albatroz - images, songes & poésies

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jean-daniel fabre, cantate à staline (II)

Cantate à Staline (II)

 

En ce temps-là j'aurais voulu renverser toutes les statues que le monde entier érige aux bienfaiteurs des aliénés et trucider l'ignoble docteur Rearo Cambier qui officie dans l'arrière-salle de la Salle Pépée en vendant des révélations de Staline et de Rimbaud et tout ce qui ne se dit pas sur Fabre.

 

Où allons-nous ? demandait le Pape à Dieu quand le désir ouvre tout à tout vent la Théologie allemande fout le camp et les jésuites cessent de m'obéir

Ils vont souffrir

Ils auront le sort des juifs des nègres et des fous.

 

Dieu me dit encore : « Fabre comme dans Job, il y a quelque chose en toi qui me déplaît »

Sa parole m'inspira l'exécution de Pierre Laval

 

Le nègre de Newark était revenu

Il m'avait demandé de faire le P dans cette situation de surprise craignant que sa femme blanche et sa maîtresse noire ne se rencontrent

Pourtant c'était une situation exemplaire

La preuve en était que des groupes armés et disposant de sommes considérables rôdaient autour de nous.

Jusqu'aux envoyés du Père céleste qui voulaient me faire chanter sous prétexte que mon père allait mordre les gens à la sortie de l'Ambassade de Hollande

 

De plus j'avais avec le docteur Lecalacan une histoire de symbole et de fric une merveilleuse histoire de notre temps

Je lui payai un valet chinois qui l'accompagnait aux toilettes et qui lui tirait la tirette

 

Tout seul ça lui foutait des angoisses.

 

Les envoyés du Père Céleste me proposèrent de devenir l'interprète en Ouzbek de Staline pour traduire ses conversations secrètes avec les chefs de l'Ouzbékistan

Mais Staline avait bourré de flics toutes les salles de traduction et faisait fusiller pour la moindre faute de vocabulaire.

 

Staline et Hitler ne poursuivaient pas les mêmes buts

Il y avait entre eux les contradictions de classe

Mais entre Staline et moi il n'y en a pas la moindre nous savons tous les deux rattraper la difficulté entre Dieu et les hommes tandis que les autres nagent dans une certaine confusion.

C'est pourquoi lui et moi sommes d'une essence supérieure

La force et l'avantage que j'ai sur lui

Je connais ce qui me rend malade

Tout ce qui m’entoure

À la fin de sa vie, il refusa de le savoir et ce fut sa perte.

 

La nuit où le camarade Staline fut livré à la mort

Je fis venir un convoi de 50 000 protestants de Hongrie

Je fis pivoter les tourelles des chars de manière significative

Tous les blancs furent abattus ainsi que toutes les institutrices qui me firent souffrir

Ceux des autres races firent ce qu’ils voulurent à condition qu’ils se convertissent

Tous le firent, mais je garde pour moi le récit.

 

Et je rends grâce à Dieu

Comme le Président Gottwald au Président Benesch

de ce qu’il m’a permis de faire

Aujourd’hui, j’ai une belle âme, une belle main et une belle conscience.

Subitement Kanonenkönig

le seul soldat de Jésus que j’ai jamais redouté (Était-ce un fumiste ou un illuminé ?) passant par Genève me fit plaquer contre le mur des Réformateurs et dit : « Fusillez-les tous ce sont des imposteurs. »

Staline intervint

« Aucun d’entre eux ne figure sur mes listes d’abjuration

Et foutez-nous la paix avec Jésus-Christ ce discoureur qui a dit de bonnes choses » et se retournant vers moi, il me dit :

« Vous tenez trop compte de la parole de Dieu traitez-la comme je traite celle de mes médecins ».

 

Ébranlé, je m’en fus me reposer aux noces du Kronprinz

J’y rencontrai le Général Gamelin

Curieux de toutes choses il me demanda si les femmes étaient raisonnables

Je lui répondis qu’elles étaient promptes à trahir

Il me demanda si dans les circonstances présentes elle ne présentaient pas un danger

Je lui répondis que je m’en foutais

Tout ce qui m’intéresse c’est Staline et mes droits d’auteur.

 

Mais pour moi le nègre de Newark me fit ouvrir tous les charniers découverts à la Libération

Hommes blancs

Les femmes ont dit c’est ça le crime depuis ce jour-là elles vous méprisent

Je compris combien Staline avait raison

Les femmes et le Parti sont de redoutables instruments de vengeance.

 

Lassé de toutes ces frivolités

Je dis au nègre de Newark de me conduire à la conférence internationale du crime

Nous prîmes pour guide un ancien élève renvoyé de l’École Alsacienne

Nous nous trouvâmes dans un festin de contrebande de chasseurs

C’était dans des espaces verts là où règnent de vrais bandits avec des noms comme Frédégonde qui retentiront à travers les siècles comme le symbole de la rouerie diabolique et des crimes monstrueux au service d’une ambition effrénée.

 

Le pape y avait envoyé comme observateur un chartreux de 96 ans

Il vit toujours, le bougre

« Vos coups de téléphone à Staline sont ambigus » me dit-il

À la première question que lui posa le Pape, il répondit avec une moue de dédain : « L’homme n’est ni bon ni mauvais »

Quant à moi, j’ai retenu les secrets des gisements des mines de cuivre, de diamant et d’uranium en Afrique.

Ni estoupo pres da fue ni frepo pres de l’ome conclut le nègre de Newark

J’ai pris peur

C’était un homme de calme et de sang froid

Était-ce un haschichin ?

Je demandais à Staline ce qu’il fallait en penser

« J’ai toujours apprécié vos qualités d’écriture »

 

Alors j’ai renoncé au nègre de Newark

et j’ai versé dans un monde sans poésie

Hommes et femmes se cherchaient en vain

Pire que tout l’été 40

Je me suis trouvé sous l’âpre soleil de Crète

Et comme Eavans je n’ai trouvé qu’un tas de cailloux et un labyrinthe brûlé.

 

Jean-Daniel Fabre

in Ne touchez pas à Fabre



15/12/2006
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