bruno toméra — la rhapsodie des cafards
La rhapsodie des cafards
Le drap noir pétale froid et chiffonné
recouvre mes nuits blanches
la lueur moite de l'ampoule
s'enroule sur le verre sans fond de la bouteille
et mes vieilles chairs de poule
pèlent et s'entassent sur les débris de la corbeille
j'ai courtisé tant de " Peut-être... "
j'me suis perdu dans le foutoir des sentiments
à gerber sous des fenêtres
sur ce foutu trottoir
je ne sais plus ou ni comment
ça gueule dans le mouroir
la rhapsodie des cafards
Martine arrache un à un ses cheveux blancs
elle abandonne bien des choses
après des chichis et quelques poses
elle se raconte clôture de compte
que c'est la vie qui n'a pas su
lui apprendre à s'éterniser
dans le verbe aimer
son coeur démaquillé ne s'habille plus
que de l'ombre de l'ombre
et aux rythmes fatigués de ses pas
ce soir
c'est l'trottoir qui s'éloigne du haut de ses bas
ça gueule dans le mouroir
la rhapsodie des cafards
Jeannot deux ans après sa lettre de licenciement
vient de recevoir un avis de l'huissier
qui charmant l'invite à dégager de son logement
il n'a jamais eu autant de courrier
ça ne le rend pas plus content
jugement de divorce sa femme a mis les bouts
pour un précaire de chez " Bouche- trou "
Jeannot a beau se dire qu'aucune Belle
ne vaut un trou dans la cervelle
mais même entre deux vins
il ne croit plus en rien
il pense révolution et range ses tiroirs
qui seront de toute façon piqués demain
sur le trottoir
ça gueule dans le mouroir
la rhapsodie des cafards
Quand le ciel se colore en gris poubelle
le monde entier accuse la météo
moi je sais que c'est le soleil
écoeuré qui se saoule dans un bistrot
tellement il en a marre de nous voir, de nous voir
valser dans la rhapsodie des cafards... des cafards.. des cafards...
Bruno Toméra
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