brás da costa — fenêtres
Fenêtres
J’avais vingt ans et je passais une bonne partie de mon temps à épier des fenêtres.
Des fenêtres avec des rideaux blancs et des épais doubles-rideaux ocres qui contrastaient avec les amples fenêtres dénudées des Pays-Bas, où j’ai toujours passé en coup de vent.
Mes fenêtres cachaient des murmures fluviaux, des musiques lancinantes, des regards mourants, des voix étouffées, des silences réprobateurs, des corps d’esclaves, des indécences romantiques.
Il y avait la fenêtre hostile, haut-perchée, éternellement close de Fernanda. Je me tordais le cou devant tant d’indifférence catholique apostolique romaine.
Sous la fenêtre de Vanda j’ai dû passer et repasser plus de mille et une fois, sans en vivre une seule nuit.
Une fois le jour tombé, tambouriner à la fenêtre du rez-de-chaussée où créchait humblement Phryné, était un facile jeu d’argent.
Dans un virage, à l’angle de cette rue mouvementée, j’allais et venais lançant des regards furtifs sur la fente éclairée de la chambre de Madalena, comme si je reluquais sa cicatrice éternelle.
Combien de fois j’ai aperçu mon visage effrayé, réfléchi dans les fenêtres brumeuses de tes yeux, Rosalia ?
On dit — on nous fait dire — que cette fenêtre où je regarde aujoud’hui le médiocre Lituanie-France [«il faut faire quelque chose»/«il faut marquer»/«il faut passer par là», opina le docte et triste Raymond] serait une incommensurable fenêtre ouverte sur le monde... Pour sûr, une fenêtre ouverte sur le monde selon Bush et ses compères, les 40 larrons de Bagdad-la-saccagée, Bagdad-l’ensanglantée... Bagdad-mon-espoir...
Du haut, de tout en haut de la fenêtre, nous regardons de plus en plus souvent la fin du film sur le bitume du trottoir.
Brás da Costa
2007
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