d’autre qu’une ramification du Fatah, ils émargent directement au budget du Fatah. Ce sont des menteurs. Vraiment je pense que ça suffit ! Ça suffit ! A l’extérieur ils manipulent les gens et leur mentent. Maintenant les choses sont claires. Ceci n’a rien apporté à la lutte, rien. Tous ceux qui se proclament les forces démocratiques, le Front Démocratique, le Front Populaire et d’autres petits groupes ici ou là, travaillent en réalité à protéger le Fatah.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une autre organisation, une nouvelle OLP, pour remplacer maintenant l’OLP.Nous avons besoin d’une nouvelle direction qui déclare la faillite de la direction actuelle de l’OLP et qui affirme la volonté d’être une nouvelle OLP. Tous ceux qui travaillent aujourd’hui dans le giron de l’OLP sont des menteurs.

Il y en a assez ! J’étais invité à aller à la conférence de Damas [3], mais je n’irai pas. Nous avons besoin d’un nouveau régime arabe, prêt à dire son opposition à la reconnaissance d’Israël, opposé à la négociation actuelle, exigeant que le premier point de toute négociation soit le droit au retour des réfugiés. Et nous avons aussi besoin d’une organisation palestinienne prête à dire « nous sommes la nouvelle OLP et les Abbas, Abed Rabbo et tous les autres sont des traîtres ». Mais ceux qui préparent la rencontre de Damas veulent avant tout "démocratiser" l’OLP. Je n’y crois pas du tout, c’est tout simplement impossible !



Pauline Salingue : Il semble que le Jihad islamique soit désormais une des seules organisations qui continue à résister. Que peut on attendre et espérer d’eux ?

Adel Samara : Ils sont réellement différents du Hamas sur beaucoup d’aspects. L’un d’entre eux est qu’ils ne cherchent pas une place au pouvoir ou dans l’Autorité Palestinienne, contrairement au Hamas. Ils croient réellement que leur rôle est de libérer la Palestine et pas d’en contrôler un canton. C’est pour cette raison qu’ils n’ont pas participé aux élections. On peut ajouter qu’ils ne sont pas intéressés à intervenir dans la vie quotidienne des Palestiniens car ils pensent que, tant que la Palestine sera sous occupation coloniale, leur rôle est de lutter contre cette occupation et pas pour le pouvoir, pas pour essayer de contrôler le régime d’autorité.

Ils sont également moins fondamentalistes que le Hamas au niveau social. C est pourquoi ils sont plus modérés sur les relations au sein de la société, la question des genres, etc. Mais ils restent religieux, c’est pourquoi je ne peux pas dire qu ils défendent l’égalité entre hommes et femmes par exemple, c’est trop tôt pour ça. C’est là la principale différence au niveau politique et social et je pense qu’à cause de ça ils sont une minorité, un petit groupe, mais bien organisé, bien implanté et qui reste fidèle à son but. Mais ils n’écrivent pas beaucoup. Je ne sais pas si on peut espérer quelque chose d’eux, je ne pense pas qu’ils soient l’avenir de la Palestine... Mais, s’il y avait un mouvement socialiste authentique, ils seraient moins en contradiction avec lui que le Hamas et le Fatah. Comment vont ils évoluer ? Comment vont ils se développer ? Cela dépend de l’évolution de la situation sociale, de la situation locale. Mais de là à dire qu ils sont l’espoir, je ne le pense pas !



Pauline Salingue : Beaucoup de gens du peuple semblent démoralisés. Ils ne croient pas à la conférence, mais on perçoit parfois un peu d’espoir quand même...

Adel Samara : Le problème c’est qu’il y a une politique de démoralisation du peuple. Cette politique donne vraiment la chair de poule. Comme les dirigeants font de plus en plus de compromis, ils accentuent la pression et répriment. Mais je pense que la principale raison de la démoralisation, c’est l’absence d’une vraie direction politique. Avec une telle direction, les gens changeraient.

Mais si le peuple constate que la direction fait de plus en plus de compromis et est de plus en plus corrompue, alors même les militants vont privilégier la dimension de leur vie quotidienne et notamment la situation de leur famille. Ici comme dans n’importe quelle autre société, si vous avez une vraie direction, un parti capable de sentir les évolutions de la situation et les attentes de la population et qui essaye de faire quelque chose, il est certain que les gens vont changer d’attitude.

Il n’existe pas de société dans le monde où le peuple soit capable de lutter sans interruption. Donc, tout dépend de la situation. Maintenant, comme la direction trahit, les gens pensent : qu’est-ce que je peux faire ? C’est ça le problème essentiel. Tout le monde n’en est pas rendu là, évidemment. Mon analyse de l’évolution de la société palestinienne m’amène à dire qu’il y a une possibilité de fonder un courant politique avec des militants valables ...Mais cela prendra du temps.

Il y a un vrai problème, c’est qu’à l’époque où tout devient marchandise dans le monde, même pour construire un parti politique il faut de l’argent. C’est ça la globalisation capitaliste, vous pouvez me croire ! Même les partis politiques sont soumis à cette globalisation. Pour trouver sa place, pour avoir un journal d’informations, pour trouver une radio...il faut de l’argent. Et les gens honnêtes n’ont pas de relations avec les sources de financement !

