jean-daniel fabre — ne touchez pas à Fabre (III)
Ne touchez pas à Fabre (III)
Surtout ne touchez pas à Fabre
Staline le répétait sans cesse
Car derrière Fabre, la Provokationpolizei
et la police montée même avec ses chiens de fusils et ses chiens de bouchers
ne pourra jamais rien contre lui.
la vie fabuleuse
de frantz degunius
À la fin Frantz-Julius était las d'écrire dans les feuilles hostiles à la classe ouvrière
Il ne s'y reconnaissait plus
Que fallait-il à difficile un L ou deux L
deux ou trois M à nommément ?
Il feuilletait avec félicité un dictionnaire
Bientôt il aurait cent mille yeux pour voir
Comment cela lui était-il venu ?
d'abord il fixait des mots, créait des phrases
Prenait des attitudes à la manière dont son père autrefois s'apprêtait
à suivre les ruelles secrètes et feutrées
Muni du doux langage il cingla vers les îles fortunées
où l'on se souvenait encore de l'esclavage
Chez lui le vice lui procurait l'oisiveté
On le disait Juif mais il était gitan
Il était de fait sans patrie, donc sans tradition, donc sans morale, donc sans principe, donc sans scrupule
Il vivait dans une ataraxie complexe
Il passait souvent voir les médecins
Quand vous vous branlez Docteur, demandait-il
vous vous branlez doucement ou rapidement ?
Ô très rapidement, répondaient invariablement les docteurs.
À ma quatorzième syphilis je me répandis dans le monde.
l'assassinat de monsieur
valery giscard d'estaing
dans les chiottes de sciences-po
Les flics m'ont arrêté
Ils m'ont foutu à poil
Ils ont vu que j'étais français
Ils me laissèrent descendre les Champs-Élysées comme je voulais
Ils me confièrent par la suite le soin d'assassiner Monsieur Valery Giscard
d'Estaing dans les chiottes de Sciences-Po.
Paris en était devenu d'une telle puanteur
Que les Ouolofs, attirés par les odeurs,
Venaient par rames entières se masturber dans le métro
À la grande fureur des curés et des belles-mères
Qui vociféraient dans les couloirs du métropolitain.
notre retour en europe
Revenus en Europe
fuyant l'Amérique et ses négro-analystes
nous formions un couple étrange
fuyant les blancs et la face noire des choses
nous pensions trop de la liberté
Par l'Europe en flammes, nous pensions atteindre le désordre et le génie
des grandes cliniques suisses
Mais nous fûmes retardés par dix mille tankistes soviétiques
se profilant partout comme des ombres
à la fin nous fûmes cernés dans le saillant de Koursk
Alors la magicienne aux cheveux de lin
qui défait la colère des panthères noires différente
à cent mètres de cette foule dure et hostile me dit
« Laisse Morde, laisse, je ne t'aurais fait que du mal ».
segretissimo
Sentez-vous menacé de mort
Si vous voulez comprendre ce récit
Par un stratagème des occidentaux je fus arraché des monts de la Margeride
et transféré de la zone 5 en zone 6
Mais parce que je suis borgne, ils m'ont traité comme un salaud
Moi le dernier chercheur et le dernier agent secret
Et les plus féroces d'entre tous furent les Français
Furieux et jaloux d'une logique qui leur a échappé.
Et pourtant en moi tout le pays avait confiance
Dames, Évêques, Préfet, Général, tout le monde me traitait sur le pied de la plus complète égalité
Avec moi, on déposait tout souci, malgré les ravins et les éboulis que produit le moindre orage
tant je connaissais ce pays où je m'étais attardé.
