karl marx — hegel. épigramme
HEGEL. ÉPIGRAMME
(1837)
I
Weil ich das Höchste entdeckt und die Tiefe sinnend gefunden,
Bin ich grob, wie ein Gott, hüll' mich in Dunkel, wie er.
Lange forscht' ich und trieb auf dem wogenden Meer der Gedanken,
Und da fand ich das Wort, halt' ich am Gefundenen fest.
II
Worte lehr' ich,gemischt in dämonisch verwirrtem Getriebe,
Jeder denke sich dann, was ihm zu denken beliebt.
Wenigstens ist er nimmer geengt durch fesselnde Schranken,
Denn wie aux brausender Flut, stürzend vom ragenden Fels,
Sich der Dichter ersinnt der Geliebten Wort und Gedanken,
Und was er sinnet, erkennt, und was er fühlet, ersinnt,
Kann ein jeder sich saugen der Weisheit labenden Nektar,
Alles sag' ich euch ja, weil ich ein Nichts euch gesagt !
III
Kant und Fichte gern zum Aether schweifen,
Suchten dort ein fernes Land,
Doch ich such' nur tüchtig zu begreifen,
Was ich — auf der Strasse fand !
IV
Verzeiht uns Epigrammendingen,
Wenn wir fatale Weisen singen,
Wir haben uns nach Hegel einstudiert,
Auf sein' Aesthetik noch nicht —
abgeführt.
Karl Marx
HEGEL. ÉPIGRAMME
(Traduction)
I
Puisque j'ai découvert le sublime et trouvé, en méditant, la profondeur,
Je suis grossier, tel un Dieu et, comme lui, je m'enveloppe de mystère.
Longtemps j'ai cherché et erré sur la mer démontée des pensées,
Lors j'ai trouvé le Verbe, et me tiens ferme à ma trouvaille.
II
J'enseigne des mots, pris dans une agitation, dans un pêle-mêle démoniaque ;
Que chacun pense alors ce qu'il lui plaît de penser.
Jamais, du moins, il n'est gêné par des limites, par des chaînes,
Car, tel le poète devant le torrent mugissant qui se précipite du rocher escarpé,
S'imagine la parole et la pensée de sa bien-aimée,
Et reconnaît ce qu'il imagine, et invente ce qu'il ressent,
Chacun peut à son gré sucer le nectar bienfaisant de la sagesse :
Sachez que je vous dis Tout, puisque je vous ai dit un Rien !
III
Kant et Fichte voguent volontiers vers l'éther,
Ils y ont cherché une Terre lointaine,
Mais moi, je cherche seulement à comprendre
Ce que j'ai trouvé... dans la rue !
IV
Pardonnez-nous ces méchantes épigrammes,
Et de chanter des airs funestes ;
Nous nous sommes instruits selon Hegel,
Et grâce à son Esthétique nous voulons encore nous —
purger.
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