Souvent, quand on se rencontre entre militants qui essayent de faire quelque chose, à la fin, nous constatons que si l’un de nous devait être arrêté, nous n’aurions même pas de quoi soutenir sa famille ! C’est ça le problème principal. Je pense que c’est pour ça que des gens comme Abbas, comme le FPLP et comme tous ceux qui veulent le compromis ne s’inquiètent pas, parce qu’ils savent que la situation n’est pas en faveur de ceux qui critiquent.



Pauline Salingue : Penses tu que le mouvement international de solidarité porte des responsabilités dans le désastre actuel ?

Adel Samara : Je suis désolé de le dire comme ça, mais je pense que le principal problème des campagnes de soutien à la cause palestinienne, c’est que les gens qui menaient ces actions ne connaissaient qu’un aspect des choses : celui des corrompus et des normalisateurs avec Israël. Dès lors, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le soutien aux Palestiniens est en baisse.

Au fond, de quelle solidarité avons-nous besoin ? Je pense que tous ceux, tous les groupes qui veulent affirmer leur solidarité avec les Palestiniens, mais qui préconisent la solution des deux Etats, acceptent la politique israélienne et font une sorte de charité, ce n’est pas de la solidarité. La solidarité doit considérer qu’Israël occupe toute la Palestine et que le Peuple palestinien a le droit au retour.

Si on veut être politiquement solidaire et aider le Peuple palestinien, c’est la seule approche possible. Toute autre approche est inutile et, en définitive, n’est qu’un soutien masqué à Israël ou un soutien à l’Autorité palestinienne, les deux étant contre les intérêts du Peuple palestinien.



Les Palestiniens radicaux doivent dire aux militants de la solidarité : écoutez, le conflit ne sera jamais résolu tant qu’il n’y aura pas un Etat pour les deux peuples et Israël devra s’y résoudre.

Peut-être que ça prendra 10 ans, 12 ans, 20 ans ou 50 ans...De toute manière, Israël ne nous donnera rien, même si nous patientons encore 100 ans ! Alors on peut attendre. Pour construire des solutions historiques durables, il faut du temps.

Je veux aussi évoquer ceux qui parlent aujourd’hui d’un "état laïque et démocratique". C’est quoi, la démocratie ? Peut-être bien que c’est une ânerie ? Si cet Etat n’est pas un Etat socialiste, ça ne tiendra pas, parce que l’égalité sous un régime capitaliste, un régime capitaliste israélien et palestinien, ce sera l’égalité dans une prison, l’égalité sous la répression.

Ce ne sera pas l’égalité dans la vie réelle, parce que dans un "Etat démocratique", qui possèdera la terre ? Les Israéliens. Qui dirigera l’armée ? Les Israéliens. Qui maîtrisera les bases économiques du développement ? Les Israéliens. A quoi les Palestiniens pourront-ils prétendre ?

C’est pour ça que je pense que beaucoup de militants israéliens de gauche, ou de la 4ème internationale ou du courant communiste soviétique traditionnel etc. quand ils parlent d’un Etat démocratique, ils perpétuent, directement ou indirectement, l’idée de négociations et de relations avec l’Etat d’Israël.

Nous devons ouvrir grands les yeux. Ce qu’il faut, c’est nationaliser l’ensemble des choses. La terre qui appartenait avant aux Palestiniens est désormais propriété des Israéliens. Et bien, mettons la à disposition de tous en la nationalisant. Ce sera un compromis de la part des Palestiniens !

C’est ainsi que nous devons présenter la solution socialiste. Ces dernières semaines j’étais en discussion avec des Palestiniens, ici et en Syrie. J’ai entendu dire que le socialisme n’était pas accepté dans la région, que c’était prématuré. Pourquoi c’est envisageable en Amérique latine et pas ici ? Sommes-nous des ânes ? De toute manière ce n’est pas satisfaisant pour ceux qui agissent en solidarité et qui mettent leur énergie et parfois leur argent entre les mains de gens qui ne font rien ici ou qui soutiennent la normalisation avec Israël. Il faut y mettre un terme !



Pauline Salingue : Que penses-tu de la situation en Egypte ?

Adel Samara : Le rôle de l’Egypte sera décisif pour tout changement de la situation dans la région. Ce n’est pas d’ici que ça partira principalement, mais d’Egypte. Ce qui se passe aujourd’hui en Egypte, même si ça semble avancer lentement, est très important.

Pour la défense de ses droits, la classe ouvrière égyptienne a engagé maintenant une lutte contre le régime de Moubarak. Toute ma vie j’ai pensé que les avancées positives nécessitaient du temps, mais là c’est vraiment un bon début ! On ne doit pas croire pour autant que le régime est fini et qu’il va s’effondrer rapidement.

Pour les Etats Unis, l’Egypte est un maillon décisif, plus important qu’Israël peut-être. Parce que si l’Egypte bascule, c’est tout l’équilibre entre Israël et les Etats arabes qui change. Les critiques américaines du manque de démocratie de Moubarak sont une plaisanterie, l’Egypte est en réalité une pièce maîtresse pour les USA.


- Ramallah, 10 novembre 2007.

Pauline Salingue est militante politique, co-réalisatrice du film « SAMIDOUN, nos racines sont toujours vivantes » (samidoun194@yahoo.fr...), actuellement présente en Palestine depuis 6 semaines.



21/11/2007
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