À Budapest dans la nuit de la première guerre mondiale
(Monsieur Kalle de Bieberich me l'avait depuis longtemps déclarée imminente)
Nous n'étions pas loin de l'hôtel Ungaria
toutes les frontières étaient bloquées
Une jeune femme
Envoyée par la famille royale de Madagascar
me dit « Morde revêtez le manteau de zibeline
vous avez une âme à sauver »
et puis elle disparut
plus tard, je devais retrouver sa trace grâce à un porte-feuille
volé à la libération que j'ai toujours gardé par devers moi
*
* *
C'est un soir que Dzorg est venu
Il me pria de le conduire :
— « Je suis le fils d'un président de la République assassiné
la réalité est un devoir d'État » —
S'ils me poursuivent, c'est parce que je connais pardessus tout les graves menaces qui pèsent sur le monde
Sous le poids de l'Humanité la croûte terrestre va s'effondrer
L'Assistance Sociale, la lutte contre la délinquance, l'Hygiène, le modernisme et le dynamisme général
Font encourir un sérieux danger aux activités traditionnelles qui s'occupent de ce qui ne va pas.
Police, maintien de l'ordre, Justice, avocats, avec leurs journaux tout préoccupés de scandales et de faits divers
Et le clergé qui avec ses liqueurs empoisonne le monde
Informés de mon projet les Américains et les Russes
M'ont offert un pont d'or
Le Vatican était dans une détresse profonde
Le Pape était au bord du suicide
L'ambassadeur de Pologne me fit mander dans son ambassade
Je le vis allongé sur son bureau un cigare à la main
et de l'autre dans le vide un verre de cognac
vous êtes fou si l'Europe songe au bonheur absolu
Elle se mettra à dos les flics, les médecins et le clergé
Ce sera une faillite sociale retentissante si le bien absolu triomphe
Prenez garde ! les seigneurs de la religion engagée, de la religion enragée et de la prétendue réformée ont contre vous
Le Dieu des armées va écraser vos barricades
Et songez donc qu'il faudra procéder au reclassement des parlementaires blackboulés par le suffrage universel
Puis se dressant sur son Séant, il me dit
« Jeune homme mieux vaut la fornication que la procréation
Trop de Chinois, Hindous, d'Américains vont faire craquer le monde »
Je lui dis que sur ce point j'étais d'accord et que j'étais sur le point de trouver un sérum d'immortalité que je tenais à la disposition de ceux auprès de qui il fait bon vivre
Je commis l'erreur d'en parler au docteur Lecalacan
Tout préoccupé du principe de plaisir qui me dénonça
Et dans la nuit du 19 au 20 octobre 1939 où l'on fusilla
Trente mille intellectuels
Parce qu'ils refusaient obstinément de travailler
Je me suis enfui de Paris
*
* *
Morde conduisez-moi en Afrique
Je ne puis rester ici
Tous les maires de France et de l'Almandois m'ont poursuivi
Une étrangère est votre ennemie
M'ont-ils dit les salauds et les calomniateurs
Et ils m'ont prié de déguerpir
Il ne me reste plus qu'une chance
Kyria est en Afrique
C'est elle qui du haut de l'escalier métallique de la faculté de pathologie
En se détachant d'un groupe d'amis me dit
Dzorg c'est vous qui avez raison
*
* *
Or moi Morde
Je connais l'Afrique
Tout part au galop
Les mœurs y deviennent si libres
que j'ai même vu un colonel
pourtant le père du régiment
se branler devant ses tirailleurs sénégalais
Il faut surveiller sa femme
tout comme sur un bateau
J'ai connu la maîtresse belge du dernier gouverneur du Congo
Gabrielle Matata
qui disait à son amant (un bâtard de Kropotkine)
« Sois un peu plus Romanov »
Messante Gabrielle, disaient d'elle les noirs
Depuis ils sont devenus un peuple-mélangé de
brutes et de neurasthéniques
*
* *
.../...
A découvrir aussi
- jean-daniel fabre, dove vanno aperderesi?
- jean-daniel fabre — ne touchez pas à Fabre (I)
- jean-daniel fabre — ne touchez pas à Fabre (IV)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 839 autres